Première séance

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Le retour au lycée fut.. difficile, je savais que Sophie était en colle à cause de la prof de chimie. Prof de chimie qui me refusa l'accès à son cours tant que je ne lui présentais pas des excuses pour mon comportement inqualifiable. Clairement, elle ne savait pas que j'avais hérité du caractère obstiné des McAllister. Je la regardais, et je fis demi-tour pour aller à la bibliothèque. Mon père allait criser mais elle me refusait l'accès à l'enseignement. Je ne pouvais rien faire d'autres, n'est-ce pas ? C'était un cours surnuméraire en plus, j'étais venue au lycée pour rien. Il n'y avait personne à la maison, je ne savais pas quoi faire. J'envoyais un message à Ray. « Devine qui vient de se faire refuser l'accès de son cours de chimie parce qu'elle a été insolente ? ». Il me répondit une poignée de minutes plus tard. « Délinquante juvénile, va ! Tu vas bien ? ».

Est-ce que j'allais bien ? Le week-end avec Brian m'avait fait du bien. J'étais rentrée le dimanche et je n'avais pas pu m'empêcher de pleurer dans les bras de mon père. Je m'étais accrochée à son T-shirt.
-Sarah ?
-C'est parce que je suis heureuse de te voir, c'est tout.
-Ah. Okay. Viens, on rentre sinon la voisine Dursley va venir blablater.
Depuis qu'il avait lu Harry Potter, mon père appelait nos voisins les Dursley. Il fallait dire que notre voisine était comme la tante du petit sorcier balafré. Une vraie garce qui faisait des commérages. Elle était gentille.. quand on était dans ses bonnes grâces. Et son mari était un vieux gros qui avait eu droit à un triple pontage l'année précédente. En clair, mon père lui avait sauvé la vie et depuis, ils nous collaient. Nous rentrâmes dans la maison et je vis Mary dans les bras de Brian. Littéralement. Il la soulevait et ils tournaient tous les deux. Ils étaient mignons.
-Tom n'est pas là ?

-Il est avec Elijah et Giulia. Eric avait besoin de solitude.
-Ah oui, je l'ai appelé tout à l'heure, il était en charmante compagnie apparement.
Mary m'avait serrée contre elle. Comment avais-je pu penser qu'elle ne m'aimait pas ?
-Je vais mettre les affaires dans la machine à laver, annonça Brian.
-Je vais le faire mon chéri.
-Mais non. Sarah, balance ton sac stopl'.
Je lui obéis et je laissai mon père m'entrainer jusqu'au salon. Je repensai à ce que m'avait dit Brian sur mon père et sur sa mère. Ils s'inquiétaient pour moi. Je fis signe à Mary de venir s'asseoir près de moi et je me décalai sur la table pour les regarder tous les deux avant de fixer mes mains.

-J'ai mal agi envers vous. Très mal. Je ne me suis pas bien comportée mais je vous promets que ça va aller maintenant. Je vais tout faire pour aller mieux, vous n'aurez plus à vous inquiéter. Je ne veux plus que vous vous inquiétez. Je sais que vous êtes des parents et que c'est dans votre nature profonde mais... je ferai de mon mieux.
-Sarah regarde moi.
Je relevai les yeux. Mon père avait une telle émotion dans le regard que cela me bouleversa.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Je me déteste. Je me trouve empotée, débile, énorme, et hideuse. Et en plus de tout ça, je sais que je te déçois souvent et j'ai horreur de te décevoir, et je suis vraiment une fille dont j'ai profondément honte mais je n'arrive pas à changer.
-Je.; je ne sais pas quoi te dire Sarah. Je ne m'y attendais pas mais tu sais ce que c'est faux.
-Tu n'arrives pas à voir que rien ne va chez moi. Je suis une ratée de première catégorie. Je te le jure, toi tu ne le vois pas parce que tu n'as pas un regard objectif.
-Et moi, insista Mary, je n'ai pas un regard objectif ?
-Je ne crois pas, tu ne dirais pas ce que je suis vraiment pour ne pas faire de la peine à Papa. Mais.. je vais essayer d'améliorer le fait que je sois une looseuse pour que je vous fasse moins honte.
-J'aimerai comprendre une chose ma chérie, quand as-tu pensé que tu me faisais honte alors que je suis tellement fier de la personne que tu es. Je t'ai élevé comme je pouvais et je pense vraiment avoir fait un bon boulot avec toi.
-Tu es une jeune femme merveilleuse, dit Mary en me prenant les mains, et mon Dieu, tu n'es pas grosse, tu n'es pas hideuse. Je ne sais pas comment te le faire comprendre. J'aimerai que tu te vois comme moi je te vois. Comme tout le monde te voit..
-Tu sais comment on me voit au lycée ? Comme une pute, incestueuse en plus parce qu'on me reproche régulièrement de vouloir coucher avec Brian.
-On parle de moi ? fit l'intéressé en arrivant et en se laissant tomber à côté de sa mère dans le canapé et en mettant, du moins, en essayant de mettre ses pieds sur la table.
-Tu peux dire à ta mère comment tout le monde me voit au lycée ?
-Comme ma demi-sœur vachement moins cool ?
-La traduction, c'est tocarde.
-Sarah, si tu es malheureuse dans ton lycée..
-Mais le problème vient de moi, ce n'est que le reflet de moi que les autres voient. Ils ne voient pas autre chose Papa.
-Tu sais ce que j'ai pensé de toi la première fois que je t'ai vu Sarah ? me dit Brian en passant son bras autour des épaules de sa mère.
-Que j'étais une tocarde ?
-Non, que tu étais super mignonne avec tes grands yeux verts et ton sourire avenant. Je t'ai trouvé super mignonne et mis à part les quelques kilos que tu as perdu et les cicatrices que tu as maintenant, tu n'as pas changé. Tu crois peut-être pas Maman ou ton père mais moi tu peux me croire, je te l'ai dit que je te dirai la vérité. Maintenant, il serait peut-être temps que tu demandes à ton père de te prendre un rendez-vous chez un psy.
-Brian ! s'écria Mary.
-Parce que souffrir de dépression c'est pas normal. C'est une maladie, ajouta-t-il fermement.
-Je ne suis pas en dépression, je ne vois pas comment il faut te le dire.
-Bah écoute, regarde toi dans un miroir pendant 5 minutes et dis-moi que tu te trouves belle et là, je croirai que tu n'as pas besoin de quelqu'un, d'un professionnel pour t'aider. Mais tu ne me feras pas changer d'idée.
Il se leva brusquement et brandit un miroir devant moi, et je me vis, avec mes yeux rouges, les grosses pommettes monstrueuses et mes cernes grosses comme des canyons.
-Arrête.
-Regarde-toi.
Je tournai les yeux mais il me le brandit de nouveau devant moi.
-Arrête ça immédiatement, sifflai-je.
-Je pensais que tu n'avais pas besoin d'aide.

Welcome to my lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant