Shades Of Love

52

NOAN

115 rue Parkinson.

Nous y arrivons le plus vite possible. Après l'appel du détective, c'est dans un brouillard automatique qu'Elif et moi nous nous sommes dépêchés de nous apprêter et de rejoindre l'adresse.

Une fois sur place, ce sont les lumières des gyrophares des voitures du police qui nous indiquent que nous sommes à la bonne adresse.

L'insigne du Starlight, le club où travaillait Sarah clignote furieusement dans la nuit. Dans la ruelle adjacente, plusieurs voitures de police sont stationnées devant la porte arrière du club et nous observons des hommes en uniformes aller et venir à l'intérieur.

Je gare ma voiture un peu plus loin de l'agitation, puis Elif et moi descendons.

Un vent assez froid s'élève et je vois Elif se frotter les bras, alors je l'attire contre moi pour la réchauffer en observant les alentours. Un ballet incessant de policiers, des voix qui parlent à travers des talkiewalkies, le bruit d'une ambulance qui résonne en sourdine dans la ruelle, les passants et aussi surement quelques clients du club s'attroupent le long de la barrière de sécurité pour être les spectateurs de ce spectacle lugubre.

Sarah s'est suicidée.

Cette phrase tourne en boucle dans mon cerveau qui essaie de la décrypter. Pourquoi ? que s'est-il passé ? est-ce encore la faute de mon géniteur ? je suis complètement largué. Je ne sais pas aussi ce que je ressens à l'intérieur de moi. J'ai l'impression que mes émotions ont tellement été mises à l'épreuve ces derniers jours qu'au final, je n'arrive plus à ressentir quoi que ce soit.

Elle est morte.

Est-ce que je dois être heureux ? je ne sais pas. Triste ? j'en doute. En colère ? peut-être. Là maintenant, je veux juste comprendre pourquoi. Je suppose que si le détective nous a fait venir c'est que d'une certaine manière il a besoin de moi ici et que je comprendrais quelque chose.

Il y'a trop de monde et Elif et moi nous tenons en retrait. De là où nous sommes, on ne peut voir grand-chose à part les policiers qui entre et qui sorte de l'immeuble. Et alors, je me souviens de ce que Sarah m'avait dit qu'elle habitait l'appartement au-dessus du club.

Perdu dans les méandres de mes pensées, j'entends distraitement Elif m'appeler jusqu'à ce qu'elle me tapote le bras. Je baisse la tête vers elle :

- Oui ? tu as froid ? je lui demande inquiet.

- Non. Je viens juste de repérer monsieur Meyer, il est en pleine conversation avec un homme là-bas.

Elle pointe du doigt l'endroit et en observant bien, je reconnais le détective. Alors sans plus tarder, je me saisis de la main de ma petite amie et ensemble, nous avançons dans sa direction. Il est dos à nous alors c'est lorsque son interlocuteur nous voit venir dans leur direction, que Monsieur Meyer se tourne lui aussi et nous aperçoit enfin.

Il dit quelque chose à son interlocuteur qui hoche la tête, puis il vient vers nous d'une démarche assurée.

- Noan, Elif, merci d'avoir fait si vite. Dit-il en nous serrant la main tour à tour.

Je ne tourne pas autour du pot :

- Que se passe-t-il ? qui a découvert son corps ? vous êtes sûr que c'est vraiment un suicide et pas encore un coup monté de mon enfoiré de père ? il a ...

- Respire Noan, me reprend-il gentiment. Et oui, c'est un réel suicide. Ton père n'est pas lié à cela, du moins en apparence.

Je fronce des sourcils, puis avant que j'ouvre la bouche, Elif me devance :