Installé sur le siège passager, Maxime observe attentivement l'entrée du cimetière devant eux. Depuis que Sidjil lui a avoué qu'il avait couché avec un autre homme, il n'ose plus le regarder. Il a mal et il lui en veut. Mais il s'en veut aussi de lui en vouloir. Après tout, ils ne sont rien. Il n'a pas le droit de lui en vouloir.
Il est déjà vingt-et-une heures, la nuit est tombée, et aucun d'eux n'a échangé plus que quelques mots. Le silence est pesant, et aucun d'eux ne l'aime. Pendant encore une dizaine de minutes, ils ne disent rien, et Maxime garde son regard fixé sur l'entrée du cimetière. Il n'est même pas sûr de ce qu'il espère voir.
Finalement, alors que le silence devenait insoutenable, Sidjil se penche derrière le siège de Maxime, ce qui le perturbe, et semble chercher quelque chose. Le Parisien se tourne légèrement vers lui pour voir ce qu'il fait et ne peut s'empêcher de remarquer le t-shirt légèrement relevé du Toulousain.
Quand ce dernier réapparaît, il tient deux bouteilles de bière à la main. Il en tend une à son acolyte dans une question muette qui ressemble à un « Tu en veux ? ».
Le Parisien l'attrape sans trop d'hésitation. Boire ne lui ferait pas de mal.
Sidjil lui tend rapidement un décapsuleur, et la première bouteille est rapidement vidée. Alors, le Toulousain en sort deux autres. Une fois celles-ci finies, il en tend une dernière au brun et, quelque peu éméchés, leurs langues se délient.
« J'suis désolé, tu sais, commence le plus grand. D'avoir couché avec ce type. Même si ça m'a donné beaucoup d'informations.
— Comment ça ?
— J'ai appris après que c'était le fils d'Adrienne Janowski.
— Oh.
— Ouais... »
Un petit silence s'installe, cette fois moins pesant.
« Moi, je n'ai couché avec personne... murmure presque pour lui-même Maxime.
— Tu aurais pu. »
Maxime ne répond rien à cela. Il n'est pas assez alcoolisé pour laisser sortir la réponse qu'il pense, mais il ne veut pas dire oui. Il ne veut pas affirmer au jeune homme en face de lui qu'il aurait pu coucher avec quelqu'un d'autre sans problème.
« T'aurais le droit, ajoute Sidjil après un moment, comme s'il voulait vraiment une réponse de Maxime.
— Je ne sais pas.
— Si, t'aurais le droit.
— Pas ça. Je ne sais pas si j'aurais pu coucher avec un autre gars.
— Pourquoi ? »
Cette fois, Maxime décide de laisser l'alcool qui coule dans son sang prendre le contrôle de sa langue.
« Des fois, je me demande si tu oublies qu'avant que tu entres dans ma vie, j'étais juste un mec hétéro lambda.
— Effectivement...
— Alors, non, je ne pense pas que je me serais vu coucher avec le premier inconnu qui passe. »
Un nouveau silence s'installe. Il faut croire qu'ils sont de nouveau bloqués dans les silences incessants d'une conversation qui ne se poursuit pas.
« Je crois que je n'aurais pas aimé que tu couches avec quelqu'un d'autre, lâche finalement Sidjil.
— Et pourtant, t'as couché avec quelqu'un d'autre.
— J'aurais préféré coucher avec toi. »
Un petit silence s'installe alors que leurs regards se croisent. Les joues de Maxime chauffent, et il ne sait pas dire si c'est à cause de l'alcool ou du regard brûlant du brun à côté de lui. Peut-être un délicieux mélange des deux ?
« Pourquoi ? Je suis sans doute nul. »
Sa dernière phrase, sortie sans grande raison de sa bouche, fait rire Sidjil, qui laisse tomber sa main sur la cuisse du brun. Et pour rien au monde, Maxime ne lui aurait demandé de l'enlever.
« Je crois que tu ne te rends pas compte de l'effet que tu me fais. Tu me rends fou, Max.
— Je ne comprends pas. »
Et c'était vrai. Maxime était complètement perdu. Il ne voyait pas où Sidjil voulait en venir. Il ne comprenait pas ce que Sidjil pouvait trouver d'attirant chez lui. Il ne se trouvait pas moche, il lui arrivait même parfois de se dire qu'il avait du charme, mais... mais le brun à ses côtés semblait venir d'un univers si différent du sien.
Il avait l'impression qu'un monde les séparait. Alors, oui, Maxime ne comprenait pas. Pourtant, lui, il pouvait se dire sans problème qu'il trouvait Sidjil attirant. Il n'arrivait simplement pas à concevoir que l'inverse soit aussi possible.
« Max... Dès que nos regards se croisent, j'ai qu'une envie : t'embrasser. T'embrasser encore et encore, jusqu'à ce qu'on perde tous les deux notre souffle. Dès que tu me regardes, j'ai envie que le monde arrête de tourner, je voudrais que tu ne regardes plus rien sauf moi. Et dès que nos corps sont proches... Seigneur ! Tu n'as pas la moindre idée de ce que mon cerveau s'imagine te faire. »
Pendant son discours, le brun avait laissé sa main bouger doucement sur la cuisse du Parisien. Son regard s'était peu à peu assombri par le désir évident de Sidjil. La gorge de Maxime s'était lentement asséchée au fur et à mesure que les mots sortaient de la bouche du Toulousain.
« Je ne rigole pas, Max.
— Je sais. »
Et même si Maxime ne le savait pas, il lui suffisait de croiser le regard de Sidjil une seconde pour le voir.
« Tu me rends dingue. Je ne sais même plus quoi faire... »
La main du Toulousain arrêta son mouvement, déclenchant un regard de surprise de Maxime pour Sidjil. Il n'avait pas envie que la main du jeune homme s'arrête.
« Max... »
Le murmure ressemblait plus à une plainte. Le désespoir était évident, et le journaliste ne savait pas comment réagir. Alors, il décida de laisser de nouveau le peu d'alcool qu'il avait dans le sang prendre le contrôle de son corps et surtout de sa langue.
« Tu me rends fou aussi... Je ne sais pas quoi faire non plus... Tu ne quittes jamais ma tête, ça me rend fou.
— Max... Est-ce que je t'attire ?
— Je... »
Maxime ne savait pas quoi répondre à la question de Sidjil. Bien sûr, il savait que oui, mais entre le savoir et le dire, il y avait un saut que le brun ignorait s'il était prêt à faire. Il croisa de nouveau le regard empli d'attente du Sudiste et trancha. Il ne voulait pas encore une fois le blesser avec ses indécisions. Il n'avait pas passé tout un voyage à penser à lui, et à se questionner pour les renvoyer au point de départ.
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L'affaire [Djilsime]
FanfictionC'était terrifiant de se dire qu'il était prêt à le suivre jusqu'au bout du monde. Inconcevable même. Cela relevait des pensées intrusives, folles, idiotes, qui jaillissaient dans son esprit de plus en plus souvent. L'affaire, il devait se concentre...