Chapitre XCIII

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Une nouvelle journée s'était levée tandis que le roi Silo était confortablement installé sur son trône. Il était souriant, fier de mettre à feu et à sang les différents royaumes qui osaient lui tenir tête. Orien était bien plus coriace qu'il ne l'aurait imaginé cependant. Il avait envoyé des hommes pour prendre le royaume mais jusqu'à maintenant, ils n'avaient pas réussi. Il avait donc décidé de ramener ses soldats. Il voulait laisser croire à Orien qu'ils avaient gagné et revenir en force une fois qu'ils seraient davantage affaiblis par la famine qui se propageait de plus en plus au fil des semaines. Ce n'était qu'une bataille, pas la guerre. Certes, il ne s'attendait pas à cela mais le roi ne se démontait pas. Il allait parvenir à tous les avoir, qu'ils le désirent ou non. Tous allaient finir à ses pieds, l'implorant de sa clémence qu'il ne leur donnerait pas. Il savait d'avance que ce serait jouissif. Il fallait du temps et même si cela l'énervait, il savait se montrer patient malgré tout. 

Alors qu'il jubilait en faisant un scénario dans sa tête lorsque tous auraient ployé le genou, un homme couvert de sang entra dans la salle du trône. Silo fronça les sourcils et observa le soldat approcher.

-Mon roi... Je... souffla-t-il, épuisé, tombant sur les genoux.
-Quoi donc ? grogna Silo.
-Montvono et Terragi... Ils sont tous morts ! s'exclama-t-il. Nos soldats sont tous morts, souffla l'homme. Montvono les a terrassé et est venu en aide à Terragi, expliqua-t-il ensuite. Ils... Ils sont tous morts, répéta ensuite le soldat.

Silo serra les dents, n'appréciant aucunement cette nouvelle. Orien, Montvono et Terragi... Comment arrivaient-ils tous à lui tenir tête de la sorte. Il n'avait pas envoyé énormément de soldats mais il ne pensait aucunement que ce serait nécessaire. La grande bataille de Deos avait, à l'époque, prouvé la surpuissance des Venom face à leur armée. Il se leva et sortit son épée de son fourreau. Sans aucune hésitation, il trancha la tête du pauvre soldat venu le prévenir.

-Maintenant, ils le sont tous, grogna le roi avant de ranger son épée ensanglantée. Dégagez moi cet homme pathétique, ordonna-t-il ensuite à des gardes présents.

Il se réinstalla dans son trône en soupirant. Il pensait très clairement que ce serait bien plus facile mais en attaquant Montvono et Terragi, il avait perdu vingt milles hommes et cela ne l'enchantait guère. Il les avait sous-estimé à première vue mais ce n'était pas bien grave. À nouveau, ce n'était que des batailles. La guerre était loin d'être terminée et il leur ferait ployer le genou à tous avant de leur couper la tête. Il les aurait jusqu'au dernier. Les neuf royaumes allaient tous lui appartenir. Il serait le seul à diriger tout ce beau monde, continuant son règne de chaos et de misère. Il eut un sourire à cette idée, s'apaisant. Il ne devait pas perdre la face devant ces défaites qui n'étaient que mineure. Il n'avait pas attaqué avec toute sa force et ils allaient bientôt découvrir qui était le grand roi Silo Venom, premier du nom. Il ne lâcherait pas tant qu'ils ne seraient pas tous à ses pieds. Il ne l'accepterait jamais. 

Le soldat avait en réalité mentit au roi en affirmant qu'ils étaient tous morts puisqu'ils avaient rejoint la rébellion. Étant déjà mal en point, il s'était proposé pour porter le faux message au souverain des neuf royaumes. Il pensait déjà que la rébellion avait été décimée et il fallait donc qu'il pense à présent que ceux qui l'avaient rejoint étaient morts. Si Silo apprenait la vérité, il les massacrerait tous mais il n'y avait pas de raison qu'il pense qu'ils étaient en vie puisqu'il ne quittait jamais le confort de son château. Le soldat était sûr d'y laisser la vie, connaissant la cruauté du roi mais il avait accepté son destin, espérant finir auprès des dieux grâce à ce mensonge qui allait sauver des vies et peut-être mettre fin à son ignoble règne.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, d'autres soldats arrivèrent devant lui et il serra le poing, s'attendant à une mauvaise nouvelle vu l'expression qu'ils portaient sur leurs visages.

-Quoi encore ?! grommela-t-il en se levant de son trône.
-Mon roi... Nous n'avons pu prendre Meridie, ni Thalass par conséquent... expliqua l'un des hommes devant lui.
-Comment ça ?! s'énerva le roi.
-Et bien... Nous allions faire céder la porte dans l'heure quand une armée a débarqué. Ils étaient autant que nous et nous avons été pris par surprise. Nous sommes cinq cents survivants sur les dix milles envoyés sur les îles, poursuivit le soldat.
-Et pourquoi êtes-vous ici ?! Pourquoi n'êtes-vous pas morts avec les autres ?! grogna Silo en le regardant droit dans les yeux.
-L'ennemi a essuyé des pertes mais bien moins que nous, affirma le soldat. C'était peine perdue, il était inutile de poursuivre le combat... 
-Je vois, souffla Silo. Et qui vous a attaqué ? demanda le souverain.
-Nous l'ignorons. Il n'y avait aucune banière... dit-il avant d'être interrompu.
-Des Booskarris, j'en suis persuadé, répliqua un autre. 
-Ils ne sortent jamais de leur île, encore moins pour aider ceux qu'ils considèrent comme des ennemis, affirma un troisième.
-Silence ! s'exclama Silo, faisant taire le débat. Vous êtes revenus comme des lâches sans pouvoir me donner une information utile ? C'est bien ce que vous m'annoncez ? demanda-t-il calmement.
-J'en suis navré, souffla le soldat.
-Exécutez tous ces déserteurs ! ordonna-t-il.
-Quoi ?! Mais... Mon roi ! Nous n'avons pas... protesta un soldat avant d'avoir la gorge tranchée par le roi, l'empêchant de parler davantage.

Le soldat s'écroula au sol, les mains sur son cou qui débordait. Il le regardait avec mépris alors que la vie le quittait. Les portes furent fermées, empêchant les soldats de fuir et un à un, ils se firent tuer par les gardes présents dans la salle du trône. Les cris des hommes se faisaient entendre alors que le sang se rependait sur le sol en pierre. Silo s'était sagement réinstallé sur son siège royal, observant la scène avec délectation. Quel splendide spectacle lui était offert. Il avait à nouveau un sourire sur les lèvres. Ces pauvres hommes étaient entrés sans leurs armes et cela leur fut fatal. 

Mynra entendait ces cris dans la salle et cela l'inquiéta. Elle alla donc voir, entrant dans la salle du trône par une petite porte. Elle s'approcha de Silo qui admirait la scène et elle fronça les sourcils.

-Êtes-vous devenu fou ?! Tuer vos propres soldats ne vous amènera rien de bon ! lança la reine.
-Taisez-vous donc ! Vous n'y connaissez rien à l'art de la guerre. Ces hommes étaient des déserteurs. Cela était donc un châtiment amplement mérité, rétorqua-t-il, ne quittant pas tous ces morts des yeux.
-J'en sais bien plus que vous visiblement, grogna Mynra. Vous n'êtes qu'un idiot si vous pensez que vos soldats vont apprécier entendre qu'ils se font tuer à tour de bras, déserteurs ou non ! D'ailleurs, des fuyards ne viendraient pas se présenter à vous de la sorte, affirma-t-elle ensuite. Vous devriez cesser de penser que tous ceux qui vous entourent sont des idiots qui ne comprennent rien à la situation...

Silo se leva de son siège, faisant face à son épouse. Il lui offrit un léger sourire avant de lui mettre une gifle.

-Ne vous ai-je pas dit de vous taire ? Quand allez-vous comprendre où est votre place ? Je règne, vous décorez ce siège, dit-il en pointant celui où elle prenait place en général, la poussant dessus pour qu'elle s'assoit. Alors, fermez votre grande bouche, s'énerva-t-il en lui donnant à nouveau une gifle. 
-Je... souffla-t-elle avant d'être interrompue.
-Fermez la ! s'exclama-t-il, frappant à nouveau son épouse. J'aurai dû épouser Lora. Je suis certain que, elle, elle aurait su où se trouve sa place et qu'elle fermerait sa grande gueule ! s'emporta Silo en frappant à nouveau. Ouvrez encore une fois vos lèvres délicates et vous le regretterez, dit-il soudainement calme en venant caresser sa bouche de son pouce. 

Mynra était effrayée par son mari et elle n'osa pas tenter de s'exprimer à nouveau. Elle se releva du trône qui était le sien et elle quitta la salle du trône, les larmes aux yeux. Chaque jour que les dieux faisaient, elle avait des envies de meurtre. Si elle le pouvait, elle le tuerait mais elle se ferait tuer à son tour. Portant un enfant qui n'avait rien demandé, elle ne pouvait pas se sacrifier de la sorte et son pauvre frère, Christor, lui en voudrait. Il fallait qu'elle tienne le coup. Les autres royaumes allaient se révolter, du moins, elle l'espérait. Montvono, Terragi et Meridie avaient remporté leurs batailles et Orien avait tenu bon, faisant reculer Silo. Elle espérait donc que ces royaumes allaient se mettre ensemble, prêts à reproduire la grande bataille de Deos mais avec une issue différente. Silo mort, elle pourrait retourner à Mesaio et reprendre sa vie là où elle avait dû la laisser. 

The Lost Kingdom [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant