Maxime ne prit pas la peine de repasser à son appartement alors qu'il se dirigeait vers la Gare de l'Est de Paris. Il n'avait plus qu'une idée en tête et toute son attention était focalisée dessus : il lui fallait prendre un train pour Quimper et vite.
Il passa sous les arches de l'entrée du bâtiment sans y faire attention, se dirigeant d'un pas rapide et sûr de lui vers un des distributeurs de billets, bousculant au passage un passant qui semblait lui aussi pressé. Il ne prit ni la peine de se retourner ni celle de s'excuser. Tout le monde bousculait tout le monde dans une gare.
Il appuya plusieurs fois sur la machine jusqu'à pouvoir commander un billet pour le prochain train. Ce dernier n'était pas avant treize heures trente, ce qui chiffonna Maxime. Étant donné qu'il n'avait pas vraiment le choix, il acheta ce billet de train et se décida à se poser dans un café de la gare pour attendre son train.
Il n'était que onze heures, ainsi le brun en avait pour plus de deux heures d'attente. Il commanda donc un café, il n'en buvait jamais assez, avant de sortir son ordinateur. Il rechercha des adresses d'hôtel sur Quimper et finit par se résoudre à celui le plus proche de la gare. Après tout, peut-être devrait-il reprendre un train dans les jours à venir.
Maxime n'était jamais parti à l'aventure de cette manière. À vrai dire, il n'avait pas beaucoup quitté Paris dans son enfance, même pendant les grandes vacances. Il avait encore moins quitté la ville seul. Ce qui lui arrivait était donc tout nouveau pour lui et il y trouvait quelque chose de très grisant.
Découvrir l'inconnu ainsi, sans savoir où il allait atterrir, s'il allait aimer ou détester. Il ressentait les mêmes tourbillons dans son estomac que lorsqu'il embrassait Sidjil, à quelques détails près bien évidemment. Maxime se demanda un court instant si c'est pour cela qu'il aimait tant embrasser Sidjil, si tout cela n'était pas lié à la prison dorée qu'avait construite sa mère autour de lui pendant tant d'années.
Il repoussa vite cette réflexion de son esprit pour se concentrer sur son café qui venait d'arriver. Il chercha d'autres adresses qui pourraient lui être utiles, comme de potentiels bars gays. Après tout, Julien semblait dire que beaucoup de choses se savaient sans être dites. Ainsi, il pouvait espérer retrouver Honorine en allant directement chercher dans l'endroit où elle aurait le plus de chances d'être allée avec sa copine.
Il fit aussi quelques recherches sur Honorine, mais ne trouva rien de très intéressant sur elle. De ce qu'il avait compris, elle était la tante de tous les héritiers Janowski. Pourtant, alors que chacun avait une page Wikipédia, elle n'avait à peine droit à un ou deux articles datant de près de dix ans.
Il semblait qu'elle soit complètement inconnue au bataillon. Le brun se demanda un instant si cela avait un lien avec son orientation, mais préféra ne pas y penser. Ce genre de sujet tenait de la spéculation tant qu'il n'avait pas de preuves. Un journaliste ne devait pas se perdre dans des théories du complot, au risque de perdre tout sens logique.
Il décida donc de continuer ses recherches sur la famille Janowski de manière plus générale. Il éplucha leurs pages Wikipédia, et passa au peigne fin tous les articles qui parlaient d'eux. Il n'en vit malheureusement aucun qui mentionnait une quelconque affaire de meurtre, ce qui le refroidit un peu.
Il se ressaisit rapidement en se souvenant que lorsqu'il avait cherché des informations sur l'affaire Cusance, il n'avait trouvé aucun nom. Toute l'affaire avait été anonymisée et étouffée. Il aurait été étrange qu'il trouve quoi que ce soit de plus.
Il nota tout de même que chaque membre de la famille habitait à Paris et possédait beaucoup d'influence. Parmi eux se trouvait d'ailleurs l'un de ses concurrents, le directeur du journal Le Français, un journal avec une grande tendance de droite.
Il chercha pendant plus d'une heure pour trouver n'importe quel indice qui pourrait l'aider, et finit par lire, dans un article datant de septembre 2005, soit moins d'un mois après le meurtre, que Basile Janowski avait été retrouvé mort.
Le brun lâcha un cri de victoire qui attira des regards curieux sur lui. Il se gratta la gorge, gêné, avant de télécharger l'article et de fermer son ordinateur. Il rangea toutes ses affaires, après tout il était maintenant treize heures, et chercha un magasin ou une boulangerie dans la gare pour s'acheter un sandwich.
Quand le quai de son train apparut sur le panneau d'affichage, il hésita un instant à envoyer un message à Sidjil pour le prévenir de sa découverte avant de se raviser. Tout d'abord parce qu'il avait un peu envie que l'autre se plante, et ensuite parce qu'il avait un peu envie aussi de voyager seul pour la première fois de sa vie.
Ce sentiment de liberté lui plaisait beaucoup et il voulait le garder pour lui et en profiter quelques temps. De toute manière, il ne doutait pas des talents journalistiques de son rival et ce dernier ne tarderait pas à le rejoindre sur sa piste. En attendant, il voulait partir à l'aventure seul.
Une fois bien installé sur un des sièges du train, le brun mit ses écouteurs, lança l'une de ses playlists préférées et commença son sandwich. Le train se mit rapidement en route, et le petit brun laissa son regard se perdre dans le paysage.
Il arriverait vers dix-huit heures trente, il avait bien le temps de faire un petit somme, il avait une nuit à rattraper.
Son esprit dérapa un instant sur Sidjil qui, malgré tout, lui manquait et qu'il espérait revoir vite. Il regrettait leur dispute. Maxime n'avait jamais eu de problème pour s'exprimer, à vrai dire il avait tellement dû exprimer à sa mère ce qu'il ressentait qu'il savait plutôt bien le faire. Tout du moins, il avait appris à s'éloigner assez de ses émotions pour pouvoir les expliquer.
Sauf que face à Sidjil, il n'arrivait pas à faire tout cela. Il n'arrivait pas à se détacher de tout ce qu'il ressentait. Il n'arrivait plus à s'exprimer et il finissait par tout rater. C'était peut-être pour éviter cela que sa mère l'obligeait à toujours tout lui dire, pour qu'il s'habitue à ne rien garder pour lui.
Pourtant, depuis que le Toulousain était entré dans sa vie, Maxime n'avait jamais autant caché de choses à cette dernière. Il aimait beaucoup sa mère, et il lui était reconnaissant pour beaucoup de choses, mais il n'osait tout simplement pas lui parler de l'autre jeune homme.
Maxime ferma les yeux, alors qu'il sentait les larmes lui monter aux yeux. Il avait l'impression de s'éloigner d'elle, de la pousser hors de sa vie, et il n'aimait pas cela. Il ne voulait pas la perdre, encore plus alors qu'il n'avait qu'elle.
Le brun n'avait jamais connu son père, tout du moins il n'en avait aucun souvenir. Sa mère ne parlait jamais de lui, et pour le peu qu'elle en disait, rien n'était reluisant. Il semblerait que l'homme ait abandonné sa mère pour quelqu'un d'autre et qu'ainsi il ait brisé deux familles.
Maxime n'avait jamais voulu en savoir plus, et il ne le voulait pas. Il n'avait jamais ressenti le besoin d'avoir un père. Il avait sa mère, sa mère qui l'aimait, et c'était amplement suffisant.
Maintenant, il avait aussi Sid, ou il l'avait eu. Maxime espérait un peu que Sidjil fasse toujours partie de sa vie. Il espérait que d'ici la prochaine fois qu'il le verrait, il pourrait avoir assez trié ses pensées pour pouvoir lui dire ce qu'il ressentait. Peut-être était-il trop naïf ?
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L'affaire [Djilsime]
FanfictionC'était terrifiant de se dire qu'il était prêt à le suivre jusqu'au bout du monde. Inconcevable même. Cela relevait des pensées intrusives, folles, idiotes, qui jaillissaient dans son esprit de plus en plus souvent. L'affaire, il devait se concentre...