Chapitre 10.

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- Attends un peu. T'es vraiment en train de nous dire que tu habites au château de Matsumoto ? Demanda Kenma d'une voix incrédule, ses impitoyables yeux ambrés brillant d'un éclat amusé.

- Oui. Et je vous assure que c'est top ! Y a un lac. Un jardin entouré de hauts murs hérissés de piques. C'est protégé. On cultive des fruits et des légumes dans le jardin, on boit l'eau du lac, on dort dans les lits princiers. L'endroit est imprenable et on est suffisamment nombreux pour assurer notre sécurité. On a nos propres gardes, maintenant. On est vraiment bien organisés.

- Qu'est-ce que tu fais là, alors ? Demanda Akaashi, logique.

- On s'est dit qu'il y avait forcément d'autres enfants comme nous quelque part. Des survivants. Et, plus on sera nombreux, mieux ce sera. La sécurité n'en sera que meilleure. On pourra planter plus. Travailler tous ensemble. Et, petit à petit, reconstruire la ville. À nous tous, on réussirait à faire de ce trou une ville nouvelle. Juste à côté du château, il y'a un grand parc. C'est-à-dire assez d'espace pour cultiver des champs entiers. Mais, pour ça, il faut des bras. C'est pourquoi j'ai été envoyé à la recherche d'autres enfants, pour les informer de notre projet et les convaincre de se joindre à nous.

- Ouais, ben... désolé de te décevoir, mais on vient pas, répondit Suguru. Pourquoi voudrais-tu qu'on parte d'ici ? Tu peux te le garder, ton château. Très peu pour nous. On est bien à Waitrose. Maintenant, au revoir et merci bien.

- Arrete, Daishō, le rembarra Bokuto. Laisse-le causer.

- Alors, comme ça, tu as traversé la ville tout seul ? dit Keiji, dubitatif.

  Le visage du garçon s'empourpra.

- Au départ, on était cinq. On pensait que toute la ville serait comme là d'où on vient : déblayé. On n'imaginait pas à quel point c'était risqué de s'aventurer dans la ville, et le nombre d'Étrangers qu'il pouvait y avoir dans les rues.

- Pourquoi ? L'interrompit Natsu. C'est comment d'où tu viens ?

- Je vous le répète, c'est tranquille. Au centre, il n'y a pratiquement plus aucun Étranger. On les as tous tués en masse au début et ceux qui restent se tiennent à l'écart. Ils nous évitent. Ils sont comme... apathiques. À la différence de ceux qu'on a croisés en venant ici. C'était de la folie. Ils nous ont eus les uns après les autres. J'ai perdu Eita pas plus tard qu'aujourd'hui. C'était le dernier du groupe. Ne reste plus que moi.

  Il avala sa salive. De toute évidence, il retenait ses larmes. Personne ne pipa mot durant un moment. Finalement, Akaashi rompit le silence.

- Combien de gamins avez-vous croisés en chemin ? Demanda-t-il en s'agenouillant auprès de lui. Combien en avez-vous recrutés ?

  Le jeune garçon renifla bruyamment.

- Aucun. Vous êtes les premiers. Le plan de départ, c'était de quadriller la ville afin d'enrôler tous ceux qu'on pourrait trouver. Mais c'est beaucoup trop dangereux. (Il esquissa un sourire confus et leva les yeux vers Keiji.) Cela dit, avec vous, ce serait différent. Ensemble, on pourrait facilement y aller. Vous savez vous défendre. Vous êtes des combattants hors pair. Les meilleurs qu'il m'ait été donné de voir. Je peux vous emmener. Je peux vous conduire en lieu sûr.

- J'ai une question, dit Daichi d'une voix cassée.

  Tous les regards se tournèrent vers lui. C'était la première fois qu'il intervenait depuis le début de la discussion.

- Oui, quoi ?

- Pourquoi n'irions-nous pas tout simplement ailleurs ? À la campagne ? Loin des villes ? On aurait plus de chances de s'en tirer là-bas. C'est là que tous les adultes essayaient d'aller quand ils ont commencé à tomber comme des mouches.

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