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« Tu fais un truc pour la Saint-Valentin ?

Nan, c'est une fête commerciale. Et toi ?

Non plus, c'est bidon... Ça te dit un resto ? »

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           Malgré la fraîcheur de cette soirée de février, les terrasses des restaurants parisiens étaient toutes remplies. Et pour cause, la fameuse date du 14 était enfin arrivée.

            De tous les côtés, des couples se regardaient amoureusement, les pupilles remplies de désir et de tendresse. Il y avait de tous les âges, de tous les milieux. On reconnaissait les couples habitués, les nouveaux légèrement stressés, les autres pour qui ce 14 février serait le dernier partagé.

           Et au milieu de ces ondes romantiques, Sidjil et Maxime occupaient une petite table dans un coin calme d'un restaurant traditionnel.

          Les deux hommes avaient déjà commandé et attendaient que leurs plats arrivent en discutant légèrement.

            « Tu es déjà venu manger ici ? » demanda Sidjil pour entamer la discussion.

           — Non, jamais, c'est un peu trop loin de l'appart et des bureaux, mais ça m'a l'air sympa, répondit le parisien en souriant.

           — Oui, t'as raison. A Toulouse, il y a un petit restaurant comme celui-là à l'écart du centre-ville.

          — D'ailleurs Sid... On a pas eu le temps d'en reparler depuis à cause du boulot mais hum, on pourrait revenir sur la soirée du réveillon ? questionna le plus petit presque timidement.

          — Heu, oui bien sûr si tu veux, mais je ne vois pas sur quoi tu veux revenir.

          — Bien déjà ton départ précipité, l'absence de nouvelle pendant quatre jours, ton retour à moitié bourré et la nuit, enfin notre-

          — Pour le départ je me suis déjà excusé. Il y a eu une urgence à la rédac et ma mère m'a demandé le plus vite possible. Je sais que ce n'était pas cool de se tirer comme ça, je suis désolé encore une fois. Pour les messages, j'ai été surchargé de travail et je n'ai pas eu une minute pour te prévenir. »

          Ça, c'était un mensonge. Le premier de cette longue soirée. Car si Sidjil avait effectivement été englouti de travail, il aurait pu trouver le temps d'écrire en premier. Mais il n'avait pas voulu s'y résoudre. Afin d'éviter que Maxime tique sur ce point, il enchaîna rapidement :

           « Pour le retour, je t'ai déjà raconté. J'ai reçu une invitation de Sam pour la soirée du 31. Nicolas faisait le réveillon chez sa fiancée et mes autres amis de Toulouse étaient éparpillés en France. J'ai fermé la rédac, j'ai pris mon billet de train et je suis arrivé à Paris vers 17 heures. Elian m'a récupéré à la gare et on est allé chez Sam pour l'aider à installer. Je pensais que tu y serais et quand j'ai demandé à Elian il m'a dit qu'il ne savait pas ce que tu avais répondu à Sam. La soirée a commencé, tu n'es pas arrivé, j'ai bu un peu et vers 23 heures je suis parti de la soirée pour rentrer à l'appart. Je me suis un peu perdu en chemin et je suis arrivé une heure plus tard. Tu m'as ramassé sur ton paillasson, tu m'as fait rentrer et je n'ai pas pu résister à l'envie de t'avoir près de moi. L'interrogatoire est fini ? »

          Pour tout dire, Sidjil espérait que son air confiant suffirait à faire en sorte que Maxime le croit. La vérité n'était pas exactement aussi simple. Il avait effectivement bien reçu une invitation de Sam et était remonté à Paris. Mais Nicolas ne passait pas le réveillon avec sa fiancée et l'avait invitée à le passer chez lui. Sidjil avait décliné et promis à son meilleur ami de revenir vite. Il voulait monter sur Paris pour revoir son ange. 

           La suite copiait à peu près réellement ce qu'il venait de raconter, à l'exception du fait qu'il avait très vite su que Maxime ne serait pas à la fête, mais que ses amis l'avaient gardé plus longtemps que prévu avec eux. Vers 23 heures, il avait enfin réussi à s'échapper pour retrouver l'homme qui était dans sa tête depuis des jours. Arrivé à l'appartement, il s'était rendu compte qu'il avait oublié la clé à Toulouse. Il avait alors tambouriné contre la porte. 

           Et son ange avait ouvert.

           En réalité, il n'était pas soul. Il avait légèrement forcé le trait au cas où la colère du Parisien le pousse à lui refermer la porte dessus. Et une fois à l'intérieur, il s'était senti délicieusement bien. Il n'avait pu résister à capturer le brun au plus près de lui, à l'enfermer dans ses bras, à le garder seulement pour lui. Alors, quand Maxime avait approché ses lèvres, Sidjil n'avait pu que les attraper au vol. Une, deux, trois fois, puis toute la nuit.

           Cela avait été l'un de ses réveillons préférés. Incontestablement.

          — Si tu le dis... Je voulais, enfin non oubli. Parlons d'autre chose.

           —Tout ce que tu voudras, répondit doucement Sidjil. »

          C'est à ce moment-là que leurs plats arrivèrent. Les deux collègues se mirent à discuter de tout et de rien sur un ton léger. Au moment de commander les desserts, Sidjil lança :

          « Quand je pense que si je n'avais pas insisté, on ne serait jamais sorti de l'appart.

           —Arrête un peu de mentir ! J'étais pas contre un restau. Simplement vu la date... J'avais peur qu'il n'y ai plus de place, voilà, expliqua Maxime un peu bancalement.

          — T'oublie vite toi. T'as passé une demi-heure à me faire un sketch pour pas sortir, rigola le toulousain, tout ça pour rien.

          — J'aime pas la Saint-Valentin c'est tout.

          — Moi non plus mais je dis pas non à un restau pour autant ! »

          Une fois de plus, c'est l'arrivée de leur dessert qui coupait court à l'échange. Ils se contentèrent plus de déguster pour l'un délicieux tiramisu et une coupe glacée agrémentée de fruit pour l'autre.

           Alors que la discussion avait repris une tournure légère, Sidjil entendit les murmures de leurs voisins de tables.

            « T'as vu les deux mecs derrières... Je ne pensais pas qu'un établissement pareil les accepterait... Si j'avais su, j'aurais réservé ailleurs. Tout à l'heure j'ai cru qu'ils allaient s'embrasser et brrr, j'en ai presque perdu l'appétit.

          — Oui je les ai vu, chéri . Si on avait voulu voir de tels énergumènes, on serait allé dans le Marais. Tu veux que je demande au serveur de nous changer de table ?

           — Non, on va résister et ne pas les laisser envahir notre espace. Ce seraient les laisser gagner. »

             Sidjil qui depuis un moment s'était habitué à la connerie humaine rigola intérieur face à la sottise de ces deux personnes. Joueur, il décida de se tourner vers eux et de leur dire à haute voix :

            «  Excuse mes ondes homosexuelles, elles sont tellement invasives en ce moment. Faut dire, quand je vois un aussi beau spécimen que monsieur, ça me donne chaud. D'ailleurs, votre visage me dit quelques chose... On ne sait pas déjà croisé quelque part... Enfin, peu importe, je retourne m'occuper de mon « chéri » à moi si vous voulez bien ! »

           D'une voix plus basse, il chuchota avec un clin d'œil en direction de la dame :

           « Notre soirée risque d'être épicée si vous voyez ce que je veux dire, je ne veux pas risquer de perdre mon énergie en discutant avec des cons. »

          Les visages, maintenant plus choqués que dégoûtés, qu'il vit sur leurs têtes le remplie de satisfaction. Quand il se retourna finalement vers Maxime celui-ci le regardait d'un air étrange. Et sans que Sidjil comprenne pourquoi, une gifle lui tomba dessus et un « pauvre con » siffla dans ses oreilles.

          Il vit le parisien quitter le restaurant précipitamment et le couple d'à côté rire.

          Putain, ce qu'il détestait la Saint Valentin.

L'affaire [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant