La boue à la surface d'une rivière.

46.1K 1.6K 504
                                    

À la fin de la journée alors que je filais en dehors du lycée, Sophie me rattrapa.

-Sarah, j'ai appelé John pour qu'il vienne te chercher au lycée à la fin des cours, je lui ai dit que tu n'allais pas bien. Je sais qu'avec ce qu'il s'est passé hier, tu es en froid avec ton père, mais là, ce n'est pas le moment.
-Merci. Attends deux secondes.

Je venais de voir Paul, il était entouré de son équipe, dont Brian. Je marchai vers lui, j'ignorai mon quasi-frère. Je sortis les clefs de voiture de mon sac.
-Paul ! Tu peux ramener la voiture de mon oncle du côté de chez moi ? Mon père vient me chercher et je ne veux pas la laisser ici.
-Tu plaisantes ?! Évidemment que je veux conduire ce bolide. Je le gare où ?
-Chez moi si j'ai de la place, sinon devant dans la rue, y'a pas de souci. Merci Paul, je te revaudrai ça.
-Par une petite fellation, se mit à rire un gars derrière.
Paul se retourna d'un geste et allait répliquer mais je le devançais.
-Absolument. Comment tu as deviné ? Il faut dire que j'ai pris des cours pour ça, avec ta mère. Et en plus, grâce à elle, je suis devenue une pute de luxe, mes tarifs sont beaucoup trop élevés pour un lycéen, mais bon, vu la voiture onéreuse dans laquelle tu roules, tu dois savoir ce que c'est.. le tapin de luxe.
-Attends, répète un peu ça, commença à s'énerver le gars qui devait faire 2 fois ma taille et ma corpulence.
-Ta. Mère. Est. Une... répétai-je en articulant
-Okaaaaay !!!!! lâcha Brian. McAllister est montée à bloc à ce que je vois. Ton père est arrivé Sarah. Tu devrais y aller. Tout de suite.

-Mais.. fit le garçon.
-Laisse tomber Stew. Elle est shootée aux antalgiques, elle ne sait pas ce qu'elle dit.
-Je.. commençai-je mais je m'arrêtai en voyant le regard noir de Brian. Oui, il a raison. Excuse-moi Stew. En plus, j'adore ta mère. Elle a toujours été super gentille avec moi quand on était en primaire. Je suis désolée. Mais, ne sous-entends pas que je suis une pute. Jamais. Tu n'aimerais pas que tout le monde pense que tu as un micro-pénis. Moi je ne veux pas qu'on pense que je suis une pute. C'est tout. Merci Paul.

Je tournai les talons pour rejoindre Sophie qui parlait avec mon père. Ce dernier me fixait d'un air inquiet. Je souhaitai une bonne soirée à Sophie et je montai dans la voiture de mon père. Il ne dit rien pendant un long moment. Il ne voulait pas parler avant moi, je m'en doutais bien.
-Je suis désolée. J'ai déconné hier et en plus de ça j'ai abusé de la confiance que tu avais en moi. J'ai bu et j'ai repris le volant, c'était inconscient. C'est juste que.. pour une fois j'avais l'impression d'être une autre et en fait, j'ai été blessé que tu préfères aller à un match de Brian plutôt que de rester avec moi. Alors je suis partie à Santa Monica pour me changer les idées, toute seule. J'ai déconné, vraiment, et je m'en veux autant que je me suis amusée. Les photos ont été postées sur les réseaux sociaux et maintenant tout le monde pense que je suis une fêtarde et une fille vulgaire et facile alors que ce n'est pas vrai. Tu avais raison quand tu m'as dit que je devais déterminer maintenant la personne que je voulais être. Je ne veux pas être une fille comme ça. Une fille avec une mauvaise réputation et maintenant c'est trop tard. En partie à cause de Brian en plus. Je sais pas quoi faire Papa.
Mon père s'arrêta sur une place de parking.
-Tu vas relever la tête. Et je parlerai à Brian. Tu as fait une connerie, certes, mais je vois que tu es désolée et je te pardonne. Ça ne veut pas dire que j'oublie pour autant. Tu es toujours privée de sortie et punie. Je ne fais pas ça pour te brimer Sarah. Mais pour que tu comprennes que chaque acte à des conséquences.
-J'ai surtout un putain de mauvais karma.
-Aussi, se mit à rire mon père. Mais crois-en mon expérience de lycée. Un buzz au lycée, ça part aussi vite que c'est venu. Demain, quelqu'un aura fait autre chose et plus personne ne parlera de toi. Alors tu vas relever la tête et faire comme si de rien était. Tu sais ce qu'on dit ? Les rumeurs, quand on les ignore, ne sont plus que de la boue à la surface d'une rivière. Elles ne tardent pas à disparaître.

Welcome to my lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant