Ce matin, je m'étais réveillée du bon pied, d'assez bonne humeur. J'avais essayé de prendre soin de moi ce jour-là. Je veux dire...en partant de mon physique pour réparer mon moral. Ce qui n'était pas chose simple à cause de la faille qui fissurait mon esprit depuis si longtemps.
Je me maquillai soigneusement grâce aux affaires de ma mère, qui n'était même pas au courant que je les lui avais empruntées, et pris le temps de lisser mes cheveux blonds.
J'avais envie de paraître jolie, enfin...à mon goût, je ne l'étais pas, même coiffée, même maquillée. Je n'avais aucune confiance en moi, le regard et le jugement des autres me l'avait fait perdre. Et j'en avais conscience. Je ne sais pas si c'est mieux ou pire...Le plus souvent, j'étais inquiète de devoir remettre les pieds au lycée. On ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait, mais moi, j'y pense tout le temps.
Et si je ne recevais jamais ce cadeau du destin ?
J'aurais voulu me sentir mieux dans ma peau, mais c'est plus facile à dire qu'à faire... Vous savez, lorsque quelqu'un vous reproche, vous insulte, vous rabaisse et vous met plus bas que terre, vous avez envie de disparaitre, de ne plus exister, d'oublier tous ces malheurs de la vie...
Une fois légèrement apprêtée et vêtue simplement d'un top noir et d'un jean blanc, et mon sac préparé, je descendis l'escalier pour me diriger à l'arrêt de bus. J'allais certainement y rencontrer Thomas, vu qu'il m'avait fait part de ses trajets et m'avait même proposé de me ramener avec lui. Je sais, il me considérait déjà comme une amie. Enfin, j'espère que c'était le cas...
Or, rien de ce que j'imaginais ne se produisit. Au contraire, une émotion inconnue m'envahit. Une émotion que je n'osais pas accepter ni ressentir. Ma rétine me brûla et pourtant je ne pouvais m'empêcher de jeter un nouveau coup d'œil à la scène en face de moi.
Un garçon de profil, que je ne tardais pas à reconnaître, venait d'embrasser une fille sur la joue en attendant le bus...Enfin, est-ce que j'avais bien vu ou était-ce mes yeux qui me jouaient des tours ?
Pourquoi réagissais-je comme cela ?Inspire, expire, Adèle. Voilà, tout va bien... Enfin, presque.
Au moment le plus déplaisant pour moi, le garçon qui, comme vous l'aurez deviné, est bien Thomas Garnier, se tourna vers moi. La fille en question était entourée de ses bras, et je ne sais pourquoi, mais ce même sentiment m'emplissait intérieurement à nouveau.
Que m'arrivait-il ?
Ce n'était pas possible que je ressente le moindre sentiment pour lui, je n'étais pas ce genre de filles possessives, qui demandent des comptes alors que personne ne leur en doit et qui sont jalouses au moindre fait et geste d'un garçon. Que les choses soient bien claires, ce n'est pas un sentiment d'affection lié à l'amour que je ressens pour Thomas. C'est juste un ami pour moi.
Il a le droit de passer son temps libre avec qui il veut, ce n'est pas mon problème après tout. Je voulais ne rien ressentir, accepter le fait qu'il traine avec une autre fille que moi, mais je ne comprenais pas pourquoi mon esprit me demandait le contraire... Je n'étais aucunement destinée à cela, je voulais m'en convaincre.
Thomas me scrutait du coin de l'œil, la fille toujours enlacée dans ses bras. Cela faisait bien plus d'une minute que je restais donc comme cela, à observer ce qui ne me concernait absolument pas.
Thomas desserra l'étreinte avec la fille et je me sentis impuissante. Mais pourquoi donc ? Je n'étais pas amoureuse. Je me l'interdisais. Je n'étais absolument pas destinée à cela, je ne faisais entièrement confiance à personne, je m'étais habituée à la solitude, à régler mes problèmes toute seule, sans aucun soutien. Je pensais que j'allais vivre toute mon existence sans personne à mes cotés, sans personne pour me rendre heureuse, sans personne qui ne tiendra à moi, sans personne qui restera à mon chevet jour et nuit en pleurant lorsque mon heure sera venue de quitter ce monde sans saveur. Tous les jours, la même question me revient en tête.
Est-ce qu'un jour, quelqu'un pensera à moi lorsque je serai au plus mal ? Cette question demeurera sans réponse...
Thomas me fit discrètement signe de venir.
Je mis un certain temps avant de commencer à avancer. Mes jambes tremblaient, la fille était toujours là et j'avais peur de ce qui allait se passer.
J'avais un mauvais pressentiment, je ne me sentais pas bien. J'étais obligée de faire le premier pas...au sens propre du terme...pour le rejoindre. Qui était cette fille ? Elle devait elle aussi être élève au lycée. Il me semble que je la connaissais seulement de vue au collège. En même temps, il est évident qu'elle ne passait pas inaperçue, surtout auprès des garçons...
C'était une fille aux cheveux roux, assez grande, fort maquillée, et vêtue d'une manière très extravagante : veste denim colorée par dessus un top beige, jean délavé à trous, et cuissardes rose bonbon dont les talons faisaient au moins quatre centimètres.
Je n'appréciais pas trop ce genre de filles ; celles qui ont besoin de se couvrir le visage de fond de teint, de s'habiller de façon assez indécente, pour se trouver belle. Même si moi, j'avais besoin de me servir de ces artifices, je n'en faisais jamais des tonnes comme elles. Malgré le fait que je voulais cacher des choses aux autres, je ne voulais pas sembler "fausse".
Car cette fille qui accompagnait Thomas n'était pas elle, à cause de tous ces filtres : maquillage, habits extravagants, et j'en passe. Ce que je pense n'est pas une critique, juste le fait qu'au fond, peut-être que ces filles ont besoin de fausser leur apparence pour que les autres les remarquent... Après tout, je n'en savais rien...
Pour moi, dans tous les cas, ça ne changerait rien...
Je baissais les yeux et finit par traverser la route sans regarder autour de moi, sans faire attention. Un crissement de pneus retentit soudainement quelque part... Et là, c'est le noir.
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Il a suffi d'un pas
Romance"N'oublie pas que je suis là. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, je serai avec toi. Ne laisse pas les autres consumer les sentiments que l'on ressent l'un pour l'autre aussi facilement." •~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~• Adèle, c'est une a...