Chapitre 19.

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  Enfin, l'ordre tomba de la bouche de Daichi :

- Feu !

  Une pluie de billes de plomb, de cailloux et de javelots s'abattit sur les adultes. Tandis qu'ils mordaient la poussière, Daichi avançait avec les troupes de choc. La première vague d'assaut fut presque aussitôt anéanti, ce qui incita les autres à rester prudemment à distance.
  Daichi vit le chef qui rampait par-dessus un corps. Il lui décocha un coup de manche de pioche, que le gros père esquiva juste à temps.

- Yukie ! On a besoin de renforts !

  Ce disant, il pivota et vit arriver Yukie et sa section. Leurs regards se croisèrent. C'était comme s'ils avaient simultanément pensé la même chose.
  Il se retourna et explosa le crâne d'un daron qui avait réussi à se frayer un chemin par-dessus les corps qui jonchaient le sol.

  Épaulée par Kenma et Kiyoko, l'équipe de Lev avait finalement repris en main la colonie des petits, les parquant à l'écart, dans une voie pavée qui courait en surplomb de Regent's Canal. La position semblait facile à tenir, bordée qu'elle était par de hautes façades d'une part et, d'autre part, par une rambarde au-delà de laquelle s'ouvrait un vide de quatre mètres au-dessus du chemin de halage. Les plus grands secouèrent les petits pour les ramener à la raison et les empêcher de fuir à nouveau. Au centre, les dominant de trente bon centimètres, Kenma ne savait plus où donner de la tête pour calmer tout son monde.

  Tandis que l'essentiel des adultes attendait, regroupés au milieu de la chaussée, une fraction dissidente avait entamé une approche de revers, visant principalement les petits. Ainsi une phalange traversa-t-elle la rue en direction de la voie pavée. Un père chargea. Réussissant à passer le barrage des grands, il s'empara d'une petite fille qui hurla à tue-tête. Il faut dire que son agresseur avait de quoi faire peur. Un visage très enflé, couvert de furoncle, le faisait ressembler à une improbable version de tétrodon, ce poisson qui se gonfle en cas de danger.

- Tu te crois où ? beugla Kenma en lui assénant un puissant direct.

  Les bubons explosèrent. La moitié du visage se désagrégea sous l'impact. Shimizu et Kozume en profitèrent pour le pousser par-dessus la rambarde. Il s'écrasa avec un bruit sourd sur le sol de l'allée en contre-bas. Pendant ce temps, Lev fendit la foule des petits et s'avança dans la rue.

- Restez en arrière ! ordonna-t-il aux autres adultes du groupe.

  Voyant le sort réservé à leur congénère, ceux-ci s'immobilisèrent.
  Lev allait les retenir aussi longtemps qu'il le pourrait - en priant pour que le gros des troupes tienne bon, sans quoi leurs chances d'arriver entiers au palais seraient plus que mince.
  Yukie était au côté de Daichi maintenant. Ils combattaient presque dos à dos. Les commandos s'étaient regroupés en cercle serré, rendant presque impossible aux adultes, pour la plupart désarmés, de les approcher. En dépit de ce barrage, certains réussissaient à passer. Daichi vit ainsi deux de ses guerriers mordre la poussière, submergés par le nombre. Puis un des Morrisons poussa un effroyable cri. Trois grosses daronnes venaient de le décoller du sol pour le sortir du rang. Les adultes les grappillaient un à un. À cette allure-là, ils n'allaient pas tarder à être dépassés.

  Daichi regarda autour de lui. Pas de Tendō. Et où diable était Kuroo ? Dès le début de l'assaut, il s'était évaporé. Avait-il pris la fuite ou s'était-il fait prendre ?
  Qu'importe, cela ne faisait que renforcer la haine qui montait en lui peu à peu.
  La douleur dans son cou était là pour lui rappeler ce qu'ils lui avaient fait. Il sentit presque physiquement la colère le submerger. Un truc chaud qui se réveillait en gigotant au creux de son ventre, luttant pour sortir.

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