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ELIF

- Alors, comment tu trouves celle-là ? me demanda pour la énième fois Myra en tournant sur elle pour me montrer la coupe de sa robe

Je soupirais en relevant la tête de mon téléphone :

- Elle est bien Myra. Dis-je sans grande conviction avant de fixer de nouveau mo téléphone dans l'attente d'une nouvelle vibration.

- Mais Elif ! s'exclama-t-elle en faisant de grands gestes. Tu dis la même chose depuis le début des essayages ! un peu d'entrain quand même, j'ai l'impression de t'avoir menée à l'abattoir.

- Parce que c'est ce que je pense. Répliquais-je à mon tour. Myra, ça fait 2 heures que nous sommes ici et jusque là toutes les tenues que tu essaies te vont à ravir. Tu n'as que l'embarras du choix et moi je n'y peux rien.

- Oui mais, ce n'est pas juste l'essayage, tu es dans la lune depuis quelques jours. Qu'est ce qui ne va pas ? c'est encore cet abruti c'est cela ?

Je levais les yeux en l'air. Bien sûr, par abruti elle fait référence à Noan.

- Tu sais, tu peux tout me dire. S'il t'a encore fait...

- Non Myra, il ne m'a rien fait. La coupais-je en sentant la brûlure du mensonge courir le long de ma gorge.

Je ne leur ai jamais rien caché mais je n'ai juste pas envie de leur en parler pour le moment.

Le samedi après ma sortie avec Noan, je me suis senti extrêmement bien. J'avais envie de plus, pourquoi ? je n'en savais rien.

Mais alors que le dimanche j'hésitais à lui écrire, il fut le premier à m'écrire.

« Hey ! j'espère que je ne t'ai pas trop épuisé hier. Je t'avoue que je n'ai pas arrêté de penser à toi. Mais peu importe j'espère que tu vas bien. Belle journée à l'horizon n'est-ce pas ? »

Son message un peu maladroit m'avait arraché mon premier sourire de la journée puisque j'étais seule et que Myra n'était toujours pas revenue.

Je me suis senti immédiatement bien et je lui ai répondu par la suite. C'est ainsi que tout est parti. N'ayant rien à faire il a proposé qu'on apprenne à se connaître, je n'y ai trouvé aucun inconvénient. Mais par où commencer ?

Il a donc suggéré l'idée de s'en chaque jour des faits, des vérités l'un sur l'autre. Chaque matin donc depuis lundi, il est le premier à m'envoyer un fait sur lui, sur sa vie. Chose que je fais par la suite.

Ce moyen peu commence de faire connaissance me plait beaucoup, on peut se dire tout et n'importe quoi. Aujourd'hui est mercredi et après m'avoir avoué être insomniaque, avoir sucé son pouce jusqu'à 6 ans, son aveu du jour est que Chris et lui sont meilleurs amis depuis qu'ils ont 6 ans. Leur amitié a commencé le jour où Noan a arrêté de sucer son pouce. Un peu bizarre mais il m'a fait comprendre que Chris a pris sa défense et a failli se battre avec des garçons de leur classe qui le surnommaient « Tétine ».

Je me suis moquée de lui, mais cela me touche énormément qu'il me dise tout ça. Moi je ne lui ai dit que des choses banales comme le fait que j'ai toujours aimé passer rester en pyjama toute la journée, lorsque je n'ai pas cours et cela malgré les réflexions de mes parents. Je lui ai dit que j'aimais aussi courir sous la pluie quand j'étais petite. J'étais fascinée par la pluie et j'avais l'impression qu'un gros robinet était ouvert dans le ciel pour arroser les humains, les animaux et les plantes afin que nous puissions tous grandir. Et l'aveu du jour est que je déteste le sport.

Je l'imagine déjà se foutre de moi. Cela ne fait que trois jours mais je sens que nos aveux nous rapprochent d'une certaine façon. Nous ne faisons que discuter par messages et cela me suffit pour l'instant.

Shades Of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant