Chapitre 15 : Mauvaise idée

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Ce lundi matin, j'avais demandé de partir en voiture avec ma mère afin de m'amener plus tôt au lycée, histoire d'éviter le plus possible de croiser Thomas sur le chemin.

Il allait forcément prendre le bus, donc il était bien entendu hors de question que j'y aille également. Ma mère s'était tout de même montrée utile et n'avait pas vraiment cherché à comprendre ce qu'il se passait. De toute façon, cela ne change pas puisqu'elle ne soucie jamais de ma vie...

•~•~•~•

Arrivée dans le lycée, je rejoignis aussitôt Lola après l'avoir repérée près des casiers. Elle était seule et pleurait dans un coin, la tête dans ses mains. C'était l'une des seules fois que je la voyais dans cet état, elle qui était toujours d'un optimisme sans faille, malgré son quotidien qui demeurait difficile, pour elle aussi.

- Lola ? Qu'est-ce qu'il se passe ? lui demandai-je en posant ma main sur son épaule, ce qui la fit se redresser.

Je l'entendis renifler, et elle releva la tête vers moi. Elle avait les yeux rouges et des larmes dévalaient sans cesse sur sa joue.

Entre deux sanglots, elle me répondit :

- C'est Kévin...

J'en étais sûre. Et en même temps, je ne voulais pas entendre ce qu'elle allait m'annoncer. Mais c'était mon devoir de meilleure amie de l'écouter, ça va de soit.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?! Je te jure que s'il t'a fait du mal, je vais le tuer ! Explique moi, Lola !

Un long silence s'installa entre nous, interrompu parfois par les reniflements discrets de ma meilleure amie.

- On s'est disputés, et...

Elle prit un morceau de tissu dans son sac et se moucha bruyamment.

- Et quoi ?

- ...il m'a quittée. Il n'a pas voulu m'expliquer pourquoi, mais je pense que notre dispute était un prétexte pour rompre. J'ai l'impression qu'il fréquente une autre fille.

Je refusais catégoriquement de voir ma meilleure amie pleurer pour un garçon comme lui. Elle sortait avec lui depuis l'année précédente, et bien que je tentais de la raisonner, de lui dire qu'elle méritait largement mieux, elle ne voulait pas m'écouter. Je pense qu'elle a très vite regretté.

- Pardon ?! Attends que je le trouve, l'autre, il va passer un très mauvais quart d'heure !

- Arrête, Adèle...

- Je vais le frapper... Ne t'inquiète pas, je sais très bien viser !

- Adèle !

Je me retournais pour jeter un coup d'œil aux lycéens regroupés dans le hall d'entrée.

Et je ne mis par beaucoup de temps pour voir enfin la cause des pleurs de ma meilleure amie. Je me levais et courais vers lui, Lola sur mes talons, cette dernière tentant de m'empêcher de faire quoi que ce soit. Lui, il parlait et riait avec ses amis comme si de rien n'était. J'étais furieuse.

- Oh, salut, Adèle, tu...

- Qu'est-ce que t'as fait à ma meilleure amie, espèce de bouffon ?! T'es fier ? Elle est en pleurs à cause de toi, et toi, tout ce que tu trouves à faire c'est de taper la discute à tes potes comme si rien ne s'était passé ? Regarde dans quel état tu l'as mise ! T'es qu'un grand malade, un cinglé qui ne pense qu'à sa gueule ! Tu ne t'excuses même pas !

- Adèle... murmura Lola, désespérée.

- Adèle, arrête, s'il te plaît ! cria cette nouvelle voix derrière moi. T'en as pas marre de te faire remarquer ?

Encore lui. Il était encore arrivé comme par magie. Ça l'amusait, de toujours mettre son nez dans les affaires des autres ? Bon, d'accord, j'ai fait la même chose avec Lola, je me suis peut-être permise de régler deux ou trois choses la concernant, mais c'était une autre histoire.

- Et toi, t'en as pas marre de mettre ton nez dans mes affaires et dans celles de ma meilleure amie, Thomas ?! hurlai-je en me retournant et en insistant sur son prénom. Tu sais quoi, tu es la dernière personne que j'ai envie de croiser aujourd'hui ! Alors retourne avec ta copine et laisse moi tranquille !

Thomas garda le plus grand des calmes, s'avança lentement vers moi et me prit le bras avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.

- Lâche moi ! criai-je en tentant de me débattre, mais sa force était trop grande pour moi.

- Adèle, ça suffit ! Viens avec moi.

- Je veux pas te parler !

Thomas me tira par le bras, lorsque je me tus après m'être rendue compte que cela ne servait à rien de se casser la voix, puis m'emmena dans le premier couloir qu'il trouva et me lâcha doucement.

Il attendit que je sois calmée, et posa son regard dur sur moi.

- Qu'est-ce qu'il t'a pris ?

- Ah non ! Ne commence pas à me faire la morale. Laisse moi partir, je t'en prie... Thomas, va-t-en. Ce n'est pas la peine de venir me parler. Tu sais très bien que ça ne plairait pas à ta copine, si elle l'apprenait.

- On ne va pas parler d'elle, d'accord ? Arrête de criser comme ça, ça ne sert à rien...

- Je suis sur le point de craquer...je n'en peux plus. Personne ne m'aime...

- Mais puisque je te dis que je tiens à toi ! Pareil pour Lola et Cléa, elles t'adorent !

- Je n'aurais jamais dû accepter la proposition du C.P.E quand tu es arrivé. Regarde où nous en sommes arrivés. Il faut que ça s'arrête. On doit arrêter de se fréquenter, de se parler, et il faut que l'on essaie de se croiser le moins possible. Je ne veux plus souffrir. Désolée, Thomas. Surtout, profite...tu trouveras mieux que moi... Cléa t'aime, tu l'aimes aussi, alors qui suis-je pour m'interposer dans votre relation ?

Je restais plantée ici, sans prononcer un mot de plus. Plusieurs larmes manquèrent de couler sur ma joue, mais je les retenais avec force. Et je ne me souvenais plus à quel point ça faisait mal de limiter ses pleurs.

- Adèle, attends !

Je sortis du couloir sans me retourner, sans me soucier de ses paroles supplémentaires. J'étais decidée à couper tout élément qui nous liait tous les deux. Définitivement.

Je n'osais plus me demander si je commettais une grave erreur ou si j'avais raison. Mon esprit était trop embrouillé pour cela.

J'entendis des pas derrière moi et c'est alors qu'une main se posa sur mon épaule. Je me retournais sur place...

- Thomas, qu'est-ce que...

Je n'eus même pas le temps de réagir que je fus interrompue.

Je n'y croyais pas.

Thomas venait de poser ses lèvres contre les miennes. Est-ce que cela me déplaisait ? Non, pas vraiment... Mais par principe...je me devais de le repousser, et je soupirais, consciente de cette erreur que constituait cet incident, en baissant le regard, puis je m'enfuis en disant les premiers mots qui me vinrent à l'esprit :

- Très mauvaise idée, Thomas Garnier.

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Hello !

Vous allez bien ?

Alors, vous pensez que ça avance entre nos deux protagonistes, ou que la situation s'aggravera encore plus après cet "incident" ?

Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

Je vous souhaite de passer une excellente journée !

Il a suffi d'un pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant