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ELIF

Ça fait une semaine que je me terre dans ma chambre après les cours et que je ne pars pas au travail car que je sais qu'il y sera. Il y va très souvent avec ses amis. Depuis ce qu'il s'est passé à la soirée, je l'évite comme la peste. Je longe les murs, je me cache limite de peur de le croiser au détour d'un couloir. Je sais que je vais le revoir. Je sais aussi qu'il recommencera ce qu'il me faisait et je sais que ça sera la goutte de trop.

Depuis ma conversation avec Chris, j'ai pu trouver en moi un soupçon de courage afin de pouvoir affronter Noan. Mais ce qu'il m'a fait, ce qu'il m'a dit ont brisé en moi le peu de force que j'avais en réserve et aujourd'hui je n'ai plus envie de le voir. Peu importe ce qu'il a pu vivre, il n'avait aucun droit de me traiter ainsi, de jouer avec mes émotions, de me dire des mots aussi violents.

Comme depuis une semaine, je suis en pleine hibernation dans ma chambre, couchée en position fœtale dans mon lit. Les rideaux et fenêtres, tous tirés et fermées. Je suis devenue un véritable ours polaire au grand dam de Myra qui n'en peut plus de me voir comme ça. D'ailleurs en parlant du loup :

- Bon, tu vas rester comme ça pendant combien de mois encore ? s'écrie-t-elle en débarquant en trombe dans ma chambre et en ouvrant les fenêtre afin d'y faire entrer l'air et la lumière.

- Ferme les fenêtre Myra ! je ronchonne en cachant mon visage sous les draps.

- Oh non ! je ne fermerais rien du tout ! tu vas te mettre debout, prendre une bonne douche et sortir de cette chambre afin qu'elle aussi respire.

Je l'entends parler mais je n'ai aucune envie de bouger. Je n'ai envie de rien d'ailleurs. Voyant que je ne bouge même pas l'orteil, elle m'arrache de force ma couette, la balance quelque part dans ma chambre et se jette sur moi, m'étouffant au passage.

- Bouges de là !! je n'arrive plus à respirer, je crie et me débat comme je peux la tête enfoncée dans mon oreiller.

- Puisque tu ne veux plus vivre, que tu ne sors que pour les cours et que tu restes enfermée ici depuis des lustres, autant abréger tes souffrances et t'exterminer sur le champ. Je suis heureuse de t'avoir connu, tu étais une personne formidable mais trop ordonnée. Me dit-elle en affichant une mine sérieuse sur son visage.

Pouvant respirer à nouveau, je la fixe quelques instants avant d'éclater de rire devant sa mine trop sérieuse. Elle ne peut résister longtemps avant de me rejoindre dans mon fou rire.

- Ça fait plaisir de te retrouver. Ton rire de cochon m'a manqué. Me dit-elle en me souriant légèrement.

- Ça m'a fait du bien de rire comme ça. J'ajoute en faisant un sourire triste.

Elle me regarde tristement et me prend dans ses bras pour me serrer fort contre elle. Son câlin me fait tellement de bien, que je sens à nouveau les larmes affluer. Je renifle doucement pour éviter qu'elle le remarque mais elle l'entend bien :

- Eh ! je ne veux voir aucune larme sur ton visage. Je t'ai laissé une semaine pour pleurer je pense que c'est suffisant là, tu ne crois pas ? où donc se trouve mon Elif super forte et courageuse ?

- Arrête de vouloir me faire rire Myra...

- Ah non je n'essaie pas de te faire rire mais de te réveiller. Tu donnes trop de pouvoir à tes souvenirs ma belle. D'accord, cet imbécile a dépassé les bornes et t'a fait mal. En plus, Max lui a tellement bien refait le portrait. Tu aurais dû le voir à la fac, on dirait qu'il est passé sous le bistouri d'un chirurgien aveugle. M'explique-t-elle joyeusement en insistant bien sur chaque mot.

J'éclate une seconde fois de rire. Il n'existe personne en dehors de Myra capable de faire passer une situation dramatique en situation comique. Je l'aime trop cette folle.

Shades Of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant