Fintan

Chapitre 12

PDV Fintan

Libre. . .

Je suis libre, me tenant là devant les ruines d'Iridesan. J'ai le cœur lourd. Je reste là devant le grand escalier. Combien de fois l'ai-je emprunté avant ?

Iridesan. . . Pensais-je. Pourquoi m'a-t-elle laissé ce cristal ?

D'un pas chancelant, je monte les marches. Je n'en reviens pas. J'ai longtemps cru qu'il m'avait enlevé ma fille comme il m'avait enlevé ma femme. Et voilà que ma petite fille se trouvait là . . . Aux yeux de tous depuis si longtemps. Qui me considère comme son ennemi.

Oh Diana . . . J'ai retrouvé notre Luna. . .

Je te vois partout. Ton fantôme est encore là, j'en suis certain.

Peut-être que maintenant les choses vont changer. . . Je pourrais peut-être retrouver une partie de mon ancienne vie. On va enfin me croire . . .

Je monte l'escalier, le cœur battant. Remettant en place le visage d'Oralie enfin Luna.

Elle te ressemble maintenant je m'en aperçois à présent. Les mêmes cheveux et le même visage fin que toi. Et. . . mes yeux.

J'ai le cœur tellement lourd, je m'arrête un instant. Je me sens tellement mal . Savoir que j'ai failli la tuer, même si ce n'était qu'un accident. Qui voudrait croire cela. J'émet un sourire. Je dois faire profil bas, un bon moment. Ils doivent déjà être en train de remuer ciel et terre.

Je m'avance dans mon ancienne demeure. Alors que j'emprunte un des innombrables couloirs, je croise un feu follet. Mon cœur rate un battement.

Elle est là. . . . Que dois je faire ?

Je ne sais pas si j'ai le courage de la confronter. Je devrais rebrousser chemin. Le feu follet grimpe sur mon épaule, je le prends dans ma main. Comme toi Diana. . . Je continue le chemin et arrive à l'ancienne chambre de Luna, la porte est ouverte.

Elle est là . . . assise sur son lit. Ma petite fille. Le feu follet la rejoint. Elle demeure sans bouger à fixer la fenêtre.

Je passe mon chemin, je n'ose pas venir lui parler. Je devrais. Mais je n'en ai pas encore le courage.

Je prends une profonde inspiration et parvient au dernier étage du palais, ou se trouve une bibliothèque, répertoriant l'histoire de notre civilisation. Diana aimait ce lieu, les livres étaient son truc. Pas moi. Pourtant cela ne m'avait pas empêché de devenir le meilleur des conseillers et d'avoir la reconnaissance du roi.

Je passe une main sur un globe terrestre. Un objet humain, ramené par un de nos émissaires, du temps où il était encore possible de fréquenter les humains.

Rien n'a bougé. Tout est intact. Figé comme une peinture.

Je passe mes doigts sur les rayures des livres.

- Sir vous êtes de retour ? Je sursaute en entendant une petite voix et me retourne, une gnome pour le moins âgée se tient devant moi.

- Delphina ?

- C'est bien moi.

- Quel plaisir de te revoir.

Delphina était presque un membre de la famille. On partageait tout, et c'était bien la seule à me défendre après ce qu'il s'est passé.

- De même. Me répond t-elle en s'appuyant sur sa canne.

- Tu n'as pas bougé d'ici depuis tout ce temps ?

- Je tiens les murs, sans mauvais jeu de mot. En la mémoire de Diana, que tous ont malheureusement oublié.

- Malheureusement. . .

- Vous êtes le premier à revenir ici, enfin mis à par la jeune femme blonde. La connaissez vous ? C'est la deuxième fois qu'elle vient ici.

- Oralie. . . Enfin Luna.

- Luna-Stella ?

J'acquiesce en m'asseyant dans un fauteuil.

- C'est vraiment elle !? Après tout ce temps ? dit-elle en lâchant sa canne.

- Après tout ce temps. Répétais-je.

- Mais comment est-ce possible ?! Je croyais qu'il. . .

- Moi aussi je l'ai cru.

- Vous avez tenu votre promesse envers Diana, Sir. Vous avez fini votre quête.

- Oui . . . Au péril de combien d'autres ?

La vieille gnome s'approche de moi et pose une main sur la sienne.

- Vous n'avez pas eu le choix.

- Si. Tout aurait pu se passer autrement si ce soir-là j'aurais été auprès de Diana.

- Ce serait tellement bien si on pouvait remonter le temps. Mais c'est ainsi, on subit ses lois.

Je pousse un soupir.

- Et les tiens ?

- Ils vivent au pied de la colline. En prospérité dans ce refuge que vous avez créé. On ne vous remerciera jamais assez. Dit-elle en s'approchant de la fenêtre. Le regard perdu dans l'horizon, qui vacille sous le soleil. Je me joins à elle.

J'aperçois au centre de la prairie, à mi-chemin entre la colline, le palais, la forêt et le petit lac, l' errant de mon épouse. Un arbre majestueux, délicat, au feuillage doré, et aux fleurs bleues comme ses yeux. Autour de son tronc, une plante grimpante, parsemée de milliers de fleurs blanches magnifiques, en l'honneur de notre fils. . . Ce sont les gnomes qui l'ont fait pousser. Le errant est à l'effigie de Diana. Je baisse le regard, mon cœur se serre à chaque fois que je pose mes yeux sur l'arbre. C'est une douleur accablante, dont on ne se débarrasse jamais.

Je retourne m'asseoir dans le fauteuil.

- Vous devriez aller lui parler. . .