➢ 22

290 24 15
                                    

— Moi aussi, je veux jouer, p'tit ange. »

***


A cette provocation, derrière laquelle se cachait dans les yeux de Sidjil la recherche de l'accord du brun, Maxime ne répondit rien. 

Il se contenta pour seule communication de rapprocher son corps du plus grand et de fermer ses yeux. 

Alors, avec toute la douceur du monde, comme si ce moment était un fil de verre sur le point de se briser, Sidjil fit glisser ses mains sur l'épiderme de l'autre. 

Lentement, Maxime bascula un peu plus vers les entrailles du canapé.

 Le t-shirt du brun ralentissait son exploration alors Maxime l'ôta, envoûté par le pianotement des doigts sur son corps. Le torse découvert, offert à la vue et à la merci de Sidjil, Maxime chuchota « T'arrêtes pas... C'est doux ». 

L'auteur de cette douceur, donc, ne s'arrêta pas. 

Il poursuivit sa quête et s'amusait de chaque grain de beauté, de chaque petite marque que la vie avait laissée sur la blancheur de cette peau. 

De caresses en caresses, les corps se rapprochèrent par minuscule millimètre. Bientôt, la distance qui les séparerait serait nulle. 

Bientôt, une limite serait franchie, dépassée, abolie. Sidjil, cette limite, il la connaissait très bien. 

« Maxime n'embrasse jamais personne. Quand on était ensemble, on a dû s'embrasser deux, trois fois au maximum... Je crois que pour lui, c'est ce qu'il peut y avoir de plus intime entre deux personnes, même avant le sexe. ». 

Les paroles d'Agathe, fraîches de quelques heures le stoppèrent dans son début d'élan. 

Tout pourtant, tout en lui criait son envie d'embrasser, même du bout des lèvres, celle rosé et gercées par le stress de l'homme allongé devant lui.

 Son visage, à quelques centimètres à peine de la bouche de Maxime, sentait son souffle chaud sur ses pores. Sidjil ne bougeait pas, ses mains ne s'arrêtaient pas pour autant. 

Les yeux de Maxime étaient toujours fermés, le Toulousain pouvait sentir sa détente et son apaisement.

 Son plaisir aussi. 

Soudain, des yeux marron vinrent se plonger dans les siens, sondant plus loin que son âme. 

Avant même que Sidjil puisse esquisser une phrase, il sentit une paire de lèvres effleurer les siennes. 

Cela dura moins d'un instant, une milliseconde tout au plus. 

Avant que la sonnerie d'un téléphone ne vienne rompre leur étreinte morte-née. 

Et dans un sursaut, ce moment s'évanouit.

***


« Maman ? »S'exclama Maxime

— Maxime ! Ça fait une semaine que je t'appelle tous les jours et que tu ne réponds pas. C'est une façon de traiter sa mère ? s'indigna la voix nasillarde à l'autre bout du fil.

— Attends maman, deux secondes... Tu peux m'expliquer pourquoi tu m'appelles à cette heure ? Il est 22h passées ! demanda Maxime qui contenait sa colère naissante

— Tu es insomniaque depuis ton adolescence, je sais que tu ne dors pas avant minuit au moins. J'ai eu une grosse journée au travail et je n'ai pu t'appeler que maintenant.

— Maman... On travaille dans le même bâtiment ! Tu aurais très bien pu m'appeler au bureau, mais non ! Tu préfères encore empiéter sur ma vie privée ! lâcha le brun durement.

— Maxime, sur un autre ton merci. Je suis encore ta mère. Je t'appelle quand je veux.  

Sa mère marqua un temps d'arrêt avant de rependre : « Tu viens manger pour Noël ? »

Maxime crus qu'il allait jeter son téléphone par la fenêtre.

« Maman. Dis-moi que tu ne m'appelles pas à cette heure pour me demander si je mange avec toi à Noël. On a déjà eu cette discussion l'année dernière. Ma réponse n'a pas changé depuis.

— Tu ne vas pas laisser ta pauvre mère seule pour le réveillon. En plus, j'ai quelqu'un à te présenter.

— Non, non et non. Tu vois, tu ne changeras jamais. Si je ne viens plus, si je ne téléphone plus, si « je ne viens pas manger à Noël », c'est parce que tu n'es pas capable de respecter une promesse. Tu m'as promis de me laisser tranquille, d'arrêter de vouloir me caser avec n'importe quelle fille de tes amies. Tu vois ce soir, j'étais avec quelqu'un, mais grâce à ton appel, tu as tout foutu en l'air.

— Maxime...

— Je vais raccrocher. Ne rappelle pas. »

Bip. Bip. Bip.

L'appel était fini.

 Une partie de Maxime venait de briser un petit maillon de la chaîne qui entourait son cœur.

 Ça faisait mal, mais il se sentait bien. 

Vraiment bien.

***

Sidjil avait observé la scène sans vraiment trop la comprendre.

La transition avait été disons... Brutale. 

Le souvenir fuyant des lèvres de Maxime sur les siennes obnubilait ses pensées. 

« Qu'est-ce qu'il vient de se passer là ». 

Trop d'informations passaient trop vite dans son cerveau. 

Successivement, la drague de Maxime, ses doigts sur son corps, leur baiser, la sonnerie, la dispute et maintenant...La colère du journaliste.

Sidjil n'avait pas bougé.

Toujours assis sur ce coin de canapé, il observait Maxime faire les cent pas en marmonnant.

 Avec son visage fermé et dur, Sidjil découvrait une autre facette de son colocataire.

 S'il la trouvait attirante ? Évidemment que oui. 

 Est-ce qu'il allait relancer la discussion ? Évidemment...Que non.

A peine cette pensée eut-elle traversée son esprit que Maxime l'empoigna par le bras et le tira hors du canapé.

« Faut que je m'aère ou je prends un taxi pour toucher mon héritage avec vingt ans d'avance. »


⋇⊶⊰𝐸𝒾𝓁𝓁𝒾𝑒 𝑒𝓉 𝒜𝓁𝒾𝓏𝑒𝑒⊱⊷⋇

L'affaire [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant