Chapitre XLVIII

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Un cheval galopait comme un fou vers une ruine. La rébellion. Elle y était enfin. Nyala avait prit peu de temps pour se reposer, voulant arriver le plus rapidement possible. Cela lui avait tout de même prit à peine plus de deux semaines mais elle était arrivée à destination. Il fallait absolument qu'elle parle à Garmen et qu'ils s'arrangent pour qu'elle puisse aller à Meridie dès que ce serait possible. Elle tira sur les rênes pour arrêter son cheval d'un seul coup et il freina, dérapant sur la terre. Un léger nuage de poussière se souleva sous ses pattes. Un homme qui travaillait sur le rempart qui avançait s'approcha et elle sauta du dos de l'animal.

-Oh ! C'est vous ! s'exclama-t-il en souriant.
-Toi, le corrigea-t-elle.
-Hein ? fit-il, ne comprenant pas.
-C'est toi... Il n'y a pas de vous entre nous, affirma la jeune femme. Puis-je te demander d'aller le mettre aux écuries ? demanda-t-elle.
-Oh, bien sûr ! répondit l'homme, prenant les rênes pour s'éloigner ensuite. 

Nyala prit le temps de s'arrêter un instant, observant toutes ces personnes qui travaillaient sur le rempart. Il y avait hommes, femmes, jeunes, vieux. Tout le monde y mettait du sien et il fallait bien avouer qu'elle était fière de toutes ces personnes. La rébellion prenait forme et elle allait pouvoir accomplir sa destinée. Nyala se sentit émotive, pensant à Jordin. Elle espérait qu'il voyait ce qu'ils accomplissaient, peu importe où il se trouvait. Ils iraient jusqu'au bout de cette aventure. Cela n'allait pas être facile mais alliance après alliance, ils allaient pouvoir se réunir, grossir les rangs des armées alliées et défendre les neuf royaumes de leur persécuteur. Elle savait qu'il y avait encore énormément de travail avant que cela puisse se faire mais le temps n'était pas ce qu'il manquait. Après onze années sous le règne de Tiphon Venom, ce n'était pas quelques années de plus qui allaient changer quoi que ce soit. Que du contraire... Le roi semblait sincèrement s'être adoucis. Les impôts étaient revenus à la normale, il se montrait bien plus courtois et docile, cherchant moins la domination et la terreur. Elle avait même entendu des gens l'appeler "Tiphon, le pas si terrible". Cela l'avait étonné mais après tout, tout le monde pouvait changer. Cependant, cela ne changeait rien à leurs plans. Tout le mal qu'il avait fait ne pouvait être réparé par quelques pièces et des paroles gentilles. Il devait quitter ce trône, de gré ou de force et la rébellion était la réponse à la force qu'il pourrait souhaiter employer. Le peuple des neuf royaumes n'allait plus se laisser faire. 

Tandis qu'elle observait l'oeuvre des rebelles, elle poussa un soupir de contentement, heureuse que tout cela avance. Elle se tourna et tomba nez à nez avec Garmen qui s'avançait vers elle.

-Justement, je voulais te voir ! s'exclama-t-elle en souriant.
-Tu es de retour ! s'écria-t-il, tout sourire également. Ca tombe bien ! dit-il ensuite. Tiens, et Rhiannon ? fit Garmen avant de secouer la tête. Au fait, il y a quelqu'un qui désire te voir ! Un émissaire de Montvono ! Ca a fonctionné ! Les Valerin sont avec nous, affirma-t-il.

Nyala allait répondre à sa réaction par rapport à la princesse mais il ne lui en laissa pas le temps, la prenant pour les épaules pour l'amener devant le messager de Meron. Il la poussa donc jusqu'à lui et il lui tendit un papier scellé. Elle le prit et se tourna vers Garmen.

-C'est peut-être pour nous dire qu'il refuse, souffla-t-elle vu que son second semblait excité par ce message qu'il n'avait même pas lu.
-Je suis sûr que non ! lança-t-il confiant.

Nyala haussa un sourcil et elle défit le sceau, déroulant le papier. Elle inspira doucement avant de se mettre à lire le document.

"Chère Nyala, 

Je me présente, Meron Valerin, lord de Montvono. J'accuse réception de la demande de mes chers cousins et amis. Ils m'ont parlé de votre groupe et du village que vous faites construire. J'ai ici plus de mille hommes et femmes qui désirent vous rejoindre pour faire prospérer ce village, bientôt ville, sans nom. 

Par conséquent, je vous demande de donner un délai à mon émissaire pour que je sache quand pourrais-je diriger ces personnes vers vous ? Ils auront besoin de logements, vous vous en doutez. 

À bientôt.

Meron Valerin."

Elle fit de grands yeux, les clignant plusieurs fois avant de relever la tête vers le messager. Elle posa ensuite le regard sur Garmen qui était impatient de savoir ce qu'il y avait sur ce bout de papier. Il fronça légèrement les sourcils, penchant la tête alors qu'elle ne disait rien.

-Hum... souffla-t-elle, ne sachant pas quoi dire.
-Quoi ?! Qu'est-ce qu'il dit ?! s'exclama Garmen.
-Il va falloir  qu'on discute avec les charpentiers, affirma la cheffe, encore sous le coup de cette merveilleuse nouvelle.
-Pourquoi donc ?! Il nous envoie des gens ?! Combien ?! grogna-t-il, tout excité.
-Mille, lança-t-elle, abassourdie. 
-Mille ?! cria son second avant de rire, sautant presque sur place. Incroyable ! Tu te rends compte ?! On sera plus de mille ! Jordin serait tellement fier de nous, de toi ! 

Nyala ne dit rien, toujours stupéfaite de l'ampleur que les choses prenaient. Elle plaqua le papier contre le torse de Garmen et elle fit signe au messager d'attendre. Elle courut partout pour faire rassembler les charpentiers qui géraient le chantier qu'était leur village.

-J'ai besoin de savoir combien de gens nous pouvons loger dans ces lotissements, dit-elle.
-Une centaine, madame. Nous pouvons y mettre cinquante lits superposés.
-Bien. Il va falloir les faire plus grands ou en faire dix de plus, lança-t-elle.
-Dix ?! On avance bien et vite mais dix... Pour quand ? demanda l'un des hommes.
-Le plus rapidement possible... Mille personnes vont nous rejoindre et il faut que tous aient un lit à leur arrivée, répondit Nyala.
-Wow, wow, wow... Mille vous avez dit ?! fit un autre, surpris.
-Tu as dit, mais oui ! C'est ça... Mille, souffla-t-elle, réalisant enfin.
-Bah, j'ai rien dit... fit l'homme, perplexe.
-Non, non. Je voulais dire qu'il n'y a pas de tutoiement. Peu importe... En combien de temps vous pensez pouvoir bâtir les dortoirs ? reprit-elle.
-Oooh... Bah... Quelques mois. On en a fini un déjà et le rempart touche à sa fin... Mince ! Le rempart ! Il est trop petit pour accueillir dix logements supplémentaires... souffla un troisième.
-Ce n'est pas un problème, affirma Nyala. Faites les logements et construisez un nouveau mur autour de ceux-ci. Nous comptons bien accueillir beaucoup plus de gens avec le temps. Le village de la rébellion grandira avec elle. D'ailleurs, il serait, par la suite, peut-être bon de construire des gardes manger, pourquoi pas une taverne ou deux, un temple, ... Un vrai village en somme, proposa-t-elle.
-Aaah ! Ce que c'est excitant toutes ces constructions en vue, s'exclama un autre charpentier, en prenant deux par les épaules. J'espère que vous êtes pas pressés de revoir vos femmes, les taquina-t-il ensuite.
-La mienne est venue avec moi donc pour ma part, je peux rester aussi longtemps qu'il le faudra, s'amusa-t-il.
-Pour la rébellion, pour notre lord et notre lady, je resterai jusqu'à la fin des travaux pour les superviser. On a beau leur apprendre notre métier, un tel chantier, ce n'est pas donné à tout le monde, lança un autre.
-Occupons-nous d'abord des lotissements. Combien de temps vous a-t-il fallut pour le premier logement ? demanda-t-elle.
-Ooh... Environ un mois, construction des lits et confection des matelas avec, répondit l'homme.
-Donc... Il vous faudrait, pour tous les faire, un an environ ? comprit-elle.
-On peut accélérer la cadence et on peut mettre plus d'hommes sur les lotissements et moins sur le rempart si vous voulez mais... fut couper l'un d'eux.
-Non. Les remparts sont importants... Trop importants. Sans eux, pas de protection et si par malheur des gardes venaient à nous découvrir... Il faut que l'on puisse se défendre, souffla Nyala.
-On peut essayer d'accélérer les choses mais je vous garantis pas qu'on arrivera à tout faire en moins d'un an... On peut peut-être gagner deux voir trois semaines parce que ceux sur le rempart vont nous rejoindre sur les dortoirs une fois fini mais dix logements et un rempart encore plus grand que celui là... Ouais, ça va mettre du temps. Ceci dit, si ça peut vous consoler, l'écurie est terminée et un garde manger aussi. Il faudra en faire un autre, plus grand, mais c'est déjà ça... expliqua l'un des hommes.
-Bon... Faites tout ce que vous pouvez. Je vais proposer qu'ils nous envoient les nouveaux arrivants par vagues. Une vague pour chaque dortoir terminé, dit-elle. Merci les gars, vous pouvez y retourner ! s'exclama Nyala en s'éloignant d'eux, pressée de donner la réponse.

Plus vite le messager l'avait et plus vite il pouvait repartir. Elle retrouva donc l'émissaire et Garmen qui discutaient de tout et de rien. 

-Bien ! J'ai une réponse à donner à votre lord, dit-elle, presque essoufflée.
-Quelle est-elle ? demanda l'homme en grimpant sur le dos de son cheval.
-Dans trois mois, une première centaine de personnes pourront être reçues. Chaque mois, jusqu'à ce que tous soient partis, dit-elle.
-Très bien ! Je me mets en route pour lui annoncer dans ce cas, fit simplement l'homme.
-Attendez ! Vous avez tout ce qu'il vous faut ? Pour boire, manger ? demanda-t-elle.
-C'est gentil de vous en préoccuper. J'ai ce qu'il me faut. À bientôt, lança-t-il, partant au galop avec sa monture.

Nyala l'observa partir et elle souffla, vraiment heureuse. Ils allaient être mille trois cents dans un an, sans compter tout ceux qui pouvaient encore les rejoindre entre temps. C'était une réelle folie. Elle ne s'était pas imaginée qu'autant de gens auraient envie de les rejoindre. Évidemment, mille trois cents contre les cent milles des Venom, c'était ridicule mais ils allaient continuer de grandir, d'évoluer et ils avaient les Stornald et les Valerin en alliés, ce qui n'était pas négligeable. Nyala comptait bien continuer sa quête d'alliance et en amener d'autres à les rejoindre. Sand et Orien, ils pouvaient oublier mais il y avait tous les autres bien qu'elle se méfiait d'avance des Jagor. Ils étaient tout de même connus pour être ceux qui avaient dénoncé les plans de la grande bataille de Deos aux Venom, empêchant l'effet de surprise. Peut-être que les années les avaient fait changer mais cela, elle le déterminerait plus tard.

-Bon ! Sinon, elle est où Riri ? demanda Garmen amusé. Elle s'est cachée dans ta poche ? blagua le jeune homme.
-J'aurai bien aimé, souffla-t-elle en se tournant vers son second.
-Quoi ? Tu l'as pas trouvée ? Il lui est arrivé quelque chose ? la questionna-t-il avec plus de sérieux.
-J'ai appris quelques petites choses. Premièrement, elle nous croit tous morts, dit-elle avant de soupirer.
-Merde... Ca n'est pas très positif... souffla-t-il.
-Pas vraiment... Ensuite, elle serait aveugle aujourd'hui... poursuivit Nyala.
-Quoi ? Mais comment ? demanda Garmen, fronçant les sourcils.
-Une prêtresse noire l'aurait rendue aveugle à sa demande mais par la volonté des dieux... Bref... Elle est aveugle. Et pour terminer, elle avait quitté la Cité d'or depuis une semaine quand je suis arrivée... soupira-t-elle doucement.
-Mais... Pour aller où ? l'interrogea-t-il.
-Meridie. Je ne sais pas pour quelle raison mais c'est vers les îles qu'elle est allée, répondit la cheffe des rebelles.
-Bon... Ma foi, Meridie est potentiellement un allié. Les Reath ont perdu beaucoup lors de la grande bataille... fit remarquer Garmen.
-Certes... C'est ce que je me dis aussi, souffla-t-elle. Enfin, voilà. Donc j'y ai été pour rien... 
-C'était pas pour rien ! affirma l'homme. Tu sais où elle est et tu sais qu'elle est en vie. T'en es sûre maintenant, poursuivit-il, venant lui masser légèrement l'épaule, espérant la réconforter.
-Ouais... lança-t-elle avant de s'éloigner, ayant besoin d'être seule.

Garmen soupira, la laissant partir. Cela lui faisait de la peine de la voir aussi attristée. Il comprenait sa douleur même s'il l'avait vécu différemment. Lui, il ne reverrait jamais celui qu'il aimait mais pour l'instant, elle ne le pouvait pas non plus. Il avait vu à son regard qu'elle était remplie d'espoir lors de son départ pour la cité et tout cela s'était effondré à son arrivée. Il ne savait pas tellement quoi faire ou dire pour lui remonter le moral. Il pourrait lui proposer de partir à nouveau mais cela faisait un mois qu'elle était partie, bien qu'elle soit revenue quelques heures entre deux voyages. La rébellion avait besoin de voir leur cheffe. Elle ne pouvait pas se permettre de partir vadrouiller à droite et à gauche pour retrouver Rhiannon. Certes, elle était un pilier pour la rébellion. La preuve que les Rexaron n'étaient pas morts et qu'il y avait donc de l'espoir à travers elle. De plus, elle était un atout pour convaincre d'autres de les rejoindre mais cela ne faisait pas tout. Si leur leader était absente en permanence, les gens finiraient par ne plus y croire. C'était ce qu'il s'était passé avec Jordin. Il avait tenté de rassembler pleins de petits groupes dispersés partout dans les royaumes et cela s'était cassé la figure. Ils avaient fini par se disloquer et cela faisait donc des pertes. Nyala avait eu la bonne idée de rassembler tout le monde en un même point mais Garmen n'était pas leur chef. Il ne voulait pas l'être. Il était prêt à épauler Nyala mais pas à prendre les commandes en permanence. De plus, Meridie était très vaste. Elle pouvait la chercher durant des jours, des semaines voir même des mois, peut-être même des années avec très peu de chance, avant de la retrouver. Il fallait donc quelque chose de plus précis que cette simple information. Leur cheffe avait réussi là où Jordin avait fait des erreurs. Ils avaient deux alliances importantes, d'autres à venir, et pour l'instant, l'important était de s'occuper de ce qu'il se passait ici. Si Rhiannon était à Meridie et qu'elle y restait, alors elle la retrouverait lorsqu'elle irait parler aux dirigeants du royaume. Ce n'était peut-être pas pour tout de suite mais cela viendrait.

Nyala avait conscience qu'elle ne pouvait partir maintenant. Elle était déjà partie longtemps et cela pourrait laisser croire qu'elle fuyait ses responsabilités. Garmen avait été catégorique sur ce sujet. Il ne voulait pas les endosser et elle ne voulait pas l'obliger à le faire. Elle avait accepté d'être leur leader, de les mener vers la guerre et la victoire de celle-ci. Elle devait donc être présente, apprendre à connaître ses rebelles, leur montrer qu'elle était aussi déterminée qu'eux et qu'ensemble, ils allaient botter les fesses des serpents. Elle devait s'assurer que chacun et chacune trouvait sa place dans la rébellion, que personne ne se sentait trop faible ou inutile car ce n'était pas le cas. Tous avaient un rôle à jouer, mineur ou majeur, et ils avaient tous leur importance d'une manière ou d'une autre. Même un simple tavernier était nécessaire. La distraction était nécessaire avec la pression et le travail qu'ils fournissaient tous. Ils avaient besoin de se détendre. Les musiciens avaient le même rôle mais différemment. En pensant à cela, Nyala se dit qu'il leur fallait d'ailleurs plusieurs iatres et des personnes qui s'y connaissaient en médecine. Jusque là, il n'y avait sûrement eu que des blessures superficielles avec les travaux mais un accident était vite arrivé. D'ailleurs, une fois qu'il y aurait un peu plus d'ordre et que le premier chantier serait terminé, elle allait devoir prendre le temps de découvrir les talents de chacun pour qu'ils puissent être utilisés pour la rébellion. 

La jeune femme s'installa sur une branche, observant mieux tout ce qui avait été accomplis. Elle se dit qu'ils pourraient d'ailleurs utiliser les arbres pour faire des sortes de tours de guets. Ils seraient plus discrets qu'une grosse tour plantée au bord d'un chemin. Quelques plateformes et des sortes de ponts pour passer d'un arbre à un autre... Elle poussa un long soupir, passant ses mains sur son visage. Elle ne pouvait décemment pas demander à Garmen de garder les rênes. Il y avait bien trop de chose à faire ici et ce n'était pas son rôle. C'était à elle de diriger tout ce beau monde et de faire en sorte que la rébellion évolue. Nyala essayait de se réconforter en se disant que si Rhiannon était partie vers Meridie, ce n'était pas sans raison. Elle la pensait morte et elle était restée des mois dans la Cité d'or avant de s'en aller. Quelque chose avait dû se produire... Elle était loin d'être idiote et elle ne se mettrait pas en danger sans avoir quelque chose derrière la tête. Elle devait lui faire confiance jusqu'à ce qu'elle puisse la retrouver. En attendant, elle resterait ici à gérer la rébellion et à accueillir tous les nouveaux qui allaient arriver. C'était à contre cœur mais sa patience serait récompensée. Elles se retrouveraient d'une manière ou d'une autre, un jour ou l'autre... Elles se retrouveraient. 

Nyala resta là-haut un moment, prenant le temps de réfléchir à tout ce qu'il allait falloir entreprendre. Ils avaient énormément de choses à construire. De plus, elle voulait que la rébellion ressemble à un village lambda. Les remparts pouvaient s'expliquer par le fait que des pillards, des mercenaires et autres pouvaient vouloir s'en prendre à eux. Il fallait qu'ils puissent justifier leur présence sans éveiller de soupçons si des soldats passaient par là. Forge, taverne, menuiserie, maisons, marché, boulangerie, pâtisserie, boucher, temple... Il fallait qu'ils aient l'air d'être un nouveau village prospère et tranquille qui ne cherchait pas à déranger. Ils commençaient par les bases mais ils allaient devenir un village comme un autre aux yeux des étrangers à la rébellion. Il fallait que ce soit authentique. Elle resta donc perchée sur sa branche durant un long moment et le soleil finit par leur souhaiter bonne nuit, laissant place à la lune. Elle descendit donc de l'arbre et elle retrouva tout le monde, éparpillé ici et là, alors qu'ils mangeaient. Garmen lui apporta un bol et une pinte et ils s'installèrent avec d'autres rebelles.

-Est-ce que tu vas bien ? demanda-t-il, tout de même inquiet pour son amie.
-Je ne vais pas mentir. Je suis très déçue de ne pas l'avoir retrouvée mais ce n'est qu'une question de temps... N'est-ce pas ? souffla-t-elle, buvant ensuite une gorgée de son alcool.
-Tu la retrouveras. Je te propose que lorsque tous les arrivants de Montvono seront là, tu pourras partir vers Meridie et la retrouver. 
-Si elle y est toujours, rétorqua-t-elle, prenant ensuite une bouchée de pain.
-Tu verras bien à ce moment là. Je sais que ce n'est pas chose aisée mais... commença-t-il avant qu'elle ne l'interrompe.
-Je dois m'occuper de la rébellion avant tout. Je sais. J'en ai conscience. D'ailleurs... Merci pour tout Garmen. Merci d'avoir pris soin d'eux en mon absence, lui dit-elle, posant sa pinte pour lui tapoter amicalement le dos.
-C'est mon rôle de te seconder mais je ne suis pas leur chef. Tu l'es, fit-il en la prenant par les épaules. Je me doute que tu t'inquiètes pour elle mais Rhiannon est loin d'être idiote. Si elle a été à Meridie, c'est qu'elle a quelque chose à y faire, affirma-t-il.
-C'est ce que je me dis aussi. De plus, elle nous pense morts donc elle n'avait aucune raison de rester à Ponenterra... souffla-t-elle, reprenant son verre pour y boire.
-La tête qu'elle fera quand elle te verra, dit-il amusé.
-Un an et un mois... dit-elle doucement. Elle va clairement croire à un fantôme, plaisanta Nyala, essayant de se détendre. Hum... Bah non, en fait... fit-elle ensuite, toute sérieuse.
-Quoi ? demanda Garmen, perplexe.
-Elle va pas me voir... Elle est aveugle... souffla-t-elle, se rappelant ce léger détail.

Son second se pinça les lèvres, ayant lui aussi oublié qu'elle lui avait dit pour sa cécité. Nerveusement, il ne put s'empêcher de pouffer de rire et Nyala se pinça les lèvres avant de rire et les deux éclatèrent de rire. Évidemment cela n'avait rien d'amusant pour Rhiannon, ni pour eux dans le fond, mais ils relâchaient toute la pression, se rendant simplement compte de leur bêtise. Ils se mirent donc à hurler de rire au fil des secondes et bien que les autres ne comprenaient pas pour quelle raison ils riaient, leurs rires se transmirent à d'autres et au fur et à mesure, sans savoir pourquoi, ils riaient tous ensemble, de bon cœur.

The Lost Kingdom [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant