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Khamsin

    Je ne sais pas pourquoi je me suis proposé d'aller la voir. J'aurais dû laisser Jimin y aller. Mais trop tard, me voilà face à la porte de sa chambre. Il y a une trace de sang sur la poignée. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et je l'essuie avec ma manche avant de toquer.
Pas de réponse.
Bon, j'aurais essayé.
Je commence à faire demi tour mais me résigne. Vu son état surprenant, la laisser seule n'est sûrement pas une bonne idée.
Bordel Jungkook.

   Je secoue la tête, inspire un grand coup et pousse la porte.

- Isaiah? J'appelle en passant ma tête.

   Je ne la vois pas mais j'entends de l'eau couler. J'entre alors et referme derrière moi. Je m'avance et l'aperçoit, de dos, à son lavabo. Elle se lave énergiquement les mains. L'eau est rosée par le sang.
Deuxième frisson.
J'aperçois son visage dans le miroir, il a changé. Elle semble dépassée par ce qu'il vient de se passer. Elle est énervée aussi. Mais elle se retient de pleurer. Ses cheveux détachés encadre son visage.

- Je suis désolée. Souffle-t-elle. Je me suis laissée emporter. Elle prend appuie sur le lavabo et baisse la tête.

Elle tremble.

- Ouais, effectivement. Mais tu as eu raison. Je dis simplement.

Je n'ai jamais été très doué pour réconforter quelqu'un. Ni pour savoir quoi dire dans ce genre de situation. En même temps, ça n'arrive pas tout les jours de devoir parler avec une fille qui vient d'égorger un homme de sang froid.

- Qu'est ce qu'il s'est passé à Remus? Je demande. Tu as changé subitement.
- J'en sais rien. Elle répond en se tournant face à moi avant d'attraper une serviette pour se sécher les mains. À toi de me le dire. Elle plonge son regard dans le mien.

   Je soupire, comprenant ce qu'elle attend. Les ruines, les gens tout ça n'a pas pu passer inaperçu pour elle. Et comme je l'ai si bien dit moi même, elle ne sait rien.
Je passes ma main dans mes cheveux et tourne les talons.
Je m'approche de son lit et m'y assoit sur le côté. La tête baissée. Les souvenirs refaisant surface. Elle me rejoint et s'assoit sur le bou du lit.

- C'était il y a cinq ans maintenant. J'avais 21 ans. Je commence, jouant avec mes mains. Ça faisait plusieurs années que les livraisons du Nord se faisaient de plus en plus rares. Le Sud s'affaiblissait. Les gens commencer à mourir de faim. Et ils ont débarqué. Je soupire en baissant la tête.

    Mes mains commencent à trembler. De peur, d'énervement, je n'en sais rien. Mais je sers les poings pour empêcher mes émotions de se manifester.

- Des armées Ardentiennes. Je souffle. Ils ont attaqués Remus. Nous n'étions pas du tout prêt. Et nous ne comprenions clairement pas ce qu'il nous arrivait. Ils s'en sont pris à tout le monde. Les hommes, les femmes, les enfants. Des centaines de personnes sont mortes ce jour là. Mes poings se resserrent et commencent à blanchir. Tandis que la veine dans mon cou palpite. Ils ont détruits des maisons, on instauré un climat de terreur. Et ils ne se sont pas arrêté là. Ils sont aller dans les campagnes. Ont tué des fermiers. Du bétail. Brûlé les récoltes. Et ils sont partis. Sans donner une quelconque raison, sans explication. À part une chose.

Je tourne mon regard vers elle. Elle est tête baissée, ses cheveux cache son visage. Elle m'écoute.

- Un drapeau  bleu avec un écusson blanc au centre, surmonté d'une couronne argentée et trois étoiles d'argent. Je dis d'une voix grave sans la quitter du regard. Tu dois le connaître, pas vrai? Je dis durement.

   Un soupire passe la barrière de ses lèvres.

- Le drapeau de l'empire. Elle souffle. Le drapeau de ma famille.
- Exact. Je réponds.
- Ça n'a aucun sens. Dit-elle en se levant.
- Pardon? Je répond froidement en me levant à mon tour.
- Je veux dire. Elle se tourne face à moi. Pourquoi envoyer des armées Ardentiennes pour représenter mon père? Les armées Sylveriennes sont là pour ça. Tu es sûr qu'elles venaient d'Ardentes? Elle demande.
- Oui. Leur écussons été sur leur armures. Je réponds.

    Elle semble réfléchir du mieux qu'elle peut. Et sa rage se voit. Elle crève les yeux. Et je tente de deviner où elle veut en venir.

- C'est louche. Dit-elle.
- Je ne vois pas en quoi. C'est ton père qui ordonne les livraisons non? Donc c'est de sa faute si le sud meure de faim. Et qu'il envoie des armées Ardentiennes pour faire le sale boulot ne choque personne. Je dis.

    Elle tourne à nouveau sur elle même.

- C'est juste de la cruauté pure et dure. La cruauté de ton peuple égoïste envers le mien. Je dis sèchement. Tu as bien vu le résultat de tes propos yeux.
- Oui... effectivement. Elle répond et tourne le regard vers moi. Et j'en suis désolée.
- Et je suis désolé aussi, mais tes excuses n'y changeront rien. Je répond.
- Je sais bien. C'est pour ça que je vais vous aider. Dit-elle. De voir l'état de Duna et de ses habitants m'a mise dans une rage folle. Si mon père s'étais trouvé en face de moi, je penses que j'aurais explosé. Elle avoue. Je ne comprends peut-être pas tout, et vous non plus, mais je sais que je ne cautionne pas ça. Ça ne sera jamais le cas. Quelqu'en soit les raisons. Alors, je vais me ranger de votre côté. De ton côté. Je veux t'aider, Khamsin. Dit-elle sincèrement, mais très sérieusement.

    Mon corps se calme un peu, mais la haine envers le nord ne fait que grandir en moi. La détermination d'Isaiah est palpable, et malgré moi, je suis touché qu'elle. La fille de l'empereur. Du responsable de tout ça. Nous entende. M'entende. Et comprenne.

- Alors s'il te plaît, laisse moi rejoindre la rébellion. Me battre à vos côtés. Et lorsque le Nord sera prêt à écouter, je ferais en sorte qu'on t'écoute. Dit-elle.
- Tu promets que ce n'est pas un coup monté? Je demande. J'en ai assez vu pour aujourd'hui.

    Elle s'approche de moi, et sans que je puisses réagir, elle saisit ma dague. Je me met directement en position de défense, mais elle se recule. Elle tourne la paume de sa main droite vers le ciel et se coupe légèrement.

- Je fais la promesse, dans le sang, que je suis sincère. Elle lève les yeux vers moi. Laisse moi te suivre, et te conseiller. Khamsin. Et je jure de te suivre jusqu'à ce que la paix revienne dans le sud.

    Une promesse de sang. Je vois.
J'attrape à mon tour la dague en râlant.

- On était pas obligés d'en arriver là mais soit. Je soupire et me coupe aussi dans la paume de la main droite. Je fais la promesse, dans le sang, que j'entends et accepte ce que tu demande. Et je m'engage à ta protection au sein de la rébellion.

   Je range ma dague et elle me tend sa main. Je roule des yeux, ne comprenant vraiment pas l'importance de cette coutume. Mais je sers quand même sa main dans la mienne. Un frisson me prend tandis que nos regards son encrés l'un dans l'autre.
Voilà, la promesse est faite.

Khamsin. J.Jk . TERMINÉE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant