The Lost Kingdom [EN COURS]

Chapitre CV

Certains rebelles revenaient de la chasse lorsque Nyala et Rhiannon revenaient d'Imisy. Ils avaient l'air d'avoir pas mal de proies avec eux. C'était une excellente chose puisqu'ils allaient en avoir besoin. Elle espérait que pour ceux partis pêcher, le résultat serait le même. Cependant, elle ne put s'empêcher de voir un faon et elle fronça les sourcils, descendant de la charrette. Rhiannon pencha légèrement la tête, se demandant ce qui la prenait puisque le véhicule n'était pas totalement à l'arrêt.

-Toi, là ! s'exclama la cheffe.
-Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la rebelle.
-C'est toi qui a chassé ce faon ? l'interrogea Nyala.
-Hm ? Non. Je ne sais pas qui c'est mais ce n'est pas moi, affirma la femme.

Nyala soupira et elle rassembla les chasseurs déjà revenus. Il était important qu'ils ne chassent que les adultes puisqu'il ne fallait pas exterminer la faune qui les entouraient. Les rebelles s'attroupèrent, attendant de savoir ce qu'elle avait à dire. Rhiannon l'observa dans un coin, curieuse.

-Je l'ai demandé mais je l'ordonne. Pas de petits ! Ils sont essentiels pour que la faune reste intacte ! Nous ne pouvons donc pas chasser les bébés ! Seulement les adultes ! Je pensais avoir été claire ! Si je revois un seul faon, marcassin, levraut ou tout autre jeune animal, je vous punirais sévèrement. Est-ce bien compris ?! déclara-t-elle avec une certaine colère.

Nyala n'aimait aucunement crier sur les rebelles. Elle n'était pas leur mère même si elles faisaient attention à chacun comme si. 

-Ce n'est qu'un faon, souffla un rebelle, haussant les épaules et levant les yeux.
-Ce n'est pas qu'un faon, non ! C'est l'avenir des animaux de la forêt ! Un seul peu vous sembler n'être un rien mais ce n'est pas le cas ! Si chacun ici pense de la sorte, il n'y en aura plus et là, nous n'aurons plus jamais de quoi nous nourrir ! Soyez prudents et évitez de les tuer ! rétorqua-t-elle avant de les laisser se disperser. 

Il n'y avait aucune raison de discuter. Nyala était catégorique. Pas les petits. C'était important pour elle. Certaines zones avaient déjà peu d'animaux alors il n'y avait aucune raison d'empirer davantage la situation dans d'autres endroits. Elle retourna ensuite vers la charrette pour commencer à la décharger, des rebelles venant l'aider. Rhiannon s'y mit aussi, l'aidant également. Cela prit du temps vu tout ce qu'elles avaient acheté. Les chiots furent enfin libérer de leur caisse, se mettant à courir partout. Celui que Rhiannon avait prit restait à ses côtés. Elle eut un rire lorsqu'elle entendit les enfants crier de joie, répétant sans cesse à quel point ils étaient adorables. Nyala eut un sourire à son tour. Cela allait certainement faire du bien au moral d'avoir ces petites bêtes qui couraient partout. Une fois tout déchargé, elle essaya de calculer approximativement pour combien de temps ils en avaient et ce n'était pas glorieux malheureusement. Trois semaines, peut-être quatre en rationnant énormément. Elles avaient acheté tout ce qu'elles avaient pu tout en essayant d'en laisser pour les habitants d'Imisy mais ce n'était pas suffisant. Les patates ne seraient jamais prêtes à temps pour nourrir tous les rebelles. Nyala espérait donc que Terragi allait pouvoir les aider même si elle n'y comptait pas trop puisque la famine touchait tout le monde. Elle passa une main sur son visage, soupirant doucement. 

-Il n'y a pas assez, mh ? souffla Rhiannon qui arrivait dans son dos.
-Non, soupira la cheffe en tournant la tête vers la princesse avant de regarder à nouveau les vivres.
-Hmm... C'est problématique, affirma-t-elle.
-En effet, fit Nyala. Je ne sais pas comment on va faire. On peut tenir un mois, pas plus et encore, je suis sûrement un peu trop optimiste.
-On mangera de l'herbe, plaisanta Rhiannon avant de faire la moue, réfléchissant.
-Si nous étions une armée de vaches, ça pourrait le faire, répondit Nyala amusée avant de soupirer.

Rhiannon ne disait plus rien, réfléchissant et Nyala l'observa, fronça légèrement les sourcils.

-Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle, perplexe.
-Je me demande si Meridie pourrait nous aider mais j'en doute, répondit la jeune femme. J'ai pleins de bateaux pour faire le plein mais le problème c'est de savoir à qui demander. De plus, le voyage est tout de même assez long. Une semaine jusqu'aux côtes, deux semaines jusqu'à Meridie. Ca fait tout de même un mois et demi... réfléchit-elle à haute voix.
-C'est trop long. Ils ne tiendront pas deux semaines sans manger, affirma Nyala.
-Non, c'est certain. On peut survivre avec très peu, j'en ai fait l'expérience mais nous serions tous complètement affaiblis et incapables de nous battre donc ça n'a pas d'intérêt... souffla la jeune femme. J'ai une idée. C'est limite comme façon de faire mais ça pourrait nous faire gagner du temps...
-Quelle est-elle ? demanda Nyala, intéressée.
-Manger un jour sur deux, répondit Rhiannon. Ce n'est pas la meilleure des idées mais c'est la plus accessible pour le moment, souffla-t-elle ensuite. Sauf pour les enfants. Eux, ils doivent manger à leurs faims et les plus vieux aussi sinon ils finiront par tomber malades...
-Je ne suis pas friande de l'idée mais tu as raison. Je ne vois pas d'autre solution. À moins d'être sûrs que Terragi nous aidera, nous n'avons pas le choix pour tenir jusqu'à la récolte, affirma la cheffe des rebelles.
-Mhmh, malheureusement. Cependant, peut-être que la pèche sera bonne et que nous aurons largement assez pour quelques semaines supplémentaires, espéra Rhiannon.
-On ne peut pas compter là-dessus pour le moment. Ils ne sont même pas encore arrivés à la côte, souffla Nyala.
-Certes, certes, fit la princesse.
-Je n'ai vraiment pas envie d'annoncer aux rebelles qu'ils ne pourront manger qu'un jour sur deux et le strict minimum, dit-elle, pensant à voix haute.
-Je n'en doute mais c'est toi la cheffe, rétorqua Rhiannon avant de lui sourire.
-T'es censée être la future reine, non ? lança Nyala, essayant de trouver un échappatoire.
-Ne compte pas sur moi, affirma-t-elle amusée.
-Tu n'es vraiment pas gentille, grogna Nyala sur le même ton avant de soupirer. Fait chier, souffla-t-elle ensuite.
-Quoi ? fit Rhiannon en fronçant les sourcils.
-En ne mangeant qu'un jour sur deux, ils ne pourront travailler qu'un jour sur deux sur les remparts et les constructions, pensa la jeune femme.
-Mh, ce n'est pas faux. Après, nous pouvons faire une moitié de la rébellion et puis une autre, proposa Rhiannon.
-J'y ai pensé mais vu le nombre que nous sommes, il est évident que certains en profiteront pour manger tous les jours, grommela Nyala.
-Ce n'est pas faux, souffla la princesse.
-Bon... Lentement mais sûrement, n'est-ce pas ? fit-elle avant de passer une main sur son visage.
-Tout se passera bien. Ce n'est que le temps d'avoir de quoi se nourrir mieux. Les patates sont connues pour être prolifiques. Nous en aurons à profusion. Ce n'est qu'une question de patience, affirma-t-elle avant de lui sourire, lui donnant un petit coup amical dans l'épaule. Arrête de te ronger les sangs. Ils comprendront. C'est la famine partout, conclut-elle ensuite.
-Merci, soupira Nyala avant de lui sourire.

La princesse hocha la tête en souriant avant de s'éloigner alors qu'elle entendait Kassandra approcher, râlant entre ses dents. Nyala observa Rhiannon partir avant de poser les yeux sur sa compagne, lui souriant.

-Tu ne m'as prévenue de rien, grogna la rebelle. Tu pars comme une voleuse, tu reviens sans rien dire... Tout ça pour être avec elle, mh ?
-Est-ce vraiment le moment pour une crise de jalousie ? demanda-t-elle en levant les yeux. Nous avons seulement été chercher des vivres. 
-J'aurai pu venir avec toi, rétorqua Kassandra.
-Non. Tu es ma seconde. Si je ne suis pas là, c'est à toi de gérer la rébellion, affirma Nyala. Peu importe. Je suis rentrée, non ?
-Certes mais, dit-elle avant d'être interrompue.
-Alors sujet clos, lança Nyala en commençant à s'éloigner.
-Tu ne t'en tireras pas comme ça, la rattrapa-t-elle. Depuis qu'elle est ici, tu...
-Je quoi ? souffla la jeune femme. Je n'ai rien fait de mal. Nous avons seulement été chercher de quoi manger Kassandra. J'avais besoin d'un peu de temps avec elle mais aucunement pour ce que tu crois. Elle est mon amie, affirma-t-elle ensuite. Nous n'avons pas vraiment eu le temps de discuter puisque tu es toujours là, à nous interrompre. Il y a des choses que tu n'as pas à entendre sur ce qui a pu lui arriver ou non. C'est tout. Tu peux bien t'imaginer ce que tu veux mais je n'ai rien à me reprocher. Il serait temps de cesser ces enfantillages, monologua la cheffe avant de récupérer son bras, continuant sa route.
-Nyala, souffla Kassandra. 

Elle ignora la rebelle, n'ayant aucunement envie de se disputer avec elle. Elle était las de ses crises à répétition. C'était fatiguant. Elle avait assez de choses à gérer que pour devoir s'occuper de sa petite amie jalouse. Il ne se passait rien avec Rhiannon et pourtant, seuls les dieux savaient à quel point elle le voulait. Par respect pour Kassandra, elle ne disait et ne faisait rien mais ce n'était pas l'envie qui manquait. Rhiannon était l'amour de sa vie, morte ou vivante, cela ne changeait rien. Elle l'aimait profondément et cette journée en sa compagnie ne faisait que la pousser à le penser. Elle avait des doutes sur les sentiments de la princesse mais elle savait parfaitement ce qu'elle ressentait pour elle. Elle croisa d'ailleurs le regard de Rhiannon et elle lui sourit. La jeune femme y répondit avant de détourner les yeux. Elle ne put s'empêcher de sourire un peu plus en repensant à ses paroles. C'était mal mais l'entendre rembarrer Kassandra de la sorte lui faisait plaisir. Elle ne pouvait pas faire de pas vers elle tant qu'il y avait cette femme dans sa vie. Elle ne ferait pas une telle chose même si elle en avait envie. Elle se devait de respecter les choix de Nyala même si elle détestait l'idée qu'elle soit avec une autre. De plus, si Nyala voulait vraiment être avec elle, elle l'aurait quitté donc cela ne faisait que confirmer qu'elle ne devait pas faire n'importe quoi. Elle s'était éloignée de Kalista et Tsiara puisqu'elles n'étaient pas celle qu'elle désirait et que c'était puéril de jouer de la sorte dans l'espoir de faire craquer la cheffe des rebelles. Les dieux décideraient eux-mêmes si elles devaient se retrouver un jour ou non. 

L'heure de manger approchait et elle laissa donc ceux qui s'occupaient de la cuisine faire le repas. Nyala préférait leur annoncer la nouvelle une fois qu'ils auraient le ventre plein, espérant qu'ils seraient moins contrariés. Ils mangeaient donc tous en une quantité restreinte, les plats étant bien moins remplis qu'à leur habitude. Cela ne les empêchait pas d'être de bonne humeur malgré tout, profitant de la soirée tous ensemble. Nyala était installée auprès de Kassandra. Rhiannon était entourée de Tiomah, Kenya, qui était la petite amie du jeune homme, Tsiara et Kalista. 

-Kra simalore kre dja wazlumto wazlum ? demanda Tiomah.
-Ja amirnoro lirma, répondit Rhiannon. Djo klasrumto shienara...
-Krimja ? fit Tsiara, perplexe.
-Lakr kahal, l'informa Tiomah. Sti misikialirun.
-Joh, ja horualom najaa, affirma-t-elle en souriant.
-Qu'est-ce que vous racontez encore ? souffla Kalista qui n'y comprenait rien.
-On parle de la nourriture qui manque, répondit la princesse amusée. Tiomah se demande juste si nous allons tenir le coup.
-Je trouve que ça va. On a ce qu'il faut. Il n'y a pas besoin de plus même s'il ne faudrait sûrement pas moins, dit la pirate, haussant les épaules.
-C'est le problème, souffla Rhiannon. Il n'y a pas assez pour tout le monde. Pas pour manger jusqu'aux récoltes. Il va falloir instaurer une sorte de jeune. Un jour sur deux.
-Ah... Ca, c'est moins bien. Ca ne me dérange pas mais j'imagine que certains ne vont pas apprécier. Ceci dit, c'est la galère partout en ce moment avec les nouvelles directives du roi. Tout le monde est touché par ça, dit-elle simplement avant d'hausser à nouveau les épaules.
-Ce n'est pas tellement ça. Ils s'en sortiraient à merveille sans nous. Nous n'étions pas vraiment dans l'équation, rétorqua la jeune femme.
-Ils ne vont quand même pas oser se plaindre ? Nous sommes quoi, une vingtaine de milliers maintenant ? Ils devraient être heureux. Ce n'est pas maintenant que les choses se compliquent qu'ils devraient nous rejeter la faute dessus, souffla Kalista. Et puis franchement, un jour sans manger, ce n'est pas la fin du monde. On survivra, d'autant plus que c'est temporaire.
-Je suis d'accord avec toi mais tout le monde n'est pas aussi compréhensifs. Ils ont pris l'habitude de bien manger et de profiter sans se poser de question, affirma Rhiannon.
-Et bien, ceux qui oseront râler sont idiots. C'est une rébellion. Nous ne sommes pas là pour vivre nos vies dans un joli petit village tranquille. C'est la guerre et c'est comme ça que ça se passe. C'est parfois difficile mais ils ont signé aussi pour ce genre de choses, répliqua Kalista.
-Espérons qu'ils verront les choses comme toi... fit la princesse avant de lui sourire.

En soi, Rhiannon trouverait ridicule que certains s'offusquent puisqu'ils grossissaient les rangs de la rébellion mais elle craignait que certains se plaignent du fait qu'ils n'avaient déjà plus autant dans leurs assiettes et qu'il était donc hors de question de ne pas manger chaque jour. Elle ne serait pas d'accord avec ce genre de réactions mais elle n'avait pas son mot à dire. C'était à Nyala de gérer ce problème même si elle était prête à l'aider autant qu'elle le pouvait. Elle posa les yeux sur Nyala qui mangeait, l'air ailleurs.

-Je suis désolée, souffla Kassandra qui n'avait pas ouvert la bouche depuis le début du repas. Je... J'ai peur, je dois bien l'admettre. Quand tu la regardes, je vois que tu ne regardes personne de la même façon. Pas même moi. J'ai peur que tu m'abandonnes pour elle. Je... Je t'aime sincèrement et je ne veux simplement pas te perdre. Je réagis à l'excès, j'en ai conscience mais c'est plus fort que moi, essaya-t-elle d'expliquer.
-Je sais, soupira Nyala. Tu n'as pas de raison de t'en faire. Je n'ai fait aucun pas vers elle et elle n'en a fait aucun vers moi. Nous sommes amies, c'est tout, poursuivit-elle ensuite.
-Vraiment ? Juste amies ? demanda la rebelle.
-Juste amies, confirma Nyala. Je sais que c'est difficile à croire pour toi mais c'est le cas. Je l'ai aimée et je l'aimerai probablement toujours. C'est comme ça. Je ne vais pas te mentir, mais ça ne change rien. Je suis avec toi et c'est très bien comme cela. Je n'ai pas l'intention de te quitter, affirma-t-elle ensuite.
-Elle ne t'aime pas, c'est ça ? soupira Kassandra.
-Elle n'en donne pas l'impression en tout cas. Mais pourquoi cette question ? demanda-t-elle, haussant un sourcil.
-Parce que si c'était le cas... Si elle te demandait de tout lâcher pour elle, tu le ferais, mh ? répondit-elle par une autre interrogation.

Nyala ne s'attendait pas à cette question hypothétique. Elle avait les yeux posés sur Kassandra et elle détourna le regard vers Rhiannon avant de serrer les dents. Elle ne pouvait ni affirmer ni infirmer. Elle n'en savait rien même si elle avait un gros doute sur la réponse et celle-ci ne plairait certainement pas à la rebelle. Elle posa les yeux sur son assiette, prenant une bouchée sans répondre. Son silence était, en soi, une réponse mais c'était toujours mieux que de l'entendre de sa bouche. Kassandra soupira, détournant son regard de la cheffe. Elle s'en voulait presque d'avoir posé la question. Elle savait, depuis le début, que Nyala était amoureuse de la princesse mais elle avait eu un espoir malgré tout. Elle avait eu l'espoir qu'elle parviendrait à lui faire oublier son amour pour elle, à le détourner vers elle mais ce n'était pas le cas. Rhiannon passerait toujours avant elle. Ayant l'appétit coupé, elle se leva, quittant la table. Nyala la regarda s'éloigner et elle soupira. Elle tourna la tête vers la table où était Rhiannon mais elle n'était plus là.

-Est-ce que ça va ? souffla Rhiannon.
-Qu'est-ce que tu me veux ? grogna Kassandra qui frottait ses joues pour cacher ses larmes.
-Simplement m'assurer que tu vas bien, affirma-t-elle avant de s'asseoir à côté d'elle. 
-Je vais bien. Tu peux t'en aller maintenant, grommela-t-elle, tournant la tête pour qu'elle ne puisse pas voir que les larmes coulaient encore.
-Tu mens très mal, fit-elle avant de soupirer. C'est une belle soirée, dit-elle ensuite en regardant vers le ciel dégagé et étoilé.
-Tu veux vraiment parler du temps ? demanda, non sans une pointe de sarcasme, Kassandra.
-Pas vraiment, non, répondit la princesse, amusée. Nyala tient vraiment à toi, tu sais ? Elle ne le montre peut-être pas comme tu le voudrais mais c'est le cas. Tu as une place importante dans son cœur même si tu ne le vois pas. Tu l'as sauvée d'elle-même et tu as été son pilier ces derniers temps. Sans toi, elle n'aurait peut-être jamais pu se relever. C'est grâce à toi qu'elle est encore là, affirma-t-elle ensuite.
-Pitié... Tu dis ça seulement pour te sentir moins mal, grogna la rebelle en posant enfin les yeux sur la princesse..
-Me sentir mal de quoi ? Je n'ai rien fait. Elle non plus d'ailleurs. Il ne s'est rien passé entre nous. Elle a bien trop de respect pour toi que pour faire une telle chose. De plus, je me répète mais elle tient vraiment à toi, Kassandra... rétorqua Rhiannon.
-Si tu lui demandais de... souffla-t-elle.
-Je ne lui demanderai pas, l'interrompu la jeune femme. Je n'ai rien à lui demander. Par contre, j'aimerai te demander pardon. Je n'ai pas été correcte avec toi. C'était idiot et puéril, dit-elle avant de lui sourire.
-Je n'ai pas été beaucoup plus maline, souffla la rebelle.
-Est-ce qu'on ne devrait pas essayer de s'entendre ? Pour elle ? la questionna-t-elle.
-Je suppose que si, répondit Kassandra.
-Amie ? demanda-t-elle en lui tendant la main.
-Amie, fit-elle en la serrant de la sienne.
-Allez... Cesse donc de pleurer et va la retrouver. Passe une bonne soirée et oublie tout ça. Elle et moi, ça appartient au passé, affirma-t-elle en lui souriant toujours.

Kassandra hocha la tête et se leva pour la rejoindre. Elle se tourna ensuite vers Rhiannon qui n'avait pas bougé.

-Tu ne viens pas ? demanda-t-elle.
-Je vais rester ici encore quelques minutes, répondit simplement la princesse.

Kassandra haussa les épaules et elle s'éloigna, laissant Rhiannon seule. Elle fixait le ciel, des larmes coulant sur ses joues alors qu'elle souriait. Cela la déchirait de dire qu'elles n'étaient qu'une histoire passée. Elle détestait cette sensation mais il le fallait. Elle n'avait aucunement envie de blesser la rebelle. Plus maintenant. Elle était probablement quelqu'un de bien pour que Nyala la fréquente et elle ne méritait pas d'être torturée par la jalousie qui l'habitait. C'était dur d'admettre qu'elles n'étaient plus et qu'elles ne seraient pas à l'avenir mais cela soulagerait très certainement Nyala. Elle avait d'autres choses à penser. De plus, cela ne pouvait qu'améliorer les relations. Nyala et elle n'étaient qu'amies et c'était très bien comme cela. Kassandra n'avait pas à s'inquiéter et cela allait certainement calmer ses soupçons et cesser cette rivalité qui n'avait aucun sens. Elle aimait Nyala mais il fallait savoir lâcher prise. Elle poussa un soupir, frottant ses joues avant de se relever. 

Elle retrouva le reste des rebelles qui avaient terminé de manger. Elle se réinstalla près de Tiomah et des autres avant de regarder vers Kassandra qui lui offrit un léger sourire. Elle y répondit avant de poser les yeux sur Nyala qui se levait. 

-Bon ! J'ai quelque chose à vous annoncer, commença-t-elle. Dès ce soir, nous allons devoir instaurer de nouvelles règles en ce qui concerne la nourriture. Nous en manquons terriblement. Nos vivres, malgré les achats d'aujourd'hui, sont limitées. Nous ne pouvons tenir qu'un mois en mangeant chaque jour. Il va donc falloir doubler ce chiffre pour atteindre la récolte sans que nous mourrions tous de faim. Pour cela, nous ne mangerons qu'un jour sur deux et...
-Hors de question ! Nous avons besoin de manger pour être en forme ! s'exclama un rebelle.
-Je suis d'accord ! suivit un autre. 
-Je sais mais nous sommes beaucoup ! Ce n'était pas prévu et j'y ai pensé bien trop tard. J'admets mon erreur mais... répondit-elle avant d'être interrompue.
-Ce sont ces étrangers qui posent problèmes ! Qu'ils rentrent chez eux ! cria un autre.

Rhiannon et Tiomah se levèrent d'un seul coup, furieux d'entendre ce genre de paroles.

-Retire ça tout de suite ! s'écria Rhiannon. Ces étrangers, comme tu le dis, sont là pour nous aider ! Sans eux, nous serons incapables de battre Silo ! Ils m'ont accueillie comme l'une des leurs et ils ont accepté de se battre pour nous tous alors qu'ils vivaient paisiblement sur leur île ! Tu n'as aucunement le droit de les insulter de la sorte ! Nyala ne vous demande pas la mer à boire ! Vous mangerez suffisamment pour être en forme et ce n'est qu'une question de semaines ! Vous n'allez pas en mourir ! soutint-elle ensuite la cheffe.
-Qu'est-ce que vous en savez vous ?! Tout le monde vous baise les pieds sans se poser de question ! rétorqua-t-il avant de cracher au sol.

La jeune femme eut un rire nerveux.

-Tu n'as aucune idée de ce que j'ai pu vivre. Manger un jour sur deux, ce n'est vraiment pas la fin du monde. J'ai vécu sur un bateau pendant un mois à ronger des os de poulet et des arêtes de poissons alors qu'il n'y avait déjà presque plus rien dessus, à manger quelques morceaux de pain ici et là et mes compagnons ont fini par manger un cadavre tant la faim nous tiraillaient alors crois-moi, j'en sais un rayon sur la faim et sa demande est plus que raisonnable ! Nous sommes tous dans le même bateau ! Nous devons nous serrer les coudes au lieu de faire des caprices ! C'est la guerre ! déclara-t-elle. De plus, cette hypocrisie me dégoute ! Vous étiez bien contents à notre arrivée ! Bien heureux qu'ils soient là pour vous aider à construire vos remparts et vos maisons, bien heureux qu'ils grossissent les rangs de la rébellion pour atteindre son but ! grogna-t-elle ensuite. S'ils sont des étrangers pour toi, tu es un étranger pour eux et pourtant, ils ne font aucune distinction ! Sale ingrat ! continua-t-elle, ne pouvant se taire face à un tel comportement.

Tiomah prenait le soin de traduire ce qu'ils se disaient en Booskarr pour qu'ils comprennent la situation et les Booskarris se mirent à faire leur petit cri de guerre, soutenant Rhiannon. Le jeune homme était d'ailleurs fier d'avoir la princesse pour amie. Elle les défendait sans même se poser de question et il savait qu'il avait fait le bon choix en la laissant leur demander de l'aide. C'était grâce à ce genre de réaction que les Booskarris allaient accepter de la suivre jusqu'au bout.

-Si vous ne les acceptez pas, alors nous partirons mais vous devrez vous débrouiller seuls lorsque les ennemis viendront frapper à votre porte ! Vous êtes à l'abri pour l'instant mais vous pensez sincèrement que Silo ne finira pas par apprendre que vous êtes ici et bien en vie ?! Vous êtes loin d'être prêts pour l'affronter et il le saura bien avant que nous soyons à Deos alors vous avez le choix ! Soit vous cesser vos enfantillages, soit nous partons mais je vous souhaite bonne chance dans ce cas, conclut-elle avant de se rasseoir.

Rhiannon n'était pas totalement sincère dans ce qu'elle disait. Elle ne laisserait jamais la rébellion, encore moins Nyala, tomber mais elle se devait de leur mettre un coup de pression pour qu'ils cessent de râler alors que leur cheffe ne demandait pas grand chose. Certes, cela les changeait de leurs habitudes mais ce n'était rien comparé à ce qu'il se passait dans les autres villages où certains ne pouvaient pas manger pendant plusieurs jours. 

-Et bien, je suppose que tu as presque tout dit, poursuit Nyala en lui souriant. La famine se répand partout et nous devons faire avec. Je ne vous demande que de ne pas manger pendant une journée. Vous devriez survivre à ça et c'est seulement le temps que nous récoltions les patates que nous avons planté. Nous devrions en avoir assez et nous allons agrandir les champs pour que cela n'arrive plus mais c'est un mal pour un bien. Cependant, je pense tout de même aux enfants et aux plus âgés qui, eux, auront le droit à un repas tous les jours. Nous sommes robustes et ce n'est vraiment que pour deux petits mois alors, comme l'a dit votre future reine, cessez vos enfantillages, termina Nyala avant de se rasseoir.

Les rebelles se calmèrent après ces paroles. Ceux qui n'étaient pas contents furent raisonner grâce à leurs amis qui avaient un peu plus de jugeote et rapidement, la soirée reprit son ton habituel, la musique venant calmer les rebelles et remettre du baume au cœur.