ENEMY

Chapitre 67.

  Godzilla dormait sur les genoux de Natsu. Elle lui caressait doucement la tête en lui parlait de Shōyō.

- Comme j'aimerais qu'il soit là, avec nous. Si tu savais comme il me manque, Godzilla. Ça me rend folle de penser que je ne le reverrai peut-être plus jamais. Chaque jour, son souvenir s'efface un peu plus de ma mémoire. À quoi il ressemblait, comment il parlait... Par contre, ce que je me rappelle bien, c'est sa taille. Qu'est-ce qu'il est petit ! Je ferais n'importe quoi pour qu'il revienne.

  Le chiot jappa et se tortilla pour lui échapper. Après avoir bondi du lit, Natsu sur ses talons, il se précipita vers la porte de la salle de bal, grande ouverte, où se tenait Kenma, le regard fixé vers le fond de la galerie.
  Voyant Godzilla, Kenma se baissa et l'attrapa. Il avait l'air fâché.

- Y a pas quelqu'un qui est censé surveiller ce chien ? grogna-t-il d'un ton hargneux.

- Je suis désolée, répondit Natsu, au bord des larmes.

- Garde-le près de toi, chérie, dit Kenma en retrouvant sa gentillesse, et il tendit le chiot à la petite. Compris ? Tu le laisse pas courir partout.

- Compris.

  Alors que Natsu retournait vers son lit, Shimizu s'approcha de Kenma et demanda :

- T'as vu quelque chose ?

- Non. Attends. V'là Taichi qui se pointe.

  Bientôt, celui-ci fit irruption dans le dortoir, accompagné de deux gardes.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Shimizu. Pourquoi tout le monde court à droite à gauche ?

- Rien de grave, répondit Taichi. Les têtes couronnées sont parties en balade, voilà tout. Enfin, je dis ça, mais on est quand même un peu dans la mouise. Est-ce que quelques-uns d'entre vous pourraient nous aider à les ramener au bercail ?

- Rien de grave ? explosa Kenma. Des adultes qui se promènent en liberté ? Rien de grave ?

- Ils sont inoffensifs, se défendit Taichi.

- Aucun adulte n'est inoffensif.

- Dans ce cas, aidez-nous à les retrouver et qu'on n'en parle plus.

- Pas question, mec. J'emmène les petits en lieu sûr.

- Écoute, répliqua Taichi en lui offrant son sourire le plus large et le plus niaiseux. On ne va pas en faire un fromage, hein ? Je t'assure qu'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter.

- Je fais sortir tout le monde. Immédiatement. Dans la cour.

- Vous serez encore moins à l'abri dehors qu'ici. On a rappelé tous les gardes pour faire une battue.

- On peut très bien se défendre nous-mêmes, merci, répondit Kenma.

- Ok, mais il serait préférable que vous restiez là où vous êtes, conseilla Taichi en essayant de prendre le ton de celui qui maitrise parfaitement la situation. Si vous gardez les portes closes, vous n'avez rien à craindre.

- C'est pas toi, le minet, qui vas nous dire quoi faire, compris ? On va tous dans la cour d'honneur en attendant que ça soit réglé. Point barre.

- Au risque de me répéter, je pense que vous seriez plus tranquilles ici, répéta Taichi, de moins en moins souriant.

- Comme si j'en avais quelque chose à foutre, de ce que tu penses, rétorqua Kenma. En l'absence de Kuroo et de Yukie, c'est moi qui commande. Et si je dis qu'on sort, on sort. Ensuite, quand vous aurez retrouvé vos précieux dégénérés de la haute, on rentrera.

  Les jambes écartées, les bras croisés sur la poitrine, Taichi se planta ostensiblement devant lui. Une grimace dédaigneuse avait remplacé le sourire du début.

- Excuse-moi, bébé, mais, ici, c'est pas toi qui commandes.

- Qui c'est que t'appelles bébé ?

  Et, avant d'avoir fini sa phrase, Kenma lui envoya un puissant direct à l'estomac. Le souffle coupé, Taichi se plia en deux en gémissant de douleur. Les deux gardes réagirent aussitôt, levant leurs fusils. Mais Yamamoto et d'autres guerriers du clan Morrisons avaient prévu le coup. D'un geste, ils les désarmèrent.

- On sort, déclara froidement Kenma en toisant les deux gardes. Vous, vous restez là pour pouponner le débris.

- C'est bon, grogna Taichi, affalé par terre, dos au mur. Laissez passer.