Finalement, Sidjil n'était pas allé à la préfecture le lendemain.
Pour cause, il était cloué au lit avec une méchante maladie intestinale. Rien de beau.
Pendant trois jours, il avait erré dans l'appartement, trainant ses microbes de la chambre à la salle de bain, de la salle de bain à la cuisine et de la cuisine à la chambre.
Mais il n'avait pas vraiment rien fait. Il avait peu fait, certes, mais c'était mieux que rien.
Pendant ses jours de convalescence, donc, il s'était renseigné sur le pourquoi du comment un passage à la préfecture s'imposait.
Premièrement, le dossier de police était incomplet, c'est ce qu'avait relevé leur visite au commissariat qui datait déjà de plusieurs semaines.
Il manquait l'arme du crime.
Pas que l'on ne sache pas quel modèle avait été utilisé pour tirer sur Basile et sa famille ( l'autopsie s'en était chargée et Sidjil avait été recherché la référence grâce à une douille présente dans le dossier).
Donc, l'arme du crime était connue, mais introuvable.
Et sans arme, pas d'empreinte, sans empreinte, pas de coupable.
Ce qui était étonnant, c'était la présence de la douille.
On n'avait retrouvé qu'une des quatre utilisées. Sidjil, de sa petite expérience d'enquêteur durant de longues parties de Cluedo, en déduisit qu'il devait s'agir d'une maladresse du tueur.
Il n'avait pas dû avoir le temps de récupérer la douille avant de s'enfuir.
Pourtant, le rapport d'autopsie était clair.
Les corps étaient depuis quelques heures avant que la police arrive sur les lieux.
Donc, il était peu probable que le tueur ait eu à se précipiter.
Sauf, sauf s'ils y avaient eu des témoins, une tierce personne qui aurait expliqué cet oubli.
Sidjil en concluait que le tueur était une personne maligne et qui voulait se faire le plus discret possible.
« Logique », se dit-il pour lui-même.
Deuxièmement, il s'était dit que tout un tas de données devait être concentré à la préfecture et que même si Basile ne semblait pas habiter toute l'année à Paris avec sa famille, son domicile principal y était.
Sidjil n'avait rien à perdre à aller y faire un tour.
Cette réflexion, aussi simple soit-elle lui avait pris toute son énergie.
La maladie le clouait littéralement à terre.
En retournant ce coucher, il se fit réflexion que quelque chose clochait dans ce rapport et que demain, il en percerait le mystère.
***
Le lendemain matin, il réattaqua l'étude du dossier qu'il connaissait pourtant par coeur. « Je suis pas flic, je devrais pas me retrouver à faire ça à huit heures du mat » râla-t-il.
Non, il était journaliste et il voulait trouver la vérité.
Après plusieurs heures, schémas et mise en situation ( assez ridicules). Il tiqua sur un détail.
On avait pas retrouvé l'arme. Soit.
On avait une douille sur quatre. C'est un fait.
Le système de caméras de surveillance ne fonctionnait plus depuis un mois. Un hasard.
Oui, sauf que Sidjil ne croyait pas au hasard.
Il croyait à l'instinct et par-dessus tout qu'un acteur célèbre et envié ne laisserait jamais son système de surveillance hors de service pendant un mois.
Les images vidéos avaient dû être effacée. Voilà son hypothèse.
Le problème ?
Il n'avait pas dû être le seul à avoir cette hypothèse.
Il savait de source sûre (Julien) que la police avait les ressources nécessaires pour retrouver des enregistrements perdus.
Toujours de source sûre(Julien), il savait que si cette procédure avait été lancée, elle aurait déjà donné quelque chose.
Bien que le meurtre ait eu lieu il y a dix-neuf ans, sa source sûre (Julien) lui avait déjà parlé de vieux cas résolus bien après grâce à ces méthodes.
Bon, c'était un peu maigre pour aller frapper aux portes de la préfecture, mais il n'avait pas grand-chose d'autre.
Et puis, il le sentait bien. Il avait une intuition. Il allait en apprendre plus.
Mais pour l'instant, il retourna encore ce coucher, toujours trop malade pour faire autre chose que dormir.
Demain, il irait mieux et il prendra rendez-vous avec la préfète en personne.
Tout compte fait, il ne prendrait pas rendez-vous. Il irait directement et on verra bien. Il en avait marre de rédiger des mails toute la journée.
Demain, il rencontrerait Vivienne Buidot, préfète de Paris.
« Demain, Maxime m'appellera peut-être » se dit-il avant de sombrer dans le sommeil mouvementé du malade.
***
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L'affaire [Djilsime]
Hayran KurguC'était terrifiant de se dire qu'il était prêt à le suivre jusqu'au bout du monde. Inconcevable même. Cela relevait des pensées intrusives, folles, idiotes, qui jaillissaient dans son esprit de plus en plus souvent. L'affaire, il devait se concentre...