Chapitre 13

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Il y a longtemps, Dans Le Placard,

— Sur la paroi en face de moi, les lattes de bois s'affaissent. Parfois, quand il fait trop froid, que l'eau glisse jusqu'à dedans, je suis persuadé de les voir gonfler. Avec les années, le papier peint s'est décollé, il y a des trous, la lumière entre, et scinde l'espace, pour éclairer les personnages que j'ai dessinés sur le bois. Ici, c'est mon endroit.

Quand je m'ennuie trop, j'invente des histoires sur mes personnages en écoutant attentivement les bruits de la maison : une porte qui claque, des pas, une casserole qui tinte, une voix grave, rarement des rires, souvent la télé, les informations avec le monsieur aux cheveux gris, puis le téléfilm, c'est souvent avec des amoureux.

Parfois, dans mon endroit, j'ai des feuilles avec moi, si Mamie m'en a donné, et alors, je peux vraiment faire de beaux dessins, avec les feutres que j'ai cachés là, dans ce placard.

Je dois faire des efforts pour bien me caler. Je frotte mes genoux, puis mes coudes, ensuite j'arrache les croûtes sur ma peau, mais je bouge pas trop, j'ai réussi à bien placer mon dos pour pas avoir mal. Je grandis, mais pas trop, un peu, suffisamment pour être plus à l'étroit ici. Je respire fortement, j'aime bien l'odeur du bois qui vieillit, c'est chaud dans mon nez.

Quand la porte de la chambre s'ouvre, je me fige, je voudrais surtout pas qu'on me trouve. Mais le soleil rentre d'un coup dans mon endroit. Mes yeux mettent un peu de temps pour s'adapter, et reconnaître la forme qui me fait face. Papy a ce sourire tendre. Quand il me tend la main pour que je sorte, je me lève avec difficulté, j'ai mal aux reins, et un peu la trouille, mais dans Yu-Gi-Oh, Yugi dit toujours qu'il doit être fort, mais il a ses amis pour l'encourager, moi j'ai pas trop d'amis pour ça.

PETROLEUM [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant