Suguru tournait sur son circuit au pas de course. Seize passages entre les rayons du supermarché étaient déjà derrière lui. Il était parti pour vingt. Il avait mal dormi. À tel point qu'il avait entamé son entraînement avant même le lever du jour. La veille, pourtant, la journée avait été bonne. Presque par hasard, il avait mis la main sur une pile de vieux magazines qui lui avaient permis de s'évader un peu. Avant de se coucher, il était monté au nid d'aigle pour regarder le coucher de soleil et voir si les adultes étaient toujours là.
De fait, ils l'étaient.
Pauvres débiles.C'est là qu'il en avait vu un nouveau... et que tout avait changé.
Un père. Gras et grêlé de furoncles. Il était vêtu d'un short et d'un débardeur blanc frappé d'une marque rouge. De petites touffes de cheveux hérissaient son énorme crâne par ailleurs parfaitement chauve. Une tête si énorme qu'elle en paraissait enflée. Il portait des lunettes à monture métallique sans verres et semblait plus intelligent que les autres. À croire même qu'il possédait un ascendant sur eux. C'était la première fois que Daishō voyait ça. Un semblant d'organisation chez les adultes qui, habituellement, chassaient en meute désordonnée. Alors que là, sans aucun doute possible, ce père agissait comme un chef mobilisant ses troupes. De plus, il portait une arme. Une simple matraque, certes, mais, là encore, ça contredisait tout ce que Suguru croyait savoir.Ce meneur était accompagné d'une petite bande dont certains possédaient aussi des armes. Un groupe hétéroclite qui restait ensemble. L'un d'eux avait une flèche en acier qui lui traversait l'épaule, un autre un maillot de foot, un troisième, torse nu, plus qu'un bras et le corps tout entier couvert de cloques. Le dernier portait un costume à fines rayures façon jeune requin de la finance et il semblait bien qu'il avait une oreillette Bluetooth enfoncée dans l'oreille.
Le pire était que, quand le gros chauve avait levé les yeux et croisé le regard de Daishō, on aurait dit qu'il souriait.Suguru y avait pensé toute la nuit. Ces nouveaux venus foutaient la trouille. Ils avaient l'air dangereux. Aussi, dès que l'aube avait pointé, s'était-il discrètement glissé sur le balcon pour voir s'ils étaient encore là.
De fait, ils y étaient.
Il avait toujours deux bombes et quelques missiles prêts à l'emploi. Si ces adultes se lançaient dans un assaut concerté du supermarché, il riposterait avec toute sa puissance de feu. D'ici là, la seule option était de tenir le siège en attendant de voir ce qui allait se passer.Il se dit qu'il était juste fatigué - ce que sa mère répétait toujours quand il était de mauvais poil ou qu'il se faisait du mouron : « C'est rien, tu es juste fatigué » ; ou bien : « Tu as pris un verre d'eau ? » ; ou encore : « Mange un fruit, t'es en manque de sucre... »
Tôt ou tard, ce gros cul aux couleurs nationales allait finir par se lasser et s'en aller. Comme toujours. Inutile de se prendre la tête avec ça.
Il fallait simplement courir un peu. Ça faisait du bien.
Trente tours.
Voir quarante.
Peut-être même courir à perpétuité.
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ENEMY
FanfictionL'épidémie a frappé tous ceux qui avaient vingt-deux ans passés. D'abord elle les a rendus fous. Ensuite elle a ravagé leurs corps. Et les a transformés en zombis terrifiants. Attention, certaines scènes peuvent choquer. UA Haikyuu Histoire lon...