Chapitre 9

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Dans une ruelle, 

EDGAR — Sur le tuto, le mec dit que c'est facile. Mon cul, ouais. J'ai beau le remuer dans tous les sens, le cintre, j'arrive pas à ouvrir la porte. Il a dit : dans l'interstice de la fenêtre. C'est ce que je fais ! Et ça veut pas céder. Pourtant, c'est une vieille bagnole comme expliqué sur la vidéo, c'est même une Clio 2, bien pourrie comme il faut, avec sa carrosserie cramée qui a connu plus de vingt étés, les jantes rouillées prêtes à se tordre, et j'imagine pas l'état de ce qu'il y a sous le capot.

Mais y a rien à faire, j'ai beau tournicoter dans tous les sens ça vient pas, et je commence sérieusement à paniquer comme un gland. Je jette fréquemment un œil à la ruelle, et en pleine nuit, sans les lampadaires, on y voit pas à plus de trois mètres, donc, ça m'arrangerait vraiment que cette satanée portière s'ouvre, parce que les seules choses que je perçois, c'est le sifflet de l'air dans les brindilles de la garrigue plus loin, ça et un vrombissement lointain qui me tétanise un peu plus.

À force d'essayer, j'ai une idée plus lumineuse. J'attrape une pierre, une grosse pierre, un peu plus loin, et d'un coup précis, j'éclate la vitre côté conducteur, ça me provoque un sifflement dans le tympan qui me gêne. Je débloque le verrouillage et ouvre la porte. Je me rue sur la boîte à gants, mais à part un couteau et deux stylos qui se battent en duel, y a que dalle. Mais l'autoradio, lui, m'intéresse.

Je fouille dans mon sac pour choper un tournevis — j'entends un crissement sur le goudron. Des ombres se ruent sur moi, une pression me pulvérise le bras, et je suis expulsé de la bagnole, avant d'être jeté au sol comme un chiffon. J'essaye de me débattre en beuglant, l'oppression est trop forte, j'ai le souffle court. Alors qu'on m'écrase la tête sur l'asphalte, et qu'un claquement métallique tinte dans l'air. Je lance mes pieds à tout-va, la gorge baignée dans la salive, j'ai des décharges électriques qui parcourent mes muscles, je dois absolument me défaire, je sais pas de qui ou de quoi, j'ai l'impression que c'est des démons sortis de terre qui essayent de me prendre. Mais je reçois un coup sur la tempe, et j'entends un beuglement rauque :

« GENDARMERIE, TU TE CALMES TOUT DE SUITE. »

Je me fige complet. Là c'est la merde.

PETROLEUM [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant