III.

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Ma parole ! pensa Alice, j'ai souvent vu un chat sans un sourire, mais jamais un sourire sans chat !...

Alice au Pays des Merveilles (1865), Lewis Carroll.


† † †


Une seule larme avait perlé le long de ma joue. ...

Un seul aveu de faiblesse.

Flagrant.

Perdu au milieu de mes taches de rousseur comme cette hydre au milieu de ces gisants. Cette larme m'avait davantage brûlé que le souffle et la salive de la bête mythologique. Elle avait coulé lentement, millimètre par millimètre, puis avait disparu. Comme tout.

La fraîcheur de la nuit me frappa. Je m'en délectai, car elle me clarifiait les idées.

— La bonne nouvelle, c'est que nous avons accompli notre mission, dit Sirius avec un petit sourire désolé.

— Au moins, elle ne menace plus la sécurité de qui que ce soit, affirma Piper.

Mes yeux lui lancèrent des flammes.

— Parce qu'il y avait quelqu'un à menacer dans ce trou du cul du monde ?

— C'est toi la trou-du'c. Tu fais vraiment chier, le Chat Noir !

Malgré sa carrure de rugbywoman, même sous forme humaine, elle ne me faisait pas peur.

— Quoi ? Il faut bien pimenter un peu tes soirées moroses ?

— « Pimenter » ? Il serait vraiment temps que tu passes l'aspirateur sur l'araignée que t'as collée au plafond. Tu te souviens qu'il y a des personnes qui nous attendent à la maison, ou tu t'en carres royalement ?

Sa pique m'atteignit plus que je ne l'aurais voulu.

Piper avait la « chance inadmissible » – à en croire les dires de n'importe quelle être surnaturel – d'avoir rencontré si jeune sa Destinée, et d'en avoir fait sa Choisie. Natasha était une louve-garous très gentille, mais elles me donnaient la gerbe dès que je les croisais ensemble, elle et Piper. Cette dernière se transformait en chiwawa bavant sur les jolis yeux et les atouts de sa compagne...

Il fallait avouer que c'était parfois attendrissant, mais n'empêche, être lié à la vie à la mort avec une seule personne, c'était... Ça me collait le frisson, et pas du genre que j'aimais.

N'empêche... Je savais que Natacha avait horreur de savoir que sa Choisie se mettait délibérément en danger. Une fois, Piper avait bien failli perdre son bras contre un monstre des mers devenu complètement taré. Piper avait gardé de belles cicatrices. Natasha était entrée dans tous ses états. J'avais bien cru qu'elle allait séquestrer at vitam aeternam Piper dans une tour dorée afin que plus rien de fâcheux ne lui arrivât plus jamais. C'était là que j'avais compris qu'il ne fallait surtout pas essayer de contrecarrer les plans d'une personne liée à une autre par la Magie – parce que c'était Faith, Sirius, Duncan, Rhodes et moi-même qui nous étions faits botter le popotin lorsque nous avions voulu discuter avec Natasha.

Cette histoire était l'une des raisons pour laquelle la louve-garous taillée dans la fonte était devenue extrêmement prudente et protectrice, malgré son choix de carrière. Ce qui avait fait d'elle la cheffe de son trio. Chose qu'elle adorait me rappeler lorsque je n'écoutais pas les ordres... Sauf qu'elle n'était pas ma cheffe d'équipe. J'étais ravie de laisser cette place à Duncan.

L'Épine & la PlumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant