Chapitre 8 : Réveil

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Une larme coulait sur ma joue et je regardais le ciel à travers la fenêtre. C'était depuis là haut que mon frère me regardait, à présent. J'étais toujours dans cette chambre d'hôpital, la main d'Adèle serrée dans la mienne.

Elle ne se réveillait pas, j'avais peur que cela ne soit jamais le cas. Elle avait été dans un sale état lorsqu'elle a été renversée par la voiture... j'essayais de me montrer optimiste mais j'avais peur... La sonnerie monotone des respirateurs me hantait. Je ne savais depuis combien de temps je me trouvais ici, seul, à contempler son visage et la fenêtre, tour à tour. Elle est l'une de mes meilleures rencontres, j'en étais certain.

C'était de ma faute si elle était dans cet état. C'est moi qui l'ai mise de mauvaise humeur, à cause du bisou de Cléa à l'arrêt de bus ce matin. Elle l'avait vu et j'aurai du faire plus attention. Mais après tout, Adèle était mon amie et je n'avais aucun compte à lui rendre. Non, ce n'est pas de ma faute... Elle ne m'aime pas, donc je ne vois pas pourquoi elle aurait été jalouse. Enfin, j'espère...

Soudain, la porte s'ouvrit sur une femme qui m'était inconnue. Je la détaillais, et remarquais qu'elle ressemblait étrangement à Adèle : ce devait certainement être sa mère. La femme dont elle m'avait parlé. Celle qui n'avait jamais voulu d'elle, apparemment. Celle qui lui avait fait vivre l'enfer.

La femme entra dans un silence, avec pour unique son les claquements de ses talons sur le sol de l'hôpital.
Elle posa d'abord son regard sur sa fille et écarquilla les yeux. Puis, elle me fixa. Ses yeux traduisaient un état de froideur intérieure, des sentiments de tristesse et certainement une pointe de colère à mon égard, tout ce qu'elle essayait de cacher. Mais les yeux parlent, de toute manière.

Elle s'assit sur une chaise placée à côté du lit. Je ne m'attendais pas à la voir poser une main sur les cheveux d'Adèle pour les caresser, ni à apercevoir l'autre serrer la deuxième main de sa fille encore inconsciente.

Elle ne se souciait plus de moi. Je finis par repérer une larme se frayer un chemin sur le visage de cette femme stricte, faisant couler légèrement le mascara de cette dernière.

- Adèle, réveille toi..., murmura-t-elle. J'ai peur... Tu sais, ce n'est pas parce que je n'ai jamais voulu de toi que je ne t'apprécie pas. Je tiens à toi, Adèle.

Si seulement elle pouvait le lui dire en vrai...cela ferait un bien fou à l'une comme à l'autre.

J'étais désormais galvanisé par la peur. Inquiet par l'état d'Adèle. Animé par une énergie soudaine. Je voulais être présent pour Adèle, et ce pour toujours.

PDV Adèle

Les voix étaient maintenant bien distinctes. Je parvins à reconnaître l'une d'elles, que je ne connaissais que trop bien. Ma mère, qui me disait qu'elle m'aimait. À moins que j'hallucine, cette situation ne s'était jamais produite auparavant. Ma mère qui me montrait enfin une marque d'affection...
C'est alors que je n'entendis plus rien. Je ne pensais plus. Un vent se glissa dans mes cheveux...et j'eus l'impression de revenir à moi.

•~•~•~•

J'ouvris les yeux avec difficulté.  Cela suffit pour voir que d'un côté se trouvait ma mère, et de l'autre, Thomas. Où étais-je ? Je ne me rappelle de rien. Au bout d'un certain temps, je vis une perfusion liée à mon bras par un fil, en dessous de mon cathéter. J'étais à l'hôpital. Mais je ne parvenais pas à me souvenir de la raison pour laquelle j'étais ici, ni de la durée. Est-ce que j'avais entendu des gens parler pendant mon "sommeil" ? Peut-être, mais je ne m'en rappelais pas.

Ma mère et Thomas avaient detourné le regard, et aucun des deux n'avait vu que je m'étais réveillée.

Je tentais de bouger le bras, mais... Aïe !
Le petit cri de douleur que je poussais attira l'attention des deux personnes qui se fixaient sans rien dire.

C'était...malaisant.

- Adèle ! Tu es réveillée, s'écria Thomas en bondissant et en me prenant dans les bras.

- Fais attention à ne pas me faire mal, s'il te plaît !

- Ne t'inquiète pas, oh !

- Je t'ai manqué ?

- Absolument pas ! Tu n'es pas indispensable ! déclara-t-il en souriant bêtement.

- Imbécile, va !

Il gloussa, et il fallait dire qu'il avait vraiment un rire communicatif : il avait réussi à faire sourire ma mère. Mais en regardant plus précisément le visage de Thomas, je repérais des plaques rouges en dessous de ses yeux. Il avait pleuré.

- Thomas, tout va bien ?

Il jeta un coup d'oeil à la fenêtre... et il réalisa que ma mère et moi étions en train de l'observer, alors il reprit ses esprits et se tourna à nouveau vers moi.

- Oui oui, tout va bien.

- Mais...commençais-je sans trop savoir quoi dire. Tu as pleuré...

- Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. Je t'expliquerai... et puis, de toute façon, le plus important, c'est que tu sois là, avec nous, en vie. N'est-ce pas, Madame Roberts ?

Ma mère acquiesça en hochant la tête et en laissant apparaitre un léger sourire sur ses lèvres.

Elle n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle était à l'intérieur de ma fameuse chambre d'hôpital. Elle se contentait juste de serrer ma main, et de me caresser les cheveux. Elle regardait dans le vide. Peut-être qu'elle non plus ne savait pas quoi dire.

J'espérais qu'elle culpabilise, qu'elle se soit rendue compte qu'elle aurait pu me perdre aussi rapidement. Me perdre, alors qu'elle n'a pratiquement jamais été là pour moi quand j'avais besoin d'elle. Je voulais apercevoir dans ses yeux une lueur, qui pourrait me donner plus facilement une indication sur ce qu'elle ressentait.

Elle resta assise, immobile, les jambes croisées mais son regard se portait sur moi. Elle fixait mes yeux, et je faisais de même avec les siens. Je sentais enfin un soupçon d'affection de sa part, alors que d'habitude son regard était vide, sans émotions. Au fond, n'était-ce pas ce qu'elle essayait de cacher depuis tout ce temps ?
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Hello !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

J'avais l'intention de publier aujourd'hui, plus tôt, mais étant donné que j'ai passé mon oral du brevet et que j'ai été occupée par la suite, je n'ai pas vraiment eu le temps de corriger le chapitre...

Bonne journée, et merci d'avoir lu jusqu'ici !

Il a suffi d'un pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant