PDV Thomas - Vendredi, Jour 3
J'attendais patiemment à l'arrêt de bus, silencieux, avec Robin. Sous la pluie.
Mon sac à dos à mes pieds, je ne pensais à rien, sauf à tout ce qui m'attendait au lycée. En regardant mon téléphone ce matin-là, j'avais vu tous les messages et appels que j'avais manqués : un appel et un message vocal d'Adèle, un SMS de Jenny, deux de Lola, et un de Kate, tous sur le groupe que nous avions créés ensemble.
Je portais le téléphone à mon oreille pour écouter le message d'Adèle, en ne faisant pas attention au sourire en coin de Robin, qui entendait lui aussi le vocal.
"Salut Thomas, c'est Adèle. Enfin...tu l'as bien vue, c'est marqué sur ton répertoire ! Désolée, je perds un peu mes moyens... Bref. Je voulais juste savoir si tu allais bien, prendre des nouvelles de toi, quoi.
En fait, la dernière fois qu'on s'est vraiment parlés, tous les deux, ça remonte à notre dispute d'hier. Voilà, en fait, c'est juste un prétexte pour te reparler un peu de ce qu'il s'est passé. C'est pas un message d'excuse. Hier, je voulais juste que tu comprennes à quel point j'avais eu mal au cœur ces temps-ci. Et c'était notre faute à tous les deux. Mais je ne crois absolument pas en le fait que nous ne sommes pas faits pour traîner ensemble.
Là, je ne te parle pas d'amour, car j'y ai renoncé, à vrai dire. Je sais qu'entre nous ce n'est pas possible, et je l'accepte, même si c'est dur. Et j'avais une chose à te dire, et le seul moment que j'ai trouvé pour te dire cette chose-là, c'est maintenant, par message audio. Je sais, c'est lâche, mais c'est plus simple. Car je n'aurai pas le courage plus tard, ni au lycée, ni ailleurs.
Bref. Je sais, je sens, que je ne tomberais amoureuse de personne d'autre que toi. L'amour, c'est avec toi que je le partagerai, avec personne d'autre. Toi ou rien. C'est pathétique de dire ça, quand on sait que le destinataire ne veut pas de nous...
Mais dans tous les cas, je sais que tu ne m'aimes pas, que notre relation est bizarre mais c'est parce qu'on le veut bien, au fond. Et tu l'as dit toi même, tu ne sais même pas ce que tu ressens. Et j'attendrai. Encore et encore, jusqu'à ce que le moment soit le bon, même si ce moment n'arrive jamais. C'est peut-être idiot, mais c'est la seule conclusion que j'ai réussi à établir.
En revanche, je ne veux pas que tu me mentes. Je suis forte, et si tu me dis que tu ne m'aimes pas, alors je ne te force pas la main. Je ne veux pas que tu aies pitié de moi, surtout. J'ai horreur de la pitié.
Bref...oui, je dis beaucoup ce mot, mais c'est parce que je stresse. Je voulais juste te dire que je suis prête. Je veux rester amie avec toi, ta meilleure amie, ta confidente si tu en as besoin, plus si tu veux, et même si notre relation n'est pas celle que j'espérais, je serai toujours la plus heureuse quand on passera des moments ensemble. Comme avant. Car c'est ça, un coup de foudre amical, non ? C'est toi même qui me l'a dit, le jour où on s'est rencontré dans le bureau de Mr Black.
Bon, je vais m'arrêter là avant de pleurer, et je suis sûre que je vais saturer ta messagerie, mais tant pis. Ça en vaut la peine, j'en suis certaine.
En juste quelques mots : tu es l'une des plus belles rencontres que j'ai faites. Et je ne veux pas que l'on gâche tout ça en se faisant du mal. On sera prêts quand on sera prêts. Ou alors on ne le sera jamais. C'est tout. Point barre.
Merci d'être là, Thomas, juste merci, parce que tu as fait bien plus que tu ne le crois pour moi.
Allez, à demain ! Et surtout, Robin et toi, ne loupez pas le bus ! "
La voix d'Adèle finit par laisser place à un silence pesant dans la rue, rapidement rompu par Robin.
- Si ça, c'est pas une déclaration, alors je suis la reine d'Angleterre !
Je ne savais pas quoi dire. Mes membres étaient désormais paralysés, comme si les mots d'Adèle avaient eu le pouvoir de m'immobiliser. Je ne pensais pas une seule seconde que j'allais un jour recevoir un message qui allait autant me bouleverser. Mon cœur était tout retourné et il tambourinait très fort.
- Elle est...
- Géniale, tu peux le dire, compléta Robin. Si Jenny m'avait envoyé un message comme celui-ci, j'aurais pleuré direct ! Non, mais avoue que là, tu ne peux pas rester sans rien faire. Tu n'as toujours aucune idée de ce que tu ressens pour elle ?
Je soupire, et j'hésite.
- Non. Aucune. En fait, je crois que j'ai peur de l'aimer.
Ma réponse est honnête au moins à moitié. Je sais que j'ai peur. En revanche, est-ce que j'ai autant de doutes qu'avant ? Mon cerveau tente de déchiffrer ce que lui dit mon cœur. Chargement en cours. Déconnexion du système. Bug total.
- Parce que tu penses que vous allez encore plus vous faire du mal ?
- Peut-être. Mais j'ai tellement essayé de me cacher derrière le fait que je pourrais éventuellement l'aimer que maintenant, c'est comme si je ne pouvais plus faire un pas en avant.
- Je comprends. Elle est intelligente, Adèle. Prends le temps qu'il te faut. Elle l'a dit, elle t'attendra.
Je soupirais, n'ayant plus la force de parler tellement la déclaration d'Adèle m'a fait l'effet d'un coup de poing dans le visage. La douleur en moins, mais avec autant de surprise. Même si je me sentais coupable, aussi.
Nous finissions par nous lever lorsque le bus arriva dans l'allée et s'arrêta juste devant nous.
Je fus le premier à m'engouffrer dans le véhicule, suivi de près par mon ami.
Nous nous installions au fond, loin d'un groupe de collégiennes qui chantonnaient.
Je posais ma tête contre la vitre, sans parler. Robin comprit qu'il valait mieux me laisser dans mes pensées, et il écouta de la musique avec son casque sans plus attendre.
Le paysage de novembre défilait sous mes yeux, et je me surpris à aimer observer les feuilles jaunes des arbres qui se trouvaient au bord de la route.
Je repensais à tout ce qu'il s'est passé ces dernières semaines : le jour où je suis arrivé au lycée où j'ai fait la rencontre d'Adèle, dans un univers que je ne connaissais pas, le jour où j'ai vu Cléa pour la première fois, la rééducation d'Adèle après son accident, le baiser, l'arrivée des correspondants, ses bagarres, les multiples discussions, la dispute, son message. Enfin, je ressassais tout ce que j'ai vécu depuis que je suis là. Ma vie a bien changé, j'ai rencontré des gens qui ont chamboulé mon quotidien du jour au lendemain. Car au final, sans eux, je ne suis rien.
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Hello ! Comment allez-vous ??
Bon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Franchement, je crois que c'est l'un des chapitres que je préfère, dans tous ceux que j'ai écrit pour le moment. Et j'avais trop hâte de vous le partager !
J'espère que vous passez une bonne journée/soirée !
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Il a suffi d'un pas
Romance"N'oublie pas que je suis là. Quoi que tu dises, quoi que tu fasses, je serai avec toi. Ne laisse pas les autres consumer les sentiments que l'on ressent l'un pour l'autre aussi facilement." •~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~•~• Adèle, c'est une a...