Chapitre 3 : Amitié rime avec timidité

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- Tu veux que je t'explique tout ?

- Tout.

- De 1, on se connait à peine, donc tu arrêtes de faire ton psychopathe... Enfin, tu m'as comprise. De 2, je me demandais... Tu as ta journée devant toi ?

Il rit et baissa le crâne. Ses chaussures avaient soudain l'air beaucoup plus intéressantes... Je n'avais pas vraiment prêté attention à son sourire, mais j'avais l'impression qu'il me troublait. Non Adèle, tu racontes n'importe quoi.
Bon, je sais très bien que je ne peux pas cacher à tout le monde ce que j'avais vécu... Mais la dernière fois, ça s'était très mal passé...

Il y a deux ans, je m'étais liée d'amitié avec trois filles de ma classe de quatrième B : Solène, Maëlle et Serena. Elles étaient adorables avec moi, elles donnaient l'impression de me soutenir comme le feraient de véritables amies, elles me laissaient me confier. Je pensais que nous fonctionnions toutes qu'en un quatuor, que si l'une partait, nous étions détruites. J'étais naïve, je ne savais absolument pas faire la différence entre hypocrisie et sincérité. Et je l'ai découvert ce jour-là...

•~•~•~•

En venant en cours, j'avais eu un très mauvais pressentiment... En effet, je ne tardais pas à me rendre compte que je ne m'étais pas du tout trompée...
Tous les regards étaient rivés sur moi. Les élèves riaient de moi, se moquaient. Cet enfer n'était donc pas fini, pensais-je.

- Hey ! s'exclama un garçon plutôt costaud en s'approchant de moi, fièrement. Pas trop dur d'être un accident ? Oh, pardon, je pensais que ta mère te l'avait dit. Mais apparemment, les...je suis poli, je ne vais pas dire le mot...savent garder des secrets !

Je l'ai regardé dans les yeux, incapable de parler et de réagir comme il l'aurait fallu, et ai lâché un pauvre "Ferme la", en murmurant. Entendre des gens dire du mal de ma mère, malgré le fait qu'elle me détestait, me mettait hors de moi. Mais je ne pouvais rien faire pour empêcher ces imbéciles de continuer. Je n'en avais plus la force... Mon coeur est meurtri par toutes ces insultes et ces remarques, mais je dois aller de l'avant...

 J'allais aux toilettes des filles sans me retourner, je voulais pleurer toutes les larmes de mon corps et rester seule pour l'éternité, enfermée dans cette cabine.

C'est alors qu'une personne entra dans la pièce et une voix venant de derrière la porte arrêta mes pleurs.

- Adèle ? Hey, t'es là ?

- Oui. Serena ?

- Elle-même.

 Attendez...j'y pensais soudain ! Personne à part elle, Solène et Maëlle ne savaient ce que j'étais...enfin, ce que ma mère et moi avions vécu. C'était...

- Toi ! C'était toi depuis le début, et Solène et Maëlle aussi ! Tu as tout raconté aux autres ! Tu crois que c'est marrant ?

- Arrête, Adèle, je ne vois pas de quoi tu parles...

J'ouvris la porte violemment après avoir fait pivoter le loquet. Je vis mon reflet dans le miroir d'en face. Mon mascara avait coulé, mes cheveux blonds étaient emmêlés, je ne ressemblais à rien. Mais je n'en avais que faire.

- Si si, tu vois très bien ! Arrête de te foutre de ma gueule, Serena ! Tu as tout raconté aux autre avec tes hypocrites d'amies !

La porte d'entrée des toilettes s'entrouvrit lentement, laissant apparaitre ces deux autres traîtresses qui avaient visiblement été attirées par le bruit. Tant mieux, elles arrivaient au bon moment.

Il a suffi d'un pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant