Chapitre 4 : Sanglots

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PDV Thomas

Nous étions enfin arrivés dans le centre ville. Le silence était si pesant que je n'osais entamer une discussion avec Adèle. Elle me semblait si...inaccessible ! À vrai dire, je ne la connaissais pas vraiment, et il s'avérait normal qu'elle se méfie ou qu'elle ne m'accorde pas sa confiance tout de suite.

J'avais comme l'impression qu'elle avait construit des barrières infranchissables autour d'elle après avoir vécu tout ce qu'elle a été contrainte de subir. Pourquoi avais-je la sensation de connaître Adèle depuis toujours ?

Parfois, la malchance s'abat sur les mauvaises personnes, celles qui avaient la force d'avancer, mais aussi celles qui ont été affaiblies, et obligées de se forger elles mêmes un bouclier pour se protéger au mieux des mésaventures que la vie sème sur leur passage.

Et pour cela, Adèle a certainement dû fait comme elle a pu. Elle a dû tant essayer de se battre que la force qu'elle pouvait faire ressortir avant lui a été ôtée trop brutalement.

Elle ne devait certainement pas mériter ça.

Certes, je ne la connaissais que depuis... ce matin, mais j'avais l'impression d'être connecté à elle. Comme si je l'avais rencontrée depuis bien plus longtemps.

Cette fille m'intriguait. Elle n'était pas comme les autres, cela se sent immédiatement. Elle ne faisait pas attention à son apparence, elle ne parlait à personne et était dans la lune 24h/24. Et pourtant, elle était l'une de celles que je trouvais la plus intelligente. Non, je n'étais pas attiré par elle ni amoureux. Je trouvais juste qu'elle était...différente, et cela me plaisait.

Nous atteignons assez rapidement notre destination, toujours aucun mot n'étant sorti de nos bouches. Nous apprécions le silence tant il était rare dans cette ville, mais cette fois-ci il n'y avait personne, comme si la rue était à nous.

Adèle était une fille mystérieuse. Ses yeux clairs m'éblouissaient. Et il faut le reconnaître, elle est plutôt jolie. Bon, d'accord, elle est même très belle, mais ce n'était qu'un simple constat. Rien de plus.

Sa personnalité me plaisait même si je ne connaissais rien d'elle. À part sa souffrance. Voilà un point commun entre nous...

Je ne sais pourquoi, mais sentir la présence d'Adèle à côté de moi me faisait plaisir, bien que cette dernière était comme...éteinte. Son esprit ne répondait plus, elle était déconnectée du monde extérieur comme si plus rien ne l'intéressait autour d'elle.

J'étais curieux de savoir ce qu'elle imaginait, ce à quoi elle pensait, mais je ne voulais pas la blesser en posant la question et en me montrant trop indiscret.

Elle prit soudain de l'avance sur moi, marcha de plus en plus rapidement et entra dans le café bien avant moi, sans dire un mot. Elle claqua la porte derrière elle violemment. Je me demandais ce qu'il lui prenait soudain, pour qu'un élan de colère surgisse hors d'elle d'un seul coup, sans qu'elle ne dise rien.

Lorsque j'entrai dans le café, je ne la vis plus. Je regardai tout autour de moi mais pas d'Adèle à l'horizon.
Je me dirigeai vers le barman, qui repéra alors mon air inquiet et vient à ma rencontre.

- C'est vous, le copain de la fille qui vient d'entrer en pleurant ?

- Pardon ? Euh...non. Juste une connaissance.

- Si vous la cherchez, elle est partie se réfugier aux toilettes.

Il me fit un clin d'œil que j'eus du mal à déchiffrer...d'accord. Le message est passé.

J'allais alors vers les toilettes du café. La seule cabine occupée était forcément celle d'Adèle. Je collais mon oreille contre la porte pour entendre si elle pleurait encore. Oui, en effet. Décidément, elle devait être vraiment susceptible. Ou juste sensible comme toute autre personne le serait dans sa situation.

D'ailleurs, elle n'avait jamais voulu en parler, à part dans les grandes lignes. Je n'étais pas bien placé pour qu'elle me raconte tout... Je la comprenais, on ne se connait que depuis hier, c'est certainement beaucoup trop tôt pour elle. Et pour une personne comme elle, il lui faut un temps d'adaptation, ça va de soit.

C'est alors qu'elle prononça une phrase à laquelle je ne m'attendais absolument pas.

- Pas discret, Thomas. On voit tes pieds en dessous de la porte.

- Oups...démasqué !

J'entendis un léger rire. J'étais content, j'étais parvenu à lui remonter un peu le moral alors qu'il devait être au plus bas actuellement.

- Bon, tu sors ? Ma mère va faire une crise d'angoisse si je ne reviens pas avec toi saine et sauve. Elle t'apprécie, j'ai l'impression.

Adèle ne répondit pas. J'entendis à nouveau des sanglots et des pleurs. Je venais encore de faire une erreur.

PDV Adèle

La seule personne qui m'appréciait est la mère d'un ami. C'est quand même malheureux... Est-ce normal que l'on se sente aimé par quelqu'un d'autre que par ses propres parents ? Que par sa propre mère ? Celle qui nous a porté pendant neuf mois et celle qui est censée nous donner tout l'amour profondément caché dans son coeur ?

J'aurais tellement aimé avoir cette chance, moi aussi, de grandir dans une famille aimante...

Thomas m'attendait, mais je ne voulais pas sortir. Je souhaitais être seule, comme lorsque je me sens très triste, malgré le fait que j'aimais bien ressentir la présence de mon ami. À part Lola, il est le seul à vouloir connaître mes problèmes. Et pourtant, je ne le connaissais que depuis ce matin. Je pensais qu'il devrait me donner quelques leçons de sociabilité, ça ne me ferait pas de mal.

- Et ma mère, alors ? Tu crois que je ne vais pas me faire gifler en rentrant ? T'inquiète, j'ai l'habitude. Ta mère est géniale, tu es un garçon génial...et moi je n'ai rien de tout ça. Pas de parents, peu d'amis. Presque rien. Merci d'être là, Thomas.

Son attitude silencieuse de l'autre côté de la porte me faisait deviner qu'il était à la fois gêné et fier. Ses joues devaient être roses à l'heure qu'il était. Oh, juste une supposition. Mais qui a plus de chances de se réaliser que l'inverse...

- Y a pas de quoi ! Un garçon génial, ami avec une fille géniale. Quoi de mieux ?

- Je dois vraiment répondre ?

- Comme tu veux.

J'ouvris la porte, et baissais aussitôt le regard. Je devais être horrible à voir. Vous savez, je ne fais certainement pas partie de ces filles qui sont mignonnes quand elles pleurent. Je ressemble plutôt à un extraterrestre tout droit sorti de Mars. Bon, j'aurais pu quand même trouver une meilleure comparaison... Je ne comptais pas fournir des efforts pour ça.

Thomas sourit et me fixa, ce qui me fit relever la tête vers lui. Aussitôt, j'orientais mon regard autre part pour ne pas le plonger dans le sien.

Ce type dégageait vraiment une excellente humeur, un mental d'acier, un moral indéfaillible...il arrivait à me faire penser à autre chose sans rien me demander en retour. Il me faisait rire même lorsque j'étais au plus mal.

C'est le début d'une vraie amitié. En tout cas, je l'espère.

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Hello !

Voilà encore un nouveau chapitre, un peu court, juste histoire de remettre un peu le contexte en place.
Cette semaine, j'en ai publié quatre, mais je compte n'en publier plus que deux par semaines en fonction de mon temps libre... (j'espère que ça ne vous dérange pas)

Que pensez vous de ce chapitre ?

Merci d'avoir lu jusqu'ici !

Il a suffi d'un pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant