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NOAN (Partie 1)

Je me sens bien. Non je me sens mieux. Bien mieux que je ne l'aurais espéré.

Depuis une semaine, je me lève avec un sentiment de bien-être et le cœur moins lourd.

La cause ? elle m'a pardonné. Enfin, pardonné est un bien grand mot mais j'ai pu au moins m'excuser. Je me sens toujours mal pour tout ce que je lui ai fait, elle ne méritait rien de tout ça et il a fallu que je commette cette ultime erreur pour m'en rendre compte.

Voir son regard rempli de larmes a été comme un déclic pour moi. Je ne me reconnaissais plus. La haine que j'avais en moi, la haine et la colère que je ressentais contre mes parents, la culpabilité que je ressentais vis-à-vis de la mort de mon frère, son image qui ne quitte pratiquement jamais mon esprit et pour finir son arrivée. L'arrivée d'Elif ici a tout chamboulé.

Elle a été pour moi la proie parfaite. Vulnérable et aussi perdue que moi. Car oui, elle est perdue. Je ne sais pas pourquoi elle est ici, mais je suis sûr d'une chose c'est qu'elle fuit quelque chose ou qu'elle essaie d'oublier quelque chose.

Je l'observe souvent et je la vois parfois le regard vide, hanté et plein de tristesse comme si elle était dans ses pensées, se remémorant des choses qui ont dû la faire souffrir.

Elle m'intrigue. Elle m'a toujours intrigué.

Et elle me plait. Malgré moi.

J'ai essayé de vaincre cette attirance en la faisant souffrir, mais je me faisais souffrir moi aussi dans l'équation.

Deux semaines sont passées depuis que je l'ai vu. Durant ces deux semaines, chaque fois que je la croisais dans les couloirs de la fac, je la voyais me fuir. Elle fuyait toujours mon regard. J'ai voulu aller la voir à maintes reprises. Mais pour lui dire quoi ? je n'en sais rien, je voulais juste me rapprocher d'elle et lui parler. Elle est tout le temps en compagnie de ses amis qui ne la lâchent pas d'une semelle.

Je suppose qu'elle ne leur a pas dit pour cette nuit où je me suis excusé, sinon Max serait venu me voir. Pas pour discuter, mais encore pour me foutre son poing dans la tronche parce qu'il ne veut pas que je l'approche. Mais je trouverais bien un moyen de lui parler.

Aujourd'hui est samedi et j'ai pris la décision de me rendre chez Chris pour lui parler. Il ne répond à aucun de mes coups de fil et m'évite comme la peste à la fac. J'ai merdé et je veux me rattraper auprès de mon meilleur ami. Je ne veux pas le perdre, il est comme mon frère. Sans oublier la phrase qu'Elif m'a dite, je sais qu'elle a raison. Les amis comme Chris, il en existe que très peu. Nous sommes inséparables depuis toujours et je ne veux pas que mes bêtises me fassent perdre son amitié.

Une fois devant sa maison, j'appuie sur la sonnette et c'est madame Sullivan, sa mère, qui m'ouvre.

- Bonjour Madame Sullivan comment allez-vous ? je la salue poliment alors qu'elle me prend dans ses bras.

- Oh Noan mon grand ! ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu dans les parages. Dit-elle en s'écartant avec un immense sourire. Je vais bien et toi mon grand ? vas-y, installe-toi fais comme chez toi, tu n'es pas un étranger ici ! dit-elle en me poussant vers le salon et en m'obligeant à m'installer.

- Ça va ! en fait, je suis venu voir Chris. Il n'est pas à son appartement, j'en ai déduit qu'il serait peut-être ici.

- Oui il est ici ! mais dis-moi, il n'y a rien de grave j'espère ? quand je lui ai demandé des nouvelles de toi, il a esquivé la question. Me demanda-t-elle inquiète.

Shades Of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant