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 Quand il s'était réveillé ce matin-là, il avait eu l'impression d'avoir vécu un étrange rêve

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 Quand il s'était réveillé ce matin-là, il avait eu l'impression d'avoir vécu un étrange rêve.

 Comme si les derniers mois de sa vie n'étaient qu'un lointain mirage. Tout au fond de lui, il sentait qu'il était revenu en arrière. Il était de nouveau le Sidjil qui n'avait qu'une chose en tête : l'affaire.

Il reprit ses marques dans l'appartement qu'il n'avait pourtant pas quitté longtemps. Il avait dégagé les vieux papiers qui trainaient sur le bureau de la chambre d'ami et s'était mis à cogiter sérieusement.

 Il avait des suspects. 

Il avait des noms et des professions.

 Lui manquait des adresses, des faits et des rendez-vous. 

Une tasse de thé noir à la main il s'avachit sur le dossier de sa chaise et souffla pour lui-même : « Je crois que je préfère encore faire des reportages à l'autre bout du monde... ».

 Donc, malgré toute son absence de motivation il sortit son carnet d'adresse, son ordinateur portable et son carnet fétiche. Même s'il ne le voulait pas, il allait faire son boulot. 

Et bien le faire. 

Il était de ces personnes qui en pouvait pas ne pas donner leur maximum. Il se battait constamment contre lui-même, ça le poussait à aller plus loin.

Les Jaunet donc, étaient une famille qui avait le mérite que l'on s'y intéresse.

 Dans les années 80, le grand-père, un certain Guillaume avait entrepris une ascension fulgurante dans le milieu intellectuel en publiant plusieurs thèses et essais autour du paysage politique principalement. 

Sa femme Marianne avait un temps enseigné dans une université parisienne avant de prendre une retraite anticipée dans les années 2000. 

Guillaume, Monsieur Jaunet, était assez discret sur sa vie privée. « Remarque, se dit Sidjil, quand on est sénateur, on évite de faire trop de vague ». Car oui, Sidjil, avait découvert il y a un moment déjà que ce dernier avait élu domicile au Sénat depuis une dizaine d'années maintenant.

« Bon, pour la pression politique, je comprends où le message venait en venir, mais bon... » Il n'y a quasiment aucune trace de ses actions, de ses votes, de ses prises de paroles... « Niveau influence, on a vu mieux... ».

 Cette légère déception, qui lui rappelait entre autres qu'il avait choisi de suivre cette piste sur un coup de tête, pour contrarier Maxime, ne le découragea pas. Au contraire, il redoubla d'énergie dans sa recherche d'autres informations.

Après plusieurs heures à éplucher chaque page qu'Internet lui offrait, il découvrit que le couple Jaunet avait deux enfants, Hugo un universitaire, comme son père à ses débuts, mais qui semblait peu intéressé par la politique ( ses récents travaux étant tournés sur la biologie), et Juliette, une jeune femme sportive, gagnante de nombreux tournois d'escrime et moins discrète que le reste de sa famille sur les réseaux. 

Elle s'était engagée en 2012 dans une association pour les droits des animaux et paraissait tenir un blog sur la préservation des espaces naturels.

 Du côté professionnel, Sidjil n'avait rien trouvé. 

Pour cause, cette jeune femme s'était mariée dans sa fraiche vingtaine à un homme, Paul Julot, riche comme Crésus. La fortune de Paul venait de l'entreprise familiale dont il avait hérité assez tôt suite au décès dramatique de son père. À 25 ans, il était devenu le patron de la plus grosse entreprise d'armement de France : Bulledte.

« Te voilà mon grand, fit Sidjil en cliquant sur le profil Instagram de Paul. »

C'était un jeune homme bien bâti, sportif, « rugbyman surement » se dit Sidjil, qui affichait un grand sourire fier sur toutes les photos.

 Il posait au côté de sa femme et de son fils de 8 ans, Gabin.

 Il formait le portrait d'un genre de famille parfaite, photogénique et incessible. 

Sidjil en fouillant un peu plus, apprit que malgré son jeune âge, Paul gérait l'entreprise d'une main de maitre. Leur chiffre d'affaires n'avait jamais été aussi haut et leur influence aussi.

Plus il cherchait, plus Sidjil trouvait un Paul un suspect potentiel. 

Il était riche, jeune, gérant d'une affaire qui le dépassait à coup sûr, car comment ne pas se sentir dépassé par la gestion d'une multinationale, et fier.

 Sidjil n'avait aucun mal à l'imaginer assassiner un homme pour X ou Y raison, bien que cette pensée soit macabre à souhait.

Il quitta les yeux de l'ordinateur quand la lumière autour de lui se fit de plus en plus rare. « Déjà 19 heures ! » s'exclama-t-il.

 Il venait de passer la journée les fesses sur une chaise et ça il ne le supportait pas vraiment. Content de ses trouvailles, même les plus futiles, il nota quelques numéros de téléphones qui pourraient lui être utiles, attrapa son manteau et son bonnet et sortit de l'appartement.

Les lampadaires rendait le début de soirée un peu plus chaleureux.

 Sidjil déambulait, pour se changer les idées et pour en trouver. Il devait prendre rendez-vous avec Paul. 

Mais pour cela, il lui fallait un prétexte et un bon. 

Car aucun homme d'affaires raisonnable ne laisserait entrer un journaliste dans ses bureaux.

 Il décida qu'il trouverait la réponse autour d'un plat chaud et décida de prendre la route d'un petit bistrot à deux kilomètres à pied de l'appartement. 

Arrivé à l'intérieur, il sentit une vague de chaleur l'envahir. L'ambiance était calme et, comment expliquer, adulte. Quelques groupes de trois ou quatre personnes, tous dans la trentaine, discutaient tranquillement ici et là dans la salle. En terrasse, quelques courageux couples mangeaient en tête-à-tête.

Sidjil s'installa sur une table en bois, un peu à l'écart et commanda. Quand son repas arriva, il sortit son carnet et commença à dessiner pour se détendre.

 Il adorait gribouiller du papier. Laisser le crayon courir sur la feuille sans réelle destination. Parfois, ses dessins avaient un sens, d'autres fois non. Cette petite activité le détendait et l'apaisait. 

Il se fit la réflexion qu'il n'avait pas pris le temps de dessiner depuis bien trop longtemps. 

Le temps d'une furtive seconde, il se dit qu'il aimerait bien dessiner Maxime, comme ça, pour le plaisir de crayonner de la beauté. 

Puis il passa à autre chose, finit son plat, paya et prit le chemin du retour.

Sur la route, il récita le texte qu'il avait écrit au cours de la soirée : « Bonjour, je me présente, je m'appelle Sidjil T.. Je suis journaliste pour le journal national l'Erthas et je souhaiterais m'entretenir avec Mr Julot dans le cadre de la rédaction d'un article sur les grandes entreprises nées en France. »

Demain, il passerait un coup de fil et on verra bien ce qu'il en ressortira.

En pensant au téléphone il se dit qu'il n'avait pas contacté Maxime depuis longtemps. Il sortit son portable, entra dans message, commença à taper quelques mots puis effaça tout.

On verra ça après. 

L'affaire [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant