Chapitre 32

4 1 0
                                    

TW : Souvenir d'Inceste. 

Il y a longtemps, Dans la Chambre de Papy,

— Assis sur le lit de la chambre de papy, j'attends comme il me l'a dit. Je balance mes pieds d'avant en arrière, en passant mes doigts sur les draps aux motifs fleuris. Je suis les coutures minutieusement, en écoutant attentivement le son rêche sous mon index. En même temps, je remue les lèvres en m'imaginant raconter des histoires à Jésus dans un cadre accroché au mur.

Papy m'a expliqué qu'aujourd'hui, on allait tourner un film, comme ceux que je vois à la télé avec mamie. Et même que c'est moi l'acteur principal. Peut-être qu'après, moi aussi je passerai à la télé et mamie me regardera, et maman aussi peut-être.

Ça fait un bon moment que j'attends, et c'est vrai que j'ai un peu le trac, comme les gens dans les émissions où ils doivent chanter en public. Mais après, ils y arrivent, donc j'essaye de ne pas m'inquiéter.

Quand il y a enfin du mouvement dans le couloir, je me tiens le plus droit possible en aspirant tout plein d'air. Je ne veux pas qu'on voie que je tremble.

Papy entre dans la chambre, un caméscope à la main, suivi d'un autre homme. Lui, il vient souvent ; je connais bien sa voix. Il me dit toujours que son frère a plein de chevaux et que si je suis sage, un jour je pourrai les caresser. Mais ce monsieur me fait peur, son visage a l'air cassé.

Même si j'ai un peu la trouille, j'ai moins envie de me cacher que les autres jours, parce que c'est mon jour. Après ça, tout sera différent ; peut-être même que je jouerai dans d'autres films.

Par contre, papy et l'autre monsieur ne parlent pas, et personne ne m'explique trop ce que je dois faire. Ils me scrutent juste en hochant la tête. Alors j'attends, en remuant le nez à cause d'une odeur étrange qui me fait penser à du plastique.

Je les observe en train de bidouiller le caméscope et de se faire des signes, et je trouve qu'ils ont tous les deux l'air malade. Surtout l'autre monsieur, qui n'arrête pas de bouger ses yeux dans tous les sens et de faire claquer sa langue sur son palais. Lui, il finit par s'asseoir à côté de moi, alors que papy pointe le caméscope sur nous. À ce moment-là, je me sens vraiment stressé ; j'ai mal dans le ventre.

Le monsieur pose sa main sur ma jambe. Elle est monstrueuse, elle englobe tout mon genou, elle a l'air humide, et surtout, elle est abîmée, pleine de plis, de recoins, de poils. Quand je relève la tête, il me sourit comme s'il allait m'avaler. J'ai plus trop envie de faire l'acteur finalement.

PETROLEUM [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant