Les émanations pestilentielles des rues prenaient à la gorge tous les passants dans les rues de Deos. L'odeur provenait des déjections des habitants, de leurs déchets pourris, des carcasses des bouchers qui trainaient, les tripes des animaux qu'ils dépeçaient, les cadavres des meurtres produits dans la ville, de ceux des chevaux abandonnés dans les fossés, ... Une horrible effluve de merde, de pourriture et de mort. Chaque pas dans la boue faisait remonter l'odeur aux narines du peuple qui vivait dans la crasse et la puanteur de Deos. Seules les rues que le roi Tiphon empruntait étaient nettoyées tous les jours, mais cela n'empêchait pas le vent de balader les odeurs nauséabondes dans toute la ville jusqu'aux fenêtres du château.
Le roi était à cheval, rentrant d'un voyage à Sand et il tenait les rênes d'une main, gardant l'autre sous son nez, un tissu parfumé entre les doigts. Hors de question que l'odeur maladive qui émanait vienne à lui. Un homme s'approcha, faisant l'aumône, et le roi lui donna un coup de pied. L'homme maigre s'écroula au sol et un soldat lui donna un autre coup pour qu'il se recule davantage.
-On ne s'approche pas du roi ! cria le garde.
-Mais mon roi, j'ai faim ! s'exclama le pauvre homme.
Il l'ignora, continuant sa route vers l'habitation du souverain. Il arrêta son cheval près des écuries et il marcha jusqu'à son château. Il alla dans sa chambre où un bain chaud l'attendait déjà. Il entra dans la pièce et se déshabilla avant de profiter de la chaleur de l'eau, se décrassant. Il souffla de bien-être. Il appréciait le bain, chose qu'il n'avait pu faire depuis un moment puisqu'il avait dû traverser la mer Jaune jusqu'à la mer Grise. Il était ensuite passé de village en village jusqu'à Deos plutôt que de directement rejoindre le royaume en bateau. Il l'avait fait dans l'unique but d'être témoin de la misère dans laquelle il avait plongé les peuples sous sa garde. Il n'avait aucunement le désir de guérir les maux des royaumes. Il semblait s'amuser de la détresse des gens. Il avait un sourire aux lèvres, les yeux fermés, satisfait de son règne. Derrière lui, la porte s'ouvrit et son sourire s'effaça.
-Qui me dérange ? grogna Tiphon, fronçant les sourcils.
-Excusez-moi mon roi. On m'a annoncé votre arrivée et je voulais vous saluer, souffla une femme. Je vous laisse...
-Ma chère femme ! Ma douce reine ! s'exclama-t-il en se levant. Restez ! Mes besoins de mâle se sont éveillés à l'entente de votre voix ! affirma-t-il, sortant de son bain. Faisons un autre enfant, dit ensuite le roi, un sourire malfaisant sur les lèvres.
-Ne devriez-vous pas vous reposer et profiter de votre bain ? demanda Irem, la reine.
-Voyons, ma chère, je n'en ai pas besoin quand vous pouvez réconforter mon âme, répondit Tiphon.
-Votre âme est-elle dans le mal ? Que vous arrive-t-il ? l'interrogea-t-elle.
-Assez de questions ! grogna l'homme. Déshabillez-vous ! lui ordonna-t-il ensuite.
La reine soupira légèrement, cachant son manque d'envie et elle s'exécuta, sachant qu'il n'aurait aucun scrupule à le faire lui-même et d'une façon peu tendre. Elle retira sa robe et s'installa sur le lit. Tiphon s'avança vers sa femme et il se plaça au-dessus de la femme. Il écarta les cuisses d'Irem, plaçant son bassin entre elles. Il toucha son intimité du bout des doigts et soupira. Il cracha sur sa main et la replaça entre les cuisses de la reine. Alors qu'il allait rentrer son membre fièrement dressé en elle, quelqu'un frappa à la porte.
-Quoi ?! hurla-t-il, mécontent d'être interrompu.
-Une rébellion dans les rues de Deos, mon roi ! Il faut que vous interveniez ! s'exclama un garde.
Tiphon grogna d'énervement et de frustration. Il se leva et se rhabilla avant de sortir de la chambre en trombe, s'en prenant au soldat.
-Abruti sans cervelle ! Incapable de gérer de stupides paysans !
Irem poussa un long soupir de soulagement. Elle se redressa, une larme roulant sur sa joue. Elle l'essuya délicatement et elle se leva. Elle prit un tissu et l'humidifia dans l'eau tiède du bain et elle frotta son intimité pour essuyer l'écume de son mari. Elle frissonna de dégoût, récupérant sa robe qu'elle remit sur son dos. Elle ouvrit la porte et vit ses deux fils courir dans le couloir, l'un poursuivant l'autre.
-Mère ! Mère ! Aidez-moi ! cria le plus jeune de ses fils.
-Silo ! Laisse Garen tranquille ! s'exclama-t-elle.
Le jeune homme eut un rire et il frappa sur son frère malgré l'ordre de sa génitrice.
-C'est un homme ! Il doit se conduire comme tel ! s'amusa Silo. Tu as dix-sept ans et tu as encore besoin de ta mère chérie ? continua-t-il en riant, le frappant à nouveau.
Irem s'approcha de ses enfants et elle le tira avant de lui mettre une gifle. Le garçon se tint la joue, fronçant les sourcils.
-Père vous punira pour ça ! affirma-t-il en s'éloignant, marmonnant des injures envers sa mère.
La femme soupira et elle releva Garen qui était au sol, tremblotant et pleurant. Il se frotta les joues, la tête baissée vers le sol. Irem eut un léger sourire, relevant son visage pour ensuite lui caresser la joue avec tendresse.
-Est-ce que tu vas bien ? demanda-t-elle, inquiète qu'il soit blessé.
-C'est douloureux, mais ça ira, la rassura-t-il avec un sourire.
-Ton frère est quelque peu turbulent, mais ça lui passera, lui affirma la reine en souriant.
-Il a six ans de plus que moi... Ne devrait-il pas s'être déjà calmé depuis toutes ces années à me martyriser ? soupira le jeune homme.
-Certains sont plus tardifs que d'autres lorsque cela concerne la maturité... lui expliqua-t-elle. Va donc maintenant. Retourne à tes occupations...
-Bien. Merci, mère, dit-il, venant embrasser sa joue.
Elle l'observa s'éloigner, soupirant doucement. Irem avait beau essayer de se convaincre que Silo allait changer et s'adoucir, elle savait que ce n'était que rêverie. Il ne changerait pas. Jamais. Il était comme son père : mesquin, mauvais, manipulateur et sadique. Il n'y avait rien de bon en lui. Le portrait craché de Tiphon.
Garen sortit du château pour aller aux écuries. Il évitait son frère et il savait qu'il ne viendrait pas là. Silo n'aimait pas les chevaux contrairement à lui. D'ailleurs, il n'aimait aucun animal tout court, ni personne, si ce n'était lui et leur père. Il le vénérait, le prenait pour modèle. Tiphon était le roi suprême, celui qui avait repris le trône pour la deuxième fois chez les Venom. L'histoire disait que l'arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, arrière grand-père de Garen, Ilian Venom, avait renversé les Rexaron une première fois. Il avait ensuite été empoisonné par son propre fils, Rehan Venom. Plus de soixante ans après, Ilian Venom, second du nom, avait été tué par Jerad Rexaron qui avait finalement repris le trône. Un peu plus de cent vingt ans plus tard, les Venom régnaient à nouveau. L'histoire des Venom n'avait rien d'un conte de fée. C'était même tout le contraire. Meurtres, massacres, trahisons... Ils ne connaissaient que ça. Leur jalousie et leur perfidie les menaient jusqu'au trône. Lors de la première prise des Venom, l'un des Rexaron avait survécu, Ereton Rexaron, second du nom. Il avait épousé une Jagor et donné naissance à ses enfants qui à leur tour eurent des enfants jusqu'à ce que naisse, après plusieurs générations, Jerad qui avait repris le pouvoir aux imposteurs qu'étaient les Venom. Cette fois ci, Tiphon n'avait rien laissé au hasard. Il avait tué tous les enfants des Rexaron pour qu'aucune descendance ne puisse venir réclamer le trône et les autres maisons avaient bien trop peur de s'attaquer à eux puisque leur armée était puissante et sans foi ni loi, à l'image de leur souverain.
Il s'arrêta près d'un cheval et lui caressa le museau, un sourire aux lèvres. Garen adorait venir voir ces chevaux. Ils étaient à l'écoute et ne répétaient jamais ses secrets. Il pouvait leur parler sans que rien ne sorte de l'écurie. C'était un réel échappatoire pour le jeune homme qui haïssait son père et son frère. Il détestait leur façon d'agir. Ils se pensaient au-dessus de tous et laissaient leur immoralité guider les royaumes. Garen ne voyait pas ça d'un bon œil. Il était bien plus proche de sa mère qui était une femme douce, gentille et charmante avec lui. Il voyait d'ailleurs bien qu'elle n'était pas heureuse, mais que pouvait-elle bien faire ? Fuir ? Tiphon la retrouverait et la tuerait. Garen ne se sentait pas capable d'affronter son père donc il ne faisait rien non plus. Ils vivaient avec, acceptant leur destin.
-Oh, vous êtes là, mon prince, fit le palefrenier.
-Joran ! s'exclama le jeune homme en souriant. Comment vas-tu ?
-Je vais bien, merci. Et vous même ? retourna-t-il la question.
-Pareillement, répondit Garen. Je suis venu voir les chevaux.
-Vous venez souvent ces derniers temps... fit remarquer le jeune homme.
-Oh... Hum... Ils, ils m'apaisent, bégaya-t-il.
-Êtes-vous troublé, mon prince ? le questionna Joran.
-Non... Je...
-Votre frère ? Je l'ai déjà vu avec vous. Il ne semble pas être d'une agréable compagnie, devina le palefrenier.
-En effet, soupira le prince. Ce n'est pas simple tous les jours, dit-il sur le ton de la plaisanterie bien qu'il le pensait.
-Je l'avais remarqué, fit-il en lui souriant. C'est pour cela que vous venez ici ?
-C'est mon refuge, avoua Garen. J'aime venir ici. Leur compagnie est davantage agréable, s'amusa-t-il. Et... Je... J'apprécie votre présence aussi.
-Oh ! Il n'y a donc pas que les chevaux ? s'amusa Joran.
-Et bien... souffla Garen en se retournant pour regarder le palefrenier.
Il sursauta, le jeune homme étant très proche de lui. Il le regarda dans les yeux. Ils étaient bruns, couleur noisette plus précisément. Ils étaient magnifiques. Le palefrenier ferma les yeux et Garen haussa un sourcil tandis qu'il voyait son visage s'approcher du sien. Les lèvres de Joran se posèrent sur les siennes et Garen frissonna, fermant les yeux à son tour. Il répondit à son baiser, sentant tout son être vibrer sous la chaleur de sa bouche. Les doigts de Joran se baladèrent dans ses bouclettes brunes. Garen n'osait pas bouger bien qu'il appréciait cet échange. Ils rompirent le baiser, le prince ayant les joues toutes roses. Il détourna le regard, se pinçant les lèvres.
-Je... Je suis désolé, mon prince. Je n'aurai pas dû Je...
-J'ai... J'ai aimé ce baiser, souffla Garen en reposant les yeux sur Joran.
-Vous n'êtes pas contrarié ? fit-il surpris.
-Non. Au contraire... Je me sens apaisé, avoua le jeune homme avant de détourner les yeux timidement.
-Puis-je ? demanda Joran qui avait l'envie de recommencer.
Garen hocha la tête et ils s'embrassèrent à nouveau, le prince se détendant petit à petit. Alors qu'ils exploraient leurs désirs, des yeux indiscrets observaient la scène. Silo eut un sourire en coin, se reculant avec discrétion des écuries. Il retournait au château, sautillant presque. Il était ravi d'avoir vu son frère avec le palefrenier royal. C'était parfait ! Il se balada dans les couloirs avant de se retrouver dans la salle du trône, décorée des bannières des Venom, où se trouvait son père. Un large sourire décorait son visage d'habitude fermé. Tiphon remarqua l'air enjoué sur le faciès de son premier fils et il haussa un sourcil.
-Que me veux-tu ? demanda le roi, intrigué.
-Et bien, j'ai deux choses à vous dire, père. Tout d'abord, ce déchet de Garen m'a fait gifler par mère. Il pleurnichait, comme d'habitude, et elle m'a frappé. Je trouve que ce comportement devrait être puni. Mère ou non... Lever la main sur le futur roi n'est pas acceptable. Ensuite, je viens de surprendre mon cher frère aux écuries, batifolant avec une autre personne, expliqua-t-il.
-Ma foi, cela ne peut que le rendre un peu plus viril. Il était temps, répondit Tiphon.
-À moins qu'il joue le rôle de la femme, s'amusa Silo.
-Que dis-tu ?! s'écria le souverain.
-Garen semblait s'amuser avec le palefrenier, révéla le jeune homme.
-Ne mens pas ! s'énerva Tiphon.
-Oooh mais je ne mens pas, père. Je suis bien des choses, mais pas un menteur, dit-il, toujours sur ce ton joyeux.
Le roi devenait rouge de colère. Son fils expérimentant avec un homme ? Il ne pouvait l'accepter. Jamais ! Il sortit en trombe du château, se rendant aux écuries accompagné de gardes. Ils entrèrent et virent Garen et Joran, nus, dans la paille. Le roi hurla de colère, faisant emmener le palefrenier.
-Jamais je n'accepterai que mon fils puisse faire acte de sodomie ! Jamais, tu m'entends ! cria l'homme furieux a son fils.
-Père, souffla Garen.
-Assez ! Je ne veux rien entendre de ta bouche dépravée ! s'énerva-t-il.
Garen se rhabilla, fuyant ensuite au château pour se cacher dans sa chambre. Il n'avait pas manqué Silo qui se tenait derrière son père, un grand sourire aux lèvres. Il avait bien compris qu'il était à l'origine de ce désastre. C'était la première fois qu'il s'essayait aux plaisirs charnels et voilà que son amant avait été emmené de force par son père. Il craignait pour ce qui allait lui arriver. Il ne voulait qu'aucun mal ne lui soit fait, mais il n'avait aucun contrôle sur la situation. Il haïssait son frère plus que tout au monde. C'était un homme ignoble qui méritait que le malheur s'abatte sur lui, mais les dieux semblaient de son côté puisqu'il était dans les bonnes grâces de leur père et qu'il ne lui arrivait jamais rien de mauvais. Garen était en colère et attristé, mais il se sentait surtout impuissant. Alors qu'il pleurait, le visage dans son coussin, quelqu'un frappa a la porte.
Toute une assemblée était présente alors que le soleil descendait dans le ciel. La nuit serait bientôt présente. Ils se demandaient tous ce qui allait se passer. Pourquoi le roi avait-il demandé au peuple de se rassembler sur la Grande place ? Le peuple s'interrogeait tandis que le roi, la reine et le prince Silo étaient présents.
-Peuple, écoutez ! s'exclama le roi en calmant le brouhaha, les gens se taisant petit à petit jusqu'au calme le plus total. Aujourd'hui, je vous annonce que la sodomie est un crime ! Toute personne prise à s'adonner à cette pratique sera dès à présent exécutée. Il n'est pas naturel qu'un homme en désire un autre ! Ce n'est là que dépravation pure d'esprits malades ! Je vous invite à dénoncer ceux qui se livrent à une telle abomination ! À titre d'exemple, voici un homme surpris durant l'acte !
Les gardes amenèrent le palefrenier sur l'échafaud, le bourreau les accompagnant. Des cris s'élevèrent dans l'assemblée. Les parents du pauvre jeune homme hurlaient.
-Mon roi ! Je vous en prie ! Ce n'est encore qu'un enfant ! Il ne savait pas ce qu'il faisait ! Je vous en prie, soyez clément ! suppliait la mère de Joran. Il ne voulait pas ! Il ne savait pas ! Par pitié, épargnez-le ! Je vous en conjure !
Le roi balaya les paroles désespérées de la femme de la main tandis que le jeune homme se voyait agenouillé. Il fut forcé de poser sa gorge contre un bloc de bois. Le père de Joran prit sa femme dans ses bras, l'empêchant d'assister à la décapitation de son fils tandis qu'elle hurlait de douleur. Le bourreau leva sa lame, lentement, et elle s'abattit sur la nuque du palefrenier. Il dû s'y reprendre une deuxième fois, le coup n'ayant pas été assez fort. Sa tête pendait le temps que le second coup lui soit donné. Elle se détacha du corps, roulant au sol. Les gardes prirent le corps du jeune homme et l'emmenèrent.
-Cependant... Il n'a pas été seul à commettre ce crime, car comme je viens de vous le dire, il a été surpris pendant l'acte même, annonça le roi.
Des cris de stupeur s'élevèrent dans l'assemblée. La reine posa les yeux sur son mari, prise par l'incompréhension. Elle regarda ensuite Silo qui affichait un large sourire satisfait alors qu'il la regardait droit dans les yeux. Elle reposa les yeux sur le deuxième condamné, les larmes aux yeux.
-Mère ! Je vous en prie ! Faites quelque chose ! s'écria le jeune prince qui avait vu la mort de Joran, laissé à l'écart mais pas assez pour être privé du spectacle.
-Avez-vous perdu la tête ?! s'exclama la reine à son mari. Etes-vous devenu complètement fou ?! Gardes ! Relâchez mon fils !
Malgré l'ordre donné, ils écoutaient le roi avant d'obéir à la reine. S'il ne donnait pas l'ordre de le relâcher, alors ils poursuivaient. Ils l'amenèrent donc sur l'échafaud et tout comme Joran, il fut forcé de s'agenouiller avant de poser la gorge sur le bloc encore humide du sang de son amant. Garen était en pleur, suppliant son père de l'épargner.
-Tiphon ! Arrêtez ! Cela suffit ! La démonstration a été suffisante ! Relâchez notre fils ! le somma-t-elle.
-Père ! Par pitié ! Je ne recommencerai plus jamais ! J'épouserai une bonne femme noble, celle que vous voudrez ! Je vous supplie de ne pas me...
-Vous n'allez tout de même pas tuer votre fi... poursuivait-elle, s'arrêtant de parler au même moment que Garen.
Sa tête roula à son tour sur le sol, fixant celle de son défunt amant. La reine hurla, son cri raisonnant jusque dans les vallées tant il était lancé à pleins poumons. Irem s'écroula au sol. Les larmes coulaient sur son visage, déformé par la terreur d'avoir vu son cher petit tué de façon aussi barbare. Elle hurlait encore et encore, horrifiée par la scène.
-Personne ne sera épargné ! s'exclama le roi, quittant l'échafaud.
Le prince encore en vie souriait et il se pencha vers sa mère, proche de son oreille.
-Je vous avais dit que vous seriez punie, dit-il avec complaisance.
La reine tourna le regard vers son aîné, la haine se lisant dans ses yeux. Il lui offrit un sourire et se redressa, suivant son père. Elle rampa jusqu'au corps de son fils, repoussant les gardes qui voulaient l'emmener et elle le prit dans ses bras.
-Mon bébé... Mon cher enfant... souffla-t-elle en serrant le corps sans tête contre elle, sa robe blanche se tachant de sang. Mon être tout entier est meurtri, dit-elle entre deux sanglots.
La foule était choquée par ce qui venait de se dérouler devant ses yeux. Le palefrenier, ce n'était pas tant troublant. Le roi dénigrait la sodomie et il punissait quelqu'un pour cet acte, mais son propre fils... C'était totalement inattendu. La reine elle-même n'était clairement pas au courant que son second fils allait se faire exécuter. Elle était effondrée, ce qui était compréhensible. Tout comme les parents de Joran qui étaient encore présents. Les trois ressentaient horreur, tristesse et rage en leurs cœurs. Ils étaient remplis de haine envers le roi et envers le prince pour la reine. Son mari était un être abject et son fils l'était plus encore. Le futur roi se délectait de la souffrance des autres. Il aimait voir les gens endurer les pires supplices. Il venait tout droit de l'enfer... Comment avait-elle pu mettre au monde un tel monstre ? Elle dut se raisonner et lâcher son fils bien aimé. Les gardes emmenèrent le corps tandis que les têtes étaient emportées pour être mises sur des piques. Cela rappellerait au peuple de Deos que personne n'échappait à la mort lorsqu'un crime était commis, pas même la famille royale. Irem se leva et elle retourna dans le château, errant telle une âme en peine. Elle passa par les cuisines avant de se rendre dans la salle du trône où se trouvait le roi, confortablement installé sur son siège.
-Comment avez-vous pu ?! s'ecria-t-elle, les larmes roulant encore sur ses joues.
-Ce n'était qu'un vaurien qui se prenait visiblement pour une femme ! Comment, vous, pouvez-vous accepter cela ?! rétorqua Tiphon.
-Il vous suppliait de l'épargner ! Il vous affirmait qu'il prendrait une femme, celle de votre choix ! Comment avez-vous pu ?! hurla-t-elle.
L'homme se leva et s'approcha avant de la gifler.
-Assez ! Osez-vous contester la décision du roi ?! s'énerva le souverain.
Silo était présent, observant ses parents se déchirer. Il jubilait de voir sa mère dans un tel état. Cela lui apprendrait d'oser lever la main sur lui. Il adorait observer sa génitrice subir une telle souffrance. C'était jouissif pour le prince.
La reine avait des envies de meurtres. Son mari, son fils... Tout deux méritaient la mort, mais elle savait que si elle tentait quoi que ce soit, elle serait morte bien avant eux. Refusant de vivre dans un monde où son fils avait été décapité sans scrupule devant ses yeux, elle sortit un couteau et se trancha la gorge, sectionnant sa carotide. Du sang s'écoula avec abondance et le roi l'attrapa avant qu'elle ne touche le sol. Silo fut d'abord surpris avant d'éclater de rire.
-Mais qu'avez-vous fait ?! Pourquoi ?! s'exclama le roi alors qu'elle se vidait de son sang dans ses bras, entendant les rires de son fils derrière lui.
-Maudits soyez-vous, tous les deux, souffla-t-elle avant de rendre son dernier soupir.
-Quelle faiblesse d'esprit, s'amusa Silo en parlant de sa mère qui n'avait pas pu supporter la mort de Garen.
Le roi demanda aux gardes d'emporter le corps et de nettoyer le sang de sa femme. Il quitta la salle pour aller se nettoyer. Il était en colère contre Irem. Elle l'avait lâchement abandonné en se donnant la mort. Il comprenait qu'elle affectionnait Garen mais il était nécessaire de faire preuve d'impartialité. Il n'aurait jamais été roi et n'aurait jamais donné une descendance alors il était inutile. C'était comme ça qu'il voyait les choses. En plus de commettre un acte impardonnable et dégoûtant. Il le méritait.
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The Lost Kingdom [EN COURS]
FantasíaDix années passèrent après le massacre des Rexaron. En 272 ap-R, dans les neuf royaumes, Myla, une paysanne, s'apprêtait à vivre une aventure pleine de rebondissements, rencontrant des compagnons de diverses contrées. En même temps, les rebelles se...