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            L'attente avant que la porte d'entrée ne s'ouvre enfin sembla durer une éternité pour le journaliste, qui se retenait tant bien que mal de fuir en courant

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            L'attente avant que la porte d'entrée ne s'ouvre enfin sembla durer une éternité pour le journaliste, qui se retenait tant bien que mal de fuir en courant. Il en venait même à espérer qu'elle ne soit pas là, ou qu'il se soit trompé d'adresse. N'importe quoi qui aurait pu diminuer son stress. Maxime n'avait jamais été quelqu'un de vraiment courageux ; du moins, il était très anxieux, ce qui n'aidait pas à faire preuve de bravoure.

            Après deux minutes, qui lui semblèrent durer quinze, Maxime préféra se convaincre qu'elle n'était pas là. En vérité, l'attente, mêlée à l'euphorie et à la peur, embrouillait son esprit, au point qu'il n'arrivait plus à réfléchir correctement. Il voulait vraiment faire demi-tour. Il pourrait rentrer à sa chambre d'hôtel, enfin envoyer un message à Sidjil, qui refusait manifestement de quitter ses pensées, pour lui dire où il était, puis il l'attendrait. Allongé dans son lit, comme une épave — bien que le brun préférait se dire comme une personne qui attendait quelqu'un depuis longtemps et qui commençait à désespérer —, il ne bougerait plus jusqu'à ce que le beau brun toulousain ne revienne à lui.

            Alors, sans aucun doute, Maxime l'attraperait par la nuque pour lui offrir le baiser de sa vie. Peut-être que ce baiser les amènerait à s'allonger tous les deux dans son lit pour continuer à s'embrasser paresseusement. Ils resteraient ainsi un nombre encore indéterminé de jours, puis ils retourneraient devant cette putain de porte, à deux, pour sonner.

            Ou alors la porte pourrait s'ouvrir avant que Maxime n'ait osé se retourner pour partir.

            Et comme le Parisien n'était pas très bon pour prévoir l'avenir, c'est ce qui arriva. La porte s'ouvrit sur une femme dans la trentaine, aux cheveux bruns et aux yeux bleus. Il n'y avait aucun doute sur son identité, mais par acquis de conscience, Maxime demanda :

            « Honorine Janowski ? »

           La connaissance de son nom de famille par l'inconnu devant elle fit froncer les sourcils à la brune. Elle n'aimait pas du tout cela. La dernière fois qu'un inconnu était venu la voir de cette manière, il avait écrit un article sur la honte qui devait peser sur sa famille maintenant qu'une de leurs filles était lesbienne. Ce jour-là, elle avait fait l'erreur de trop parler, et son père le lui avait fait payer cher. D'abord parce qu'il avait été très difficile pour lui d'étouffer l'affaire, ensuite parce que cet article lui rappelait une chose qu'il ne voulait ni voir ni savoir : sa fille était lesbienne.

            Ainsi, Honorine n'était pas du tout ouverte à la discussion lorsqu'elle vit le regard plein d'espoir de ce rapace de journaliste. Si les journalistes étaient maintenant capables de venir la chercher jusque dans un petit village perdu de Bretagne, alors le respect qu'elle pouvait encore avoir pour certains d'entre eux partait aux oubliettes.

            D'ailleurs, comment avait-il obtenu son adresse ?

            En voyant le visage fermé de la brune et ses yeux qui s'assombrissaient, Maxime se dit qu'il aurait vraiment dû partir plus vite et envoyer ce foutu texto à Sidjil. Il se dit aussi qu'il aurait vraiment dû soigner son entrée.

L'affaire [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant