Chapitre XV

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Le temps était agréable et tous étaient autour du feu à discuter, boire, affuter leurs lames ou à préparer le souper. C'était l'ambiance habituelle du camp. Certains jouaient de la musique pour apaiser le cœur des guerriers présents qui s'impatientaient. Le camp n'avait plus bouger depuis plus de deux semaines et ils trouvaient qu'il était inutile de rester ici davantage. Alin et Jordin faisaient donc face à ces plaintes, essayant d'expliquer qu'ils n'avaient, pour l'instant, pas le besoin de partir. Rhiannon en était la raison en réalité. Ils craignaient que son existence soit révélée et elle n'était pas prête encore. Elle était incapable de se défendre s'ils se faisaient attaquer. Il était donc nécessaire qu'ils attendent encore. Elle faisait des progrès, mais ce n'était pas suffisant pour lever le camp et reprendre leur quête ultime : tuer le roi Tiphon. Les cousins se demandaient d'ailleurs où était la princesse puisqu'elle était partie avec Nyala la veille et elles n'étaient pas encore revenues. Allaient-elles bien ? Avaient-elles été attaquées ? Peut-être même capturées ? Pire ! Tuées ? Ces questions se dissipèrent rapidement lorsque les deux jeunes femmes pénétrèrent le camp. Alin se leva d'un bond et il s'approcha d'elles.

-Mais, par les dieux, où étiez-vous ? Jordin et moi-même nous inquiétions ! s'exclama le jeune homme avant de voir l'épée à la ceinture de la princesse. Jolie lame. D'où vient-elle ?
-Oh ! C'est un cadeau de Nyala. Nous avons été dans un village non loin d'ici, dit-elle en souriant.

Alin ne répondit rien, posant les yeux sur Nyala. Il l'attrapa par le bras et la tira plus loin pour éviter les oreilles indiscrètes. Elle suivit sans aucune résistance, se demandant ce qu'il lui voulait. Il s'arrêta et resta proche d'elle, gardant son bras dans sa main.

-La prochaine fois que tu as une idée aussi stupide, préviens-nous, grogna le jeune homme. On s'est inquiétés pendant tout ce temps et pour rien ! Et au lieu de te balader, tu devrais l'entraîner ! Nos hommes s'impatientent. Ils veulent reprendre la route et tu prends ton temps pour lui enseigner l'art du combat !
-Si tu trouves que je mets trop de temps, tu n'as qu'à le faire toi-même, rétorqua Nyala. Et mon idée stupide, comme tu le dis, lui a permis de trouver une arme qui lui convient. Nos épées d'entraînement sont trop lourdes. Elle ne les maniera jamais parfaitement alors que celle-ci a été faite pour les gens de son gabarit. Je comptais bien reprendre l'entraînement dès notre arrivée, mais puisque tu penses tout savoir... Fais-le, poursuivit la jeune femme en tirant son bras pour le récupérer.

La jeune femme s'éloigna ensuite. Rhiannon lui sourit et elle l'ignora. Ce sourire s'effaça, laissant la princesse dans l'incompréhension. Elle n'avait pourtant rien fait de mal et elles avaient discuté de choses diverses sur le chemin. Pourtant, elle agissait comme si elle l'avait contrariée. Alin poussa un soupir avant de s'avancer vers Rhiannon en souriant.

-Fais voir ton épée, demanda-t-il, gardant ce sourire.
-Oh, bien sûr ! dit-elle en la sortant de son fourreau, lui donnant ensuite.
-Hmmm... Fer Drogosien... Belle lame, magnifiquement bien travaillée. Elle a dû coûter cher, analysa Alin.
-Nyala a négocié avec le forgeron. Huit pièces d'argent au lieu d'une pièce d'or. En effet, elle a eu un coût, mais c'est toujours ça de gagné, répondit Rhiannon.
-C'est exorbitant ! s'exclama le jeune homme. C'est près de deux salaires moyens d'un paysan...
-Je lui ai dit que je la rembourserai, mais elle a refusé. Tu crois que je devrais quand même ? demanda-t-elle.

Alin hésita, prenant un instant de réflexion. Il hocha ensuite la tête.

-Tu devrais. C'est une façon détournée de t'obliger à te sentir redevable. Elle t'aide, elle te fait des cadeaux... Ne te laisse pas avoir par ses manigances pour te manipuler, affirma-t-il en la remettant dans son fourreau.
-Que veux-tu dire ? fit-elle surprise, fronçant les sourcils.
-Nyala est une personne plutôt gentille, mais elle ne fait pas de cadeau gratuitement. Je ne sais pas ce qu'elle attend de toi, mais méfie-toi, dit-il en haussant les épaules. Peu importe. Le voyage s'est bien passé ? Vous n'avez pas rencontré d'obstacles ?
-Non. Tout s'est vraiment bien passé. On a passé la soirée à boire et on a passé la nuit dans la forêt, répondit-elle. Aucun problème, conclut Rhiannon en souriant.
-En parlant de boire, voudrais-tu partager une coupe avec moi ? proposa le jeune homme.
-En quel honneur ? répondit-elle amusée.
-Hum... À votre retour sans encombre. Et faut-il réellement une raison dans le fond ? fit-il en souriant.
-Pourquoi pas ? Je dois admettre y prendre goût, fit la princesse toujours sur le même ton.

Ils s'avancèrent près du feu de camp et Alin servit un verre à Rhiannon puis un second pour lui-même. Il cogna son verre contre celui de la jeune femme et ils burent ensemble. L'heure du souper sonna et ils s'installèrent l'un à côté de l'autre.

-Hum... Tu sais, hier... Je voulais te parler, mais ton estomac criait famine, dit-il amusé.
-Oh, et que voulais-tu me dire ? l'interrogea-t-elle.
-Je... Lorsque nous étions enfants... Je t'appréciais beaucoup. J'avais espéré que nos familles décideraient de nous unir, avoua-t-il. Je fus très déçu lorsque ce fut Olivio Reath qui prit cette place.

Rhiannon ne put s'empêcher de rougir à cette révélation. Elle ne savait pas tellement comment réagir ni quoi dire. Elle trempa son pain dans sa soupe et le fourra dans sa bouche, espérant que ça lui laisserait le temps de répondre à ces paroles.

-Je pense que je ressens encore cela. Aucune femme que j'ai pu rencontrer dans ma vie ne m'a jamais fait l'effet que tu me fais. Je voulais passer chaque journée avec toi, même si cela était impossible à l'époque. Et, là, de te voir chaque jour, travailler avec acharnement... Je trouve cela admirable. Tu ne restes pas sur tes acquis. Tu tentes de t'améliorer et cela ne fait que renforcer mes sentiments, mon admiration, pour toi. Je trouve, d'ailleurs, que tu n'as pas tant changé. Vieilli mais pas changé, continua-t-il, laissant le temps à Rhiannon de procéder face à ces aveux. Mais je n'ai jamais su ce que tu ressentais, toi. À l'époque ou maintenant...

Rhiannon posa les yeux sur le jeune homme, les joues toujours rouges. Elle bégaya légèrement avant d'inspirer profondément.

-Je dois admettre être surprise. Tu me prends au dépourvu, dit-elle en riant nerveusement. Je ne sais pas quoi dire. Je t'ai toujours beaucoup apprécié, il est vrai. Aujourd'hui, je ne sais pas où j'en suis. Je n'y ai jamais pensé depuis mon arrivée, dit-elle, voyant la déception se dessiner sur le visage d'Alin. Oh, non... souffla Rhiannon en posant son bol. Ce n'est pas ce que tu penses, dit-elle en prenant une de ses mains dans les siennes. Je voulais dire que je n'ai pas réfléchi à cette possibilité. Je n'avais pas connaissance de tes sentiments et mes pensées sont tournées vers mes entraînements avec Nyala, mais... Peut-être que les dieux l'ont envoyée à moi pour qu'elle me ramène à toi. Peut-être est-ce le destin, dit-elle en souriant.
-Alors... Penses-tu qu'il nous serait possible de passer plus de temps ensemble, en dehors de tes heures d'entraînement ? J'aimerai connaître la Rhiannon que tu es devenue aujourd'hui... J'aimerai découvrir comment la vie t'a façonnée, demanda-t-il, empli d'espoir.
-Ca ne peut pas être une mauvaise chose. Nyala devait m'apprendre à manier l'épée contre quelqu'un en mouvement, mais elle ne semble pas disposée à s'en occuper finalement. Nous pourrions marcher un peu, à la fin du repas, proposa la princesse.
-J'en serais ravi, dit Alin avec enthousiasme.

Rhiannon garda un sourire sur les lèvres. Il s'effaça doucement alors qu'elle se demandait où était Nyala. Elle ne l'entraînait pas et elle n'était pas présente au souper, mais elle chassa rapidement ces pensées, se demandant comment allait se passer ce moment futur avec Alin. C'était un bel homme. Il était grand, blond aux yeux bruns, le visage doux et pourtant virile à la fois, bien bâti... Le genre d'homme qui faisait tomber toutes les dames de la cour, mais c'était sur elle qu'il jetait son dévolu et ce depuis longtemps. Rhiannon mentirait si elle disait ne pas être flattée par ce qu'il venait de lui dire. Malgré les années, il la désirait toujours. Elle n'avait jamais eu d'hommes dans sa vie. Ceux du village ne lui plaisaient pas ou elle ne ressentait tout simplement pas la même chose. Tommy était l'exemple parfait. Un jeune homme drôle, attentionné, gentil et beau, mais elle n'avait jamais pensé à lui comme prétendant. Il était comme un frère. Alin... Elle l'aimait bien lorsqu'ils étaient enfants. Il avait toujours été son préféré.

Le repas étant terminé, les gens se dispersaient dans le camp, retournant à leurs activités. Alin ne manqua pas sa chance et il prit la main de Rhiannon pour l'emmener plus loin, à l'écart des autres. Il désirait avoir de l'intimité. Il ne pensait à rien, mais il n'avait pas envie d'être interrompu. Ils se retrouvèrent au bord de la rivière et ils s'installèrent sur un gros rocher, sous un arbre. Il lui sourit, la regardant dans les yeux et Rhiannon rougit, déviant son regard sur l'eau.

-Tu es magnifique... La lune éblouit ta beauté... C'est sûrement pour cela qu'elle disparait une fois tous les vingt-neuf jours, jalouse de te rendre plus belle que tu ne l'es déjà, souffla Alin en posant à son tour les yeux sur l'eau.
-Alin... Tout mon sang va finir dans mes joues si tu continues, lança la princesse avant de glousser légèrement.
-Cela en vaut la peine si je peux entendre ton rire, affirma-t-il. Alors... Dis-moi... Qu'es-tu devenue après toutes ces années ? Tu ne nous as pas dit grand chose à ton propos. Qui es-tu aujourd'hui ? s'intéressa le jeune homme.
-Oh... Et bien, lorsque je me suis sauvée, j'ai été retrouvée par des paysans. Ils m'ont élevée comme leur propre fille... dit-elle simplement.
-N'as-tu pas eu peur qu'il te dénonce au roi ? l'interrogea Alin.
-Ils n'ont jamais su qui j'étais et aujourd'hui, je crains qu'ils ne sachent jamais. Ils sont sûrement auprès des dieux à l'heure où nous parlons, souffla doucement Rhiannon.
-Pourquoi dis-tu cela ? fit-il intrigué.
-Et bien... La nuit où je suis arrivée, mon village a été attaqué par des hommes de Tiphon. J'ai pu m'en sortir, mais j'ai bien peur que ce ne soit pas leur cas... C'était des gens biens. Ils ne méritaient aucunement une mort aussi atroce, répondit-elle avec tristesse.
-Oh... Je vois. Tu as donc perdu par deux fois tes parents, si l'on peut dire... J'en suis navré, compatit le jeune homme. Ils sont dans un monde meilleur, tenta-t-il de la réconforter.
-Je l'espère sincèrement. Le destin semblait s'acharner, mais je ne suis plus seule à présent... affirma la princesse. Je t'ai, toi, ajouta la jeune femme avant de rougir à nouveau.

Alin ne put s'empêcher de sourire en entendant ces paroles. Il vint doucement prendre sa main et il la serra entre ses doigts robustes.

-Je te dédierais ma vie si c'est ce que tu désires, assura-t-il à Rhiannon. Je ne te laisserais jamais tomber. Je... Je n'ai jamais cessé de penser à toi, même lorsque je te pensais aux côtés des dieux. Je me languissais de t'y retrouver, mais je suis heureux d'être en vie pour te voir, ici, avoua le jeune homme en souriant.
-Il aurait été dommage que tu t'y retrouves sans jamais pouvoir m'y trouver, souffla la princesse. Je suis heureuse que tu sois parmi les vivants. Je n'imagine pas ma vie dans ce camp sans toi ou Jordin. J'aurais été brûlée sur un bûcher, plaisanta Rhiannon.
-Peut-être avaient-ils raison, souffla Alin. Tu m'as envoutée dès ton arrivée... Lorsque je t'ai reconnue, tous mes souvenirs se sont ravivés. Tous ces instants passés à tes côtés. Nous n'étions que des enfants, mais je savais déjà ce que je ressentais pour toi et cela ne s'est pas estompé avec le temps...

Rhiannon se mit à rougir à nouveau. C'était presque maladif. Elle ne pouvait empêcher cette réaction face à ses paroles.

-Je veux prendre le temps de te réapprendre, mais je sais, sans aucun doute, que ces sentiments que je te porte se renforceront, affirma le jeune homme. Et je dois admettre que voir tes joues changer ainsi de couleur me donne chaud au cœur. Il fond pour toi.
-Qui t'as appris à parler aux femmes de la sorte ? N'est-ce pas toi qui use de magie ? plaisanta la jeune femme.
-Personne. Je laisse simplement mon cœur s'exprimer. Je ne l'empêche de rien et ces paroles me viennent naturellement. Mon cœur et ma tête sont en parfaite harmonie, me permettant de déclarer ma flamme à celle qui me fait vivre et m'empêche de réfléchir et pourtant, à cet instant, je n'ai nul besoin de penser, juste de parler... déclara Alin.
-Personne ne m'avait jamais dit de si belles paroles, souffla Rhiannon. Mon cœur bat tel un tambour qui résonne dans ma poitrine...
-Me laisserais-tu..? demanda-t-il en se penchant vers la jeune femme.
-Je... Je ne sais pas si je suis prête, dit-elle en posant sa main sur son torse. Je pense avoir envie de goûter tes lèvres, mais ne devrions-nous pas prendre plus de temps ? Tu l'as dit toi-même... Prendre le temps de se réapprendre. Découvrir qui nous sommes devenus après toutes ces années...
-Tu as raison. Je m'emballe. Pardonne-moi. Peut-être que, inconsciemment, j'ai peur que tu disparaisses à nouveau et que la vie ne m'ait jamais offert le cadeau de savoir quelle saveur à ta bouche si délicate... dit-il en se reculant.
-Tu ne m'as pas dit grand chose sur toi... À ton tour, qui es-tu devenu ? demanda-t-elle avec un léger sourire.
-Et bien, lors de la mort de Fredrik, Jordin ne cessait de penser à la vengeance. Je l'ai accompagné durant son deuil et sa souffrance était la plus incontrôlable que j'ai pu connaître. La haine qu'il ressentait émanait de lui dès que l'occasion se présentait. Je lui ai donc promis d'être son pilier. J'ai décidé de passer mon temps à ses côtés pour calmer sa fureur. Comme tu as pu le voir, il a changé. Il a mûri et réfléchi avec sa tête et pas son cœur. Il a décidé de faire les choses différemment. Il a donc eu l'idée de rassembler des gens sans but pour les rallier à notre cause. Il leur a offert un endroit, une famille, un idéal et de l'ambition pour un avenir meilleur. Je l'ai suivi jusqu'au bout et nous voilà aujourd'hui. Nous avons plusieurs camps de rebelles à travers les neuf royaumes, bien que la communication se fasse rare ces derniers temps. Nous ne savons donc pas s'ils sont toujours avec nous, s'ils ont été débusqués ou s'ils ont changé d'avis. Malheureusement, même en plaçant le meilleur à la tête des groupes, il est difficile de garder le contrôle. Nous aurions préféré rassembler tout le monde à un seul camp, mais nous serions facilement repérables et cela donnerait très certainement lieu à une guerre avant même d'avoir atteint Deos, raconta le jeune homme.
-Ta vie semble tourner autour de Jordin... remarqua la princesse.
-Il est vrai... Mais je n'ai aucun regret. Toutes ces décisions m'ont mené à toi, rétorqua-t-il en souriant davantage. Peut-être vais-je avoir l'opportunité de faire passer mes désirs avant ceux de mon cousin. Sans pour autant l'abandonner évidemment. Je ne souhaite que la réussite à notre rébellion et une fois la guerre finie, nous pourrons vivre nos vies dans la joie au lieu de la passer dans la vengeance.
-Je l'espère, souffla-t-elle. N'avez-vous pas peur de vous battre dans le vide ?
-Que veux-tu dire ? demanda-t-il.
-Deos était dit impénétrable et pourtant son armée à su s'en emparer... Il a maintenant ces remparts en sa possession, il a sûrement dû les renforcer depuis et il me semble que son armée est puissante... Peut-être que ce combat est perdu d'avance, avança la jeune femme.
-Peut-être... Mais si l'on n'essaie pas, qui le fera ? Nous ne pouvons laisser Deos dans les mains de cet être rongé par la perfidie. Ce ne serait là qu'un acte de trahison et de lâcheté, affirma Alin. Nous prions les dieux pour qu'ils nous donnent la force d'affronter ce tyran et de vaincre. Notre destin et celui des neuf royaumes sont entre leurs mains. Nous ne pouvons tourner le dos à l'espoir lorsqu'il est la seule chose qu'il nous reste, pensa le jeune homme.
-Ne serais-tu pas poète à tes heures perdues ? demanda-t-elle amusée. Ce que tu dis me donne l'envie d'y croire, à cette fin victorieuse.
-Jordin est la stratégie, je suis la motivation, répondit Alin, laissant un petit rire lui échapper.
-J'espère pouvoir un jour t'entendre cracher ton discours à vos hommes et qu'ils crient, prêts à se lancer dans la bataille sans une once de peur grâce à tes paroles, souffla Rhiannon, posant les yeux sur le jeune homme.
-Un jour, peut-être, dit-il en souriant. Cela arrivera sans doute si tu restes à nos côtés...
-Je n'ai aucune raison de vous quitter... Encore moins aujourd'hui, affirma la princesse avant de se lever. Excuse-moi mais je suis fatiguée. Il nous faut reporter cette conversation à plus tard, poursuivit-elle en se penchant. Bonne nuit, Alin, souffla Rhiannon en posant ses lèvres sur sa joue.

Elle s'éloigna et retourna dans sa tente. Elle s'y retrouva seule. Nyala n'était pas là. Cela commençait à l'inquiéter et pourtant, elle savait qu'elle était capable de se défendre, mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de fâcheux. Elle se coucha malgré tout, ne trouvant pas le sommeil peu importe ses efforts. Alin était, lui aussi, retourné dans sa tente après avoir discuté avec Jordin, mais contrairement à celle qu'il aimait, il trouva rapidement le sommeil, bercé par ce doux moment qu'ils avaient partagé.

Nyala était assise sur une branche, fixant le ciel étoilé, tandis qu'elle entendait le bruit de l'eau couler en dessous d'elle. Elle venait souvent là lorsqu'elle était contrariée ou qu'elle avait besoin de réfléchir. C'était un petit endroit à elle, mais elle n'était pas sûre d'avoir encore envie de venir là. Elle poussa un long soupir, descendant de son perchoir et elle se tourna, tombant nez à nez avec Jordin.

-Je savais que je te trouverai là, dit-il en souriant.
-Oh... Tu ne dors pas ? demanda-t-elle simplement.
-Toi non plus, rétorqua le jeune homme.
-J'avais besoin de réfléchir, mais je n'ai pas pu, soupira Nyala.
-Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui te tourmente ? l'interrogea-t-il.
-Les deux tourtereaux n'ont fait que jacasser comme des pies pendant un long moment, souffla-t-elle.
-Je vois... Tu as donc espionné leur conversation ? continua Jordin.
-Je n'ai rien espionné du tout. J'étais là bien avant eux et je n'avais aucunement l'envie de m'en aller. J'aime le bruit de la rivière, ça m'apaise. Peu importe, je vais aller me coucher, répondit la jeune femme en s'éloignant. Bonne nuit, Jordin.
-Bonne nuit, dit-il en souriant.

Puisque tous étaient endormis, le plus vieux des cousins décida qu'il était temps pour lui de retrouver sa couche à son tour. Il ne savait pas ce qui pouvait troubler Nyala, mais elle était contrariée, c'était évident. Peut-être s'était-il passé quelque chose qui lui avait échappé, mais il savait qu'elle n'allait pas se laisser aller. Il lui fallait peut-être un jour ou deux pour que ses émotions soient à nouveau tournées vers l'agréable...

The Lost Kingdom [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant