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Des pages blanches

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Des pages blanches.

Des lignes noires.

Des numéros à dix chiffres.

Des adresses par milliers.

Des noms. Beaucoup trop de noms.

Un océan de vies, de villes.

Un océan dans lequel Sidjil se noyait depuis maintenant cinq heures.

Sans jamais trouver l'horizon.

Il se sentait perdu, seul et surtout terriblement inutile.

Dire qu'il parcourait ces centaines de pages depuis ce matin sans rien trouver pendant que l'autre était chez ses amis.

Il se sentait con aussi. Mais ça, il ne saurait pas vraiment dire pourquoi.

Il pleuvait encore sur Paris. Il pleuvait aussi dans son cœur.

« Mais où est passé le soleil » se lamentait-il sans cesse.

Il était là, las.

Le grand canapé de son hôte lui apportait le réconfort minimum dont il avait besoin. Même cet appartement, auquel il s'était finalement habitué, le rendait morose aujourd'hui.

Enfin, aujourd'hui serait un euphémisme, non, son humeur morne l'habitait depuis plusieurs semaines déjà. Il était en proie à des contradictions fatigantes, et fatigué comme il était, il n'avait pas la force d'aller de l'avant.

Voyez, tantôt, il trouvait en cet appartement un refuge doux et agréable dans lequel échapper à la démesure de la capitale, tantôt, il s'y sentait piégé, enfermé vide. Il avait, dans un moment de réflexion intime, sérieusement pensé à déménager. Vivre ailleurs à Paris ou retourner dans son sud natal.

Maintenant que le dossier était ouvert, rester ici n'était plus... vital. Pourtant, à peine cette pensée avait été créée qu'elle s'était faite balayée par un visage, un sourire, une voix, un souvenir. Et ce souvenir, le passé brumeux d'une danse à deux, avait sur lui un pouvoir trop important pour qu'il puisse partir. Il se sentait appelé par cet appartement, par cette ville, par lui. Mais il ne se l'avouera jamais.

Comment croire, penseriez-vous alors, qu'une telle attraction soit réelle, véritable ? Nous vous répondrons que nous ne sommes que les humbles passeuses de cette histoire. Il faudra nous faire confiance sur ce coup-là et sur bien d'autres encore à venir. Mais revenons à notre océan, à la morosité de ce salon et à l'humeur désastreuse de Sidjil.

Le journaliste épluchait donc depuis des heures les milliers de noms des Pages Jaunes à la recherche de tout ce qui pourrait leur servir. Un nom en J, une adresse, un numéro de téléphone, un coupable.

De ces longues heures inintéressantes, il avait tiré une liste d'une dizaine de noms. Son après-midi allait consister à approfondir le passé et le présent de tous ces personnages.

L'affaire [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant