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NOAN

Les deux semaines qui ont suivies le retour d'Elif sont passées très vite. Entre les aller-retours à l'hôpital pour refaire son pansement et les préparations pour les procès à venir, nous n'avons pas eu une minute à nous.

Pour l'instant, je dois avouer que tout semble aller pour le mieux, « le calme avant la tempête » selon Elif. Et elle a totalement raison, parce que même si pour l'instant nous ne sommes pas encore assaillis, toutes les chaînes télévisés du pays ne font que parler du prochain procès de mon père et je dois reconnaitre que même si je suis impatient que tout ça prenne fin, je suis quand même en toujours sur le qui-vive.

Mon père est hors d'état de nuire, mais Lexie non. Le père de Chris, accessoirement mon avocat et celui d'Elif, nous a laissé savoir que la cour a autorisé Lexie à rester chez elle jusqu'au procès. Par chance, elle est en permanence sous surveillance, avec un bracelet à la cheville.

C'est une nouvelle qui nous à la fois ravie et en même temps fait douter. Elif et moi continuons de craindre que la mère de Lexie se rétracte à la dernière minute et que leur avocat finisse par nous jouer un mauvais tour lors du procès de son procès qui est dans deux jours... ou plutôt dans un jour, maintenant...

Je tourne la tête vers ma petite horloge de chevet qui affiche 2 :35. Eh oui, c'est bien demain le procès de Lexie.

Je soupire bruyamment en fixant le plafond de la chambre puis je me tourne vers Elif qui dort profondément, la bouche entrouverte d'où s'échappent de petits souffles réguliers. Je souris en replaçant doucement une mèche de cheveux qui s'est retrouvée en travers de son visage.

Elle est couchée sur le dos, la tête tournée vers moi, ses boucles crépues éparses sur son oreiller et son parfum de vanille qui flotte légèrement autour de nous.

Je glisse un doigt sur sa joue ronde et l'observe pensivement faire une petite grimace puis sa respiration qui s'accélère. Je reste un moment en alerte, jusqu'à ce que je l'entende reprendre une respiration normale.

Je me rapproche alors d'elle et passe ma main dans ses cheveux, le long de sa nuque où j'effectue un léger massage du pouce pour l'apaiser.

Depuis son retour à la maison avec moi, toutes ses nuits sont agitées et peuplées de cauchemars. Elle se réveille toujours le souffle court, le front en sueur, le cœur battant à tout rompre et les yeux larmoyants en me cherchant désespérément sans cesser de répéter mon prénom. Je la prends ensuite dans mes bras en essayant de la calmer pour qu'elle sache que je suis là, qu'elle n'a plus rien à craindre et que ce ne sont que des mauvais rêves.

Elle finit toujours par se rendormir sur mon torse, une main agrippée à mon épaule, la tête enfouie dans mon cou. Elle essaie d'être aussi près de moi que son bras blessé le lui permet et je me fais une joie de la serrer contre moi, de l'embrasser à chaque battement de cœur, à chaque souffle qui s'échappe de ses douces lèvres. Et chaque nuit, je lui fais la promesse que tout ira bien et qui plus rien de mal ne lui arrivera, qu'elle est en sécurité avec moi et que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle se sente toujours chez elle lorsqu'elle est avec moi et dans mes bras.

Je lui répète à quel point je l'aime et que je ne veux pas la perdre ni aujourd'hui, ni jamais. Je ne sais pas si elle m'entend lorsque je lui formule toutes ses promesses, mais j'espère juste que son cœur me comprend, me croit et accepte mes paroles.

Je lui murmure à l'oreille que je l'aime, que je la trouve forte et belle sans cesser de caresser sa joue de mon doigt et elle pose automatiquement sa main sur mon poignet qu'elle serre entre ses doigts fins sans pour autant se réveiller.

Shades Of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant