- T'as eu ce que tu voulais ? T'es content ? Hajime est mort. Bokuto a bien failli y passer. Étendre ton empire sur cette foutue ville est-il si important que tu te moques de la vie de nos gars ?
- Vos gars ?
- Absolument, nos gars, répéta Yukie debout à côté de Wakatoshi, sur le balcon de la cour d'honneur.
La lune brillait de tous ses feux à travers une trouée dans les nuages. Rues, toits et frondaisons encore humides des pluies de la journée se teintaient d'éclats argentés.
- Dorénavant, on est tous dans le même bateau, répondit placidement Ushijima avec l'exaspérante condescendance dont il était coutumier. Il faut arrêter de penser en termes de « eux » et « nous ». On joue tous dans la même équipe.
- Désolé, Wakatoshi, mais je ne suis pas sûre de vouloir faire partie de cette équipe-là.
- Dans ce cas, que fais-tu encore ici ? À vivre sous notre toit ? À manger à notre table ?
- Pardon ? J'ai bien entendu ? Votre toit ? Votre table ? J'croyais qu'on était tous dans la même équipe.
- Oui. Mais si tu préfères ne pas en être, pourquoi ne pas partir, tout simplement ?
Le regard de Yukie se perdit sur les contours de la ville, au loin. D'ici on avait une vue dégagée sur le parc, l'arche de l'Amirauté et même, tout au fond, sur le square. Tout un monde qui lui tendait les bras.
Elle se demanda où pouvaient bien se trouver Kita et ses archers à l'heure qu'il était. Il en fallait, du cran, pour quitter la sécurité d'un endroit tel que celui-ci et retourner à la rue.
Yukie en serait-elle capable ?- Que crois-tu que tu trouverais, là, dehors ? demanda Ushijima. D'autres bandes de gamins errants, vivant comme des sauvages, maraudant pour assurer leur maigre pitance. C'est ça que tu veux ? Parce que, ne va pas te faire d'illusions, là réalité, c'est ça.
- Merci, je sais, j'suis pas débile. D'ailleurs, je connais la réalité beaucoup mieux que toi.
- J'en doute, répondit Ushijima avec une certaine dureté dans la voix. Tu n'as pas vécu la moitié de ce que j'ai enduré en venant ici. J'ai été témoin de choses que tu n'imaginerais pas dans tes pires cauchemars. Et pour ce qui est d'avoir du sang sur les mains, j'ai eu mon compte, crois-moi. Ici, au centre, c'est différent. Mais j'ai dû batailler ferme pour en arriver là où je suis aujourd'hui. Et, ce qui est sûr, c'est que je n'ai aucune envie de revenir en arrière. Au contraire, je veux bâtir sur les bases de ce que l'on a déjà accompli.
- Tuer des adultes est une chose, répondit Yukie. Ils sont vérolés, déséquilibrés, malades. Ils n'ont plus rien d'humain. Contre eux, on n'a d'autre choix que de se défendre. Mais tuer d'autres gamins, c'est mal.
- Tout a fait d'accord avec toi. Hélas, c'est le seul langage que certains comprennent.
- Je commence à me demander si tu n'es pas comme ça toi aussi, Ushijima.
- Encore une fois, si tu ne te plais pas ici, pourquoi rester ? Il serait peut-être préférable que tu partes, suggéra-t-il d'une voix qui avait retrouvé son petit accent suffisant et supérieur.
- Tu ne crois pas si bien dire, répondit doucement Yukie. Et il se peut même que je prenne mon clan avec moi.
- Si tant est qu'ils veuillent te suivre, rétorqua Wakatoshi d'un ton crispant au plus haut point. Je ne sais pas si tu as remarqué, Yukie, mais tes gars se sentent bien ici.
- Si je leur dis qu'on s'en va, ils m'écouteront.
- Sûre ?
- Arrête d'essayer de me rabaisser, coupa sèchement Yukie. Je connais mes gars.
- Et ceux de Kuroo ? Les Morrisons ?
- Eh ben ?
- Tu parles en leur nom à eux aussi, tu crois ? À ta place, j'irais d'abord trouver Kuroo pour voir ce qu'il en pense.
- Il est blessé. Ton infirmier, Azumane, ne laisse approcher personne.
- Fadaises. Tu peux y aller quand tu veux. D'ailleurs, il va beaucoup mieux. Il faut arrêter de voir des complots partout, Yukie. Je ne suis pas le mal incarné.
Yukie secoua la tête. Toute la tension accumulée durant la journée sembla refaire brutalement surface. Elle se sentait éreintée.
- Je sais bien que tu n'es pas le mal incarné, Ushijima. Mais on est tous si jeunes. On ne peut pas toujours savoir ce qu'il faut faire, c'est normal.
D'un geste trop retenu pour être sincère, il posa une main sur son épaule et la serra légèrement.
- Écoute, Yukie, fais ce qui te paraît bien, dit-il d'un ton aussi calculé que le reste. Je respecterai ta décision, quelle qu'elle soit. Maintenant, si on rentrait ? J'ai l'impression qu'il va se remettre à pleuvoir.

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ENEMY
FanficL'épidémie a frappé tous ceux qui avaient vingt-deux ans passés. D'abord elle les a rendus fous. Ensuite elle a ravagé leurs corps. Et les a transformés en zombis terrifiants. Attention, certaines scènes peuvent choquer. UA Haikyuu Histoire lon...