Chapitre 23 : Mère et fille

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Ma mère gara sa voiture dans l'allée, alors que j'étais toujours là, assise sur les marches du perron, la tête entre les mains. Je levai la tête et la vis. Son regard froid s'appuya sur mes propres yeux, puis sur les larmes qui traînaient lentement sur mes joues roses et qui faisaient couler mon mascara.

- Adèle ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Surtout habillée comme ça ? En plus, tu pleures !

Je sentais que ma mère ne se comportait pas comme d'habitude. Elle était...comme gentille, même si mon apparence comptait toujours plus que tout. "Habillée comme ça". Elle ne pouvait pas s'en empêcher.

- Depuis quand tu te soucies de moi ? Ça t'inquiète, que je sois de mauvaise humeur ? Je sais, tout ça est de ma faute. Si tu ne m'avais pas eue, la vie de chacun ici serait largement mieux... C'est ce que tu m'as toujours dit ! Ce que tu m'as toujours fait comprendre !

Ma mère ne répondit rien. Elle cherchait certainement ses mots.

- Adèle, bien que je ne te l'ai jamais montré, je t'apprécie telle que tu es... Quand tu étais à l'hôpital, inconsciente, j'ai eu très peur. Alors même si je suis stricte, même si parfois je t'oblige à rester à la maison au lieu de te laisser avoir une vie sociale, tu es ma fille et je suis ta mère. Je sais que j'ai été méchante avec toi parce que je pensais que tu avais gâché ma vie et détruit mes projets. Or, je viens de prendre conscience du fait que tu n'y pouvais rien... Et c'est là que je me rends compte que tu es la plus belle chose qui est arrivée dans ma vie.

- C'est vrai, ce que tu dis ?

- Tu m'as déjà entendue mentir ? Non. Tu comptes pour moi, Adèle. Tu es arrivée beaucoup trop vite dans ma vie, et c'est pour cela que je ne t'ai jamais appréciée à ta juste valeur... Pendant des années, j'ai cru que si j'ai sacrifié mon éventuelle carrière d'actrice, c'était à cause de toi... Et je m'en veux de t'avoir fait souffrir. Je me rends compte que je n'ai jamais été là quand tu avais besoin de moi, et je regrette. Je comprendrais si tu n'acceptais pas mes excuses, mais sache que je suis sincère.

Ma mère m'aimait. Elle venait de me le dire, avec certes un peu de maladresse, mais elle avait trouvé les bons mots... Moi qui la détestait... Ce n'était pas elle, la méchante dans l'histoire, finalement. Enfin, peut-être pas. C'était certainement moi qui l'avais comparée à la mère idéale, et qui m'était aperçue qu'elle était bien loin du compte. Que je le veuille ou non, elle était tout de même ma mere. Oui, elle a énormément de défauts, mais j'avais l'impression qu'elle essayait de les corriger comme elle le pouvait...

- Bon, peut-être que c'est un peu tôt pour toi, mais si tu veux me parler de tes problèmes, je suis là. Je ne t'ai jamais soutenue, je ne sais même pas si tu vis bien le lycée... Mais maintenant je serais prête à tout pour modifier cela. Je veux être une mère pour toi. Tu vas peut-être trouver ça culotté, mais il fallait quand même que je t'explique ce que je ressens, ce que j'ai toujours ressenti même si je l'ai toujours caché.

- Merci, maman...

- Allez, monte te coucher, il se fait tard et tu as cours demain.

- Je ne veux pas y aller... J'ai peur.

- Tu veux m'expliquer ?

Pour toute réponse, je me levai et ouvris la porte. Je lui demandais de s'asseoir dans le canapé et de m'attendre.
Pendant ce temps, j'enfilais un t-shirt rouge et un short noir en guise de pyjama. Je pris une douche rapide et me lavais le visage en à peine quinze minutes. Ensuite, je revenais dans le salon pour discuter avec ma mère. J'étais tellement contente de l'avoir retrouvée...

- Qu'est-ce qu'il se passe, ma fille ?

J'hésitais à dévoiler tous mes sentiments devant une personne qui ne m'a jamais parlé vraiment. Qui ne m'a jamais écouté comme son rôle de maman aurait dû l'exiger. Mais à présent, je sentais que j'en avais besoin, et que l'occasion était à saisir.

- Je vais tout te dire.

C'est alors que j'ai commencé à parler des moqueries, des insultes, de l'arrivée de Thomas, du fait que nous sommes devenus amis, que j'ai fini par tomber amoureuse de lui, que sa copine l'a découvert, que j'ai brisé leur couple et notre amitié au passage, et que si je retourne au lycée, je vais passer un très mauvais quart d'heure.

Cela me faisait du bien d'enfin pouvoir en parler à quelqu'un. C'était la première fois que l'on m'écoutait vraiment. A part Lola et Thomas...

Ma mère cacha tant bien que mal sa mauvaise humeur, comme si elle se retenait de me dire quelque chose qui n'allait certainement pas me plaire, comme d'habitude. Je savais qu'évoquer un garçon n'allait pas la satisfaire. Mais je saluais ses efforts. Était-elle vraiment honnête dans tout ce qu'elle disait ?

- Adèle... Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? J'aurais pu t'aider...

- Non, tu n'aurais pas pu. Car tu étais tellement concentrée sur ton travail, tu le faisais toujours passer avant moi... Tu ne peux pas savoir à quel point ça m'a fait mal d'être rejetée.

- Si, je sais très bien. J'ai reproduit ce que j'ai connu, Adèle. Je n'ai pas reçu d'amour de mes propres parents et je n'ai pas su t'en donner. J'en suis terriblement désolée...

- Pardon...

- C'est moi qui doit m'excuser. Je te promets que j'essaierai d'être là pour toi...

Je souris et lui souhaitai bonne nuit, avant de monter dans ma chambre. Je savais que je n'allais pas réussir à trouver le sommeil. J'étais déprimée, je n'avais plus le goût de rien.

Je m'appuyais sur le rebord de la fenêtre et observait le ciel étoilé. Ensuite, mon regard se posa sur la fenêtre en face. Celle de la chambre de Thomas. Dire qu'à l'intérieur, il y avait un garçon que j'avais blessé sans m'en rendre compte...
Au lieu de nous rapprocher, je nous ai encore plus éloignés... J'avais encore approfondi une blessure dans mon coeur et aussi dans le sien...

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Hello !

Comment allez-vous ?

J'espère que le chapitre vous a plu.

Qu'avez-vous pensé de :

• la discussion mère-fille ? Est-ce que la mère était sincère, d'après vous ?

• le paragraphe de fin ?

Je remercie les personnes qui me suivent, et même si elles sont peu nombreuses, je suis très contente !

J'attends vos retours avec impatience.

Bonne journée/soirée !

Il a suffi d'un pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant