Chapitre 28.

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- Écoutez tous. La nuit dernière a été très dure, mais ça ne se reproduira plus. On va continuer notre marche et rejoindre le palais ce matin même. À partir d'ici, la route est sûre. D'accord ?!

- Mais... on n'est pas tous là !

- Si ! Malheureusement, certains d'entre nous sont tombés hier soir. Ils sont morts. Il ne servirait à rien de faire demi-tour pour aller les chercher.

- Mais Katey était mon amie.

- Daichi aussi était mon ami. Ça ne l'a pas empêcher de mourir. On l'a même brûlé. Dorénavant, c'est moi qui suis en charge du groupe. Et je vous le dis tout net : on continue. Quiconque n'est pas de cet avis est libre de rebrousser chemin et d'entamer des recherches... seul. À compter d'aujourd'hui, on est cinquante-trois et on sera cinquante-trois à arriver au palais. Alors en route !

Ainsi la cohorte quitta-t-elle la demi-lune du square avant de descendre la place Portland, Yukie, Satori et Kuroo à sa tête. Quelques minutes plus tard, ils atteignaient le cœur du West End, jadis l'endroit le plus animé de la ville, aujourd'hui totalement désert et à l'abandon, comme si, du jour au lendemain, tout s'était effondré, ne laissant place qu'à un immense silence.
Au milieu du croisement, ils ne purent s'empêcher de s'arrêter et de laisser leurs regards vagabonder le long des avenues vides.

- Avant, le samedi, je venais ici faire les magasins, dit Kuroo.

- Moi aussi, répondit Tendō.

- Topshop, soupira Yukie.

- L'Apple store, ajouta Satori d'un ton rêveur.

- Nike Town, renchérit Kuroo.

Si la plupart des vitrines étaient éventées, quelques-unes tenaient encore debout. Ici ou là, restaient même quelques articles dépareillés.

- Tout n'a pas été pillé, dit Kenma. Et regardez ! Pas un seul croulant a l'horizon.

- Je vous l'avais dit, se justifia Satori. C'est calme ici. Il y a bien quelques Étrangers qui traînent, mais rien de comparable avec ce qui se passe par chez vous.

Kenma se mit à rire.

- Si on faisait un peu de shopping ?

Ce fut au tour de Yukie de s'esclaffer.

- Je suis sérieux, poursuivit Kenma. Matez un peu les guenilles qu'on a sur le dos.

Yukie le regarda de la tête aux pieds. Son survêtement rouge était impeccable. Mais comment faisait-il pour le garder aussi propre ? L'énigme restait entière.

- On ressemble à une bande de clochards, insista Kenma. Bientôt, on va arriver au palais : ça mériterait quand même des baskets neuves et des vêtements propres.

- Hé, on ne va pas à un rendez-vous avec le roi ! railla Yukie.

- Peut-être, mais on entame une nouvelle vie. Et je tiens à la commencer de la meilleure des manières, en faisant bonne figure.

- Sur ce point, je ne peux qu'être d'accord, dit Satori. C'est vrai que vous faites un peu pouilleux.

- Non mais je rêve, s'exclama Yukie. On n'avait pas une heure à perdre pour retourner en arrière chercher les nôtres, par contre on a tout le temps de faire les boutiques ?

- C'était hyper risqué dans le parc, argua Kuroo. Là, c'est différent.

- Et qu'est-ce qui te dit que c'est sûr ici ? C'est pas parce qu'on n'en voit aucun qu'il n'y a pas d'adultes dans le coin.

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