L'amour fait comprendre à l'âme
L'univers, salubre et béni ;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l'infiniLes Contemplations (1856), extrait de « Je respire où tu palpite », Victor Hugo.
† † †
Alors ça y était ? L'heure d'Armageddon sonnait ? On allait tous mourir ? Michaël, Lucifer et Belzébuth nous rejoignirent, côte-à-côte, et le premier n'était absolument pas prévu.
— Bien sûr que non, vous n'allez pas mourir, s'exaspéra le Seigneur Céleste. C'est bien pour cela que nous sommes ici.
Il lisait dans les pensées, lui, maintenant ? Alors est-ce que depuis le d... Non. Pas le temps pour ce genre de tracasserie existentielle.
Je questionnais mes ancêtres du regard. Roscelin étaient toujours avachis dans mes bras. Il avait tourné la tête vers son géniteur, l'étudiait à travers le voile de la douleur qui s'estompait. Lentement, mais sûrement.
— Je vous avais bien dit qu'elle finirait par nous appeler, annonça Belzébuth avec un sourire entendu. Rose-Elizabeth se fourre peut-être en permanence dans des situations infernales, mais elle finit toujours par faire le bon choix.
« Les bons choix » ? J'attendais encore de voir la suite... Car pour régler cette histoire de prophétie, je n'avais pour l'instant pas le moindre début de solution...
— Nous allons les retenir, expliqua Lucifer, plus pragmatique.
Rien que leur présence avait arrêté net les membres de la secte.
— Les annihiler, tu veux dire ? précisa Belzébuth avec un petit sourire démoniaque sur son envoûtant visage.
— Si tu tiens à être précise quant à la terminologie...
— Allez-vous-en ! ordonna Michaël, agacé.
Son ton autoritaire ne me donnait pas envie de l'envoyer paître, cette-fois-ci. Je voulais aider Roscelin à se redresser. Problème : il était beaucoup trop lourd pour moi. Les ailes d'Ange, ça pesait un âne mort !
— Roscelin, envole-toi, adjura l'Empereur céleste.
Mon brun fixait son géniteur d'un air dépité.
— Père...
Depuis quand l'appelait-il « père » ? Non. C'était toujours pas le moment pour des tracasseries existentielles. N'empêche... Si Michaël commençait à user de « fiston » et de « fils » à tout va, je démissionnais.
— Fils, ce n'est que quatre pauvres carreaux d'arbalète dans l'aile.
OK. Je démissionnerais après être sortie vivante de ce bourbier, la main de Ross dans la mienne et, de préférence, rattachée au reste de son corps parfait d'être divin.
— C'est trois fois rien, reprit Michaël. Surtout lorsqu'on veut souver la femme qu'on aimes.
Piquer l'égo, c'était une tactique de Belzébuth, non ? Aussi diabolique et bourrée de testostérone cette réplique fut-elle, elle fut efficace. Roscelin poussa sur ses jambes et, avec un peu d'aide de ma part, se redressa de toute sa hauteur.
L'auréole d'or évanescente reprit sa place au-dessus des ses boucles noires. Elles faisaient briller ses yeux trop bleus d'une lueur mystique. Ses ailes frissonnaient, de l'impatience de retrouver les airs... et de douleur.

VOUS LISEZ
L'Épine & la Plume
ParanormalRose-Elizabeth est la sorcière la plus mauvaise jamais née au coven de Salisbury, tout proche de Stonehenge. Les seuls domaines dans lesquels Rose-Elizabeth est douée sont l'exorcisme et la démonologie. Afin de trouver sa place, la jeune femme est e...