L'affaire [Djilsime]

➢ 14³

 " Agathe ? 

—  Sidjil ? "

***

            Sidjil s'était enfermé dans la chambre d'ami depuis maintenant quatre bonnes heures. 

            Son face-à-face avec Agathe l'avait tellement déstabilisé qu'il avait prétexté avoir oublié quelque chose chez le brun afin de faire un rapide tour pour vérifier que le coffre-fort était bien intact avant de se carapater dans les rues de Paris.

            Que faisait-elle là ? En réalité, cette question n'avait pas de sens. Deux anciens amants qui se retrouvent après s'être séparés par la contrainte se retrouvent rarement le temps d'une nuit pour boire une infusion et discuter politique...

           Pourquoi l'idée de l'évidence de ce qui s'était déroulée cette nuit le troublait autant.

            Il n'en savait rien. 

            Voilà quelque temps qu'il ne savait plus exactement comment agir face à Maxime. 

            Ses doutes venaient sûrement de l'absence de limites, de règles, de titres. Qu'étaient-ils ? Colocataires, confrères, collègues, ennemis ? Qu'elles étaient les limites à ne pas franchir ? L'espace personnel, l'espace physique ?

            Sidjil n'en savait rien.

            Et quand une situation lui faisait perdre tous ses repères, il réagissait de deux façons bien distinctes : soit il fuyait, soit il combattait, mais se renfermait sur lui-même afin de se protéger de potentiels coups.

            Face à Maxime, il était hors de questions de fuir. 

            Alors il n'avait pas le choix, il deviendrait comme par le passé, le journaliste prodige de l'Hertas qui ne souhaite qu'une chose : écrire son article.

           Fini de faire connaissance, de s'apprivoiser, de se venger. Les amis, les soirées, les engueulades. Tout cela est révolu.

           Il ne serait plus énervé, joyeux, taquin, chieur, intéressé, jaloux.

            Il ne serait qu'une âme impassible et détachée. Professionnel.

            La seule chose qu'il espérait, c'était que cette histoire se finirait rapidement... Et qu'Agathe ne dormirait pas cette nuit chez eu- chez Maxime.

***

             Il était le plus tard possible, la possibilité d'être témoin d'une quelconque scène de rapprochement entre Maxime et Agathe lui déclenchant des nausées (sans exagération).