The prince of Darkness is a gentleman.
King Lear (1603-1606), Acte 3, Scène 4, William Shakespeare.
† † †
Pour un peu plus d'immersion ;-p
† † †
Mon corps voulait dormir, mais pas mon esprit. Ou plutôt, il redoutait le sommeil. Il en avait assez de cauchemarder. Moi aussi.
Le plafond peint, traversé de poutre, était très joli ; j'avais eu tout le loisir de l'observer tandis que mes paupières restaient grandes ouvertes et que la bougie sur ma table de chevet fondait, lentement, mais sûrement.
Des cordes vibrèrent dans la nuit. Je me redressai, le souffle coupé par la surprise et le ravissement. Une sonate m'étreint d'extase et d'une profonde satisfaction. Jamais encore, je n'avais entendu quelque chose de tel, pas à cette époque-ci. Et rien encore de comparable dans la mienne. Tous les sorts des sorciers et tous les instruments électroniques des humains ne pouvaient égaler la supériorité et l'intelligence de ces mains qui devaient être aussi légères que les ailes d'un phalène autour d'un lampadaire, aussi agiles qu'une hirondelle en plein, plus fortes qu'un lion à la crinière dense.
Comment pouvais-je reconnaître la célébrissime sonate des Trilles du Diable de Giuseppe Tartini ? Elle n'avait pas encore été écrite.
Je glissai hors de mes draps pour retrouver l'origine de cette mélodie. Dans le manoir, il n'y avait aucun bruit. Même si tout le monde était épuisé à cause de la soirée passée, comment pouvaient-ils ne pas être réveillés par cette musique ?
Attirée comme un insecte par la lumière, je descendais les marches du manoir, traversais le jardin à l'anglaise. Ce fut au sein de la roseraie que je trouvai la source de cette sonate merveilleuse.
Deux silhouettes se trouvaient-là : celles que j'avais aperçues durant le bal, depuis le balcon. L'une dansait librement, aucune chorégraphie ne semblait pré-écrite et elle voletait en tous sens ; l'autre faisait chanter un violon au bois rouge.
Lorsque ces mystérieux individus se tournèrent vers moi en se figeant à la manière des aiguilles d'une montre arrêtée, je ne m'inquiétais plus depuis longtemps que tel ou tel événement ait un sens ou non.
L'homme avait des cheveux lumineux comme le Soleil, un corps parfait mis en valeur par des habits de soie rouge, de longues ailes noires flottant dans son dos, des cornes de bouc enroulées sur les côtés de son visage majestueux, et un brasier au fond des prunelles.
Enveloppée dans des drapées irridescents digne d'un Mucha, la femme possédait un corps menu et gracile en dichotomie totale avec l'aura ôpiniatre qu'elle dégageait, elle était pâle comme la Lune et ses iris diffractaient la faible lueur d'une torche plantée dans le sol, à quelques pas.
- Ma pauvre chérie. On t'a mise dans de beaux draps, commença Belzébuth.
Sa voix, un écho profond comme la nuit, venait directement du fin fond des Enfers. Elle m'hypnotisa en quelques mots.
- Vous savez comment et pourquoi je suis ici ?
Lucifer posa sa main sur l'épaule de la princesse infernale. Quand il ouvrit la bouche, je crus bien être laissée sur le bord d'un précipice donnant sur une rivière de lave.
VOUS LISEZ
L'Épine & la Plume
ParanormalRose-Elizabeth est la sorcière la plus mauvaise jamais née au coven de Salisbury, tout proche de Stonehenge. Les seuls domaines dans lesquels Rose-Elizabeth est douée sont l'exorcisme et la démonologie. Afin de trouver sa place, la jeune femme est e...