Chapitre 9.

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- J'ai traversé la ville pour vous trouver.

- Connerie. Comment tu pouvais seulement savoir qu'on était là ?

- Je l'ignorais. Mais, précisément, c'était tout le sens de la démarche. Ma mission consistait à dénicher d'autres personnes, des enfants comme vous.

- Qu'est-ce que tu veux dire par mission ?

- J'ai été envoyé.

- Ah ouais ? Et par qui ? Demanda Keiji. Le bon Dieu ?

- Écoutez, si vous me laissiez vous raconter toute l'histoire ?

Ils retournèrent au patio. La petite cour intérieure contenait de justesse tout le monde. Sans se quitter d'une semelle, Kuroo et ses guerriers s'installèrent au fond. Dès qu'ils avaient vu que la voie était libre, deux d'entre eux étaient allés à Morrisons chercher un jeune garçon nommé Kenma, visiblement le sous-chef de Kuroo, exactement comme Yukie pour Daichi. Kenma était de taille moyenne. Le visage fermé, l'air las, il attendait des révélations. Ses cheveux bruns étaient rattacher en chignon et il portait un survêtement rouge de son ancienne école. Les guerriers de Kuroo semblaient se méfier de lui. Ils faisaient preuve à son égard d'un singulier respect. Mais il suffisait de le regarder pour comprendre pourquoi : Kenma avait tout d'un gars a qui on ne la fait pas.

Bokuto et les siens étaient assis face aux Morrisons, chaque camp jouant à qui était le plus fier.
Daichi avait pris place dans un gros fauteuil recouvert d'un film plastique, légèrement en retrait du feu. Son visage disparaissait dans l'ombre. Il avait délégué à Akaashi le soin de mener les débats. Non seulement celui-ci parlait bien, mais, en plus, il n'était pas du genre à se laisser embobiner par le premier venu.

Tous ceux qui avaient pris part à la bataille étaient épuisés. Aussi personne ne discuta la décision de Daichi. S'il voulait confier la parole à quelqu'un d'autre, libre à lui. Pourtant, ce n'était pas uniquement l'éloquence de Keiji qui l'avait incité à s'effacer. Non, il y avait autre chose. Il se sentait mal. Une chaleur malsaine irradiait de tout un côté de son crâne. Son oreille était bouchée et le lançait. Il serra les dents, baissa les paupières et essaya de se concentrer.
Sans grand succès.

Dès qu'il fermait les yeux, il revoyait la daronne de la piscine. Ses yeux. Cette lueur d'intelligence... Ce bruit. Se pouvait-il qu'elle ait essayé de parler ?
Et puis elle se jetait sur lui en montrant les dents. Il rouvrit brutalement les yeux.
Concentre-toi.
Cheveu rouge était en train de parler.

- Il y'a quatorze ans, un mal étrange s'est abattu sur la planète, dit-il en balayant l'assistance du regard. Pour autant qu'on sache, tout le monde fut touché, mais les symptômes mirent très longtemps à se manifester. La période d'incubation s'éternisa pendant... quatorze ans.

- Ou alors quelque chose a cessé d'agir, intervint Keiji.

- Que veux-tu dire ?

- Soit quelque chose s'est produit, il y a quatorze ans, qui a rendu tout le monde malade, raisonna posément Akaashi, soit quelque chose a arrêté d'agir à ce moment-là, ce qui expliquerait que toutes les personnes nées après cette date se portent bien.

- Si tu veux, acquiesça le garçon aux habits colorés.

- Ça ne fait pas quatorze ans, coupa une voix. (Tous les regards se tournèrent vers Kenma.) Je n'ai pas compté les jours, mais ça fait au moins un an, un an et demi, que la maladie s'est déclarée.

- Oui, enfin, bon, je ne vois pas très bien ce que ça change, répondit le garçon. Ce qui est sûr, c'est que les adultes sont morts ou malades, et que nous, les enfants, nous nous sommes retrouvés livrés à nous-mêmes.

ENEMYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant