Partie 1

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- Mardi.

Quatre heures du matin. Je me réveille en sursaut, la sueur collant mon t-shirt à mon torse. Ma mère entre en trombe dans ma chambre et me prend dans ses bras. Je la laisse me bercer. Mes larmes roulent sans fin, je n'en peux plus de ces conditions. Je demande juste une nuit entière. Je veux juste pouvoir profiter du sommeil.

- Calme toi mon chéri, ça va, me murmure ma mère en caressant mon dos.

Je sais que je l'ai à nouveau réveillé. Je sais aussi que mon beau-père doit remuer dans leur lit en se demandant si il doit nous rejoindre ou s'il doit faire semblant de dormir pour échapper à ce triste épisode. Mais un léger "hum" fait reculer ma mère et Kevin entre dans ma chambre. Ses mains tremblent et il est indécis. Je le sais, je reconnais tous ses tics. Je m'écarte de ma mère et sèche mes larmes. On est le 15 janvier, mais depuis le début de l'année, comme l'année dernière, je n'ai presque pas dormi. Mon beau père s'avance vers moi et timidement, il entoure mes épaules de ses bras. Il fait des efforts. Mes insomnies les empêchent d'avoir une véritable nuit aussi. Elles nous empêchent d'avoir une vie normale.

Mes parents restent avec moi pendant plusieurs minutes, juste le temps que je me calme. Puis, ils retournent se coucher alors que je reste éveillé, assis dans mon lit. Je me frotte les yeux et je passe mes mains dans mes cheveux blond. J'inspire calmement en appuyant sur le bouton de ma lampe de chevet. La lumière clignote et finit par s'allumer. Je n'aime pas le noir, j'ai horreur du noir. Le noir est une couleur annonciatrice de la mort, de l'horreur et de la torture. Pourquoi je pense ça ? Parce que le noir a toujours été la couleur de mes cauchemars.

Je m'allonge sur le dos dans mon lit et j'attend que le temps passe. Je ne sais pas quoi faire mise à part attendre. Je me doute que j'aurai une sale tête au lycée mais si j'ai le malheur de fermer les yeux, ça recommencera. Et je réveillerai à nouveau mes parents. Alors je chante dans ma tête mes chansons favorites. Je me répète mes cours. Je repense à la soirée qui arrive. Je réfléchis sur la tenue que je porterai pour le mariage de mes parents. Je me remémore mes moments passés avec mes amis. Jusqu'à sept heures.

Mon réveil sonne et je l'éteins d'un seul coup. Je me redresse et me rend directement à la salle de bain. Je passe devant la chambre de ma mère et j'entend mon beau-père râler.

- Putain, j'ai presque pas dormi. J'ai vérifié toute la soirée si il dormait Anna, je ne sais pas quoi faire de plus.

Ma mère lui répond d'une voix plus basse et je ne comprend pas un traitre mot. Tant pis, je vais à la salle d'eau et me douche rapidement. Kevin, mon beau-père, est protecteur envers moi. Hier soir, je l'entendais entré dans ma chambre pour vérifier que je dormais. Il a fait ça jusqu'à minuit. Et en remerciement, je le réveille à quatre heures. Super le fils. Mon père biologique a quitté ma mère quand j'avais cinq ans. Celle-ci ne s'est pas démontée, elle a énormément travaillé pour que l'on vive dans des bonnes conditions. Jusqu'à ce quelle rencontre Kevin. Elle me l'a présenté à l'âge de mes huit ans. Je l'ai de suite apprécié. Il est grand, blond avec un regard océan. Un tatouage lui mange tout le bras et un autre son omoplate gauche. J'ai toujours trouvé sa trop cool. Ma mère moins, mais elle leur a trouvé un charme. La première journée que j'ai passé avec Kevin était au zoo. Ma mère tenait à ce que l'on apprenne à se connaître. Et en le voyant faire le pitre, dire des blagues nulles mais drôles, j'ai compris pourquoi ma mère l'aime : ce n'est pas un homme prise de tête, il vit au jour le jour. Je n'ai jamais pu l'appeler "papa" mais je le considère comme tel.

- Tom, bouge ton cul ! Moi aussi j'aimerai prendre ma douche chaude ! hurle la voix de Kevin.
- T'inquiète pas, je vais sortir !

Je l'entend grogner des paroles pas très gentil alors que ma mère rigole derrière la porte. Je ne suis pas insolent, j'aime juste le taquiner et l'embêter. Au départ, ma mère ne me laissait pas lui parler comme cela mais Kevin a fini par lui dire que c'était normal, que je cherchais à le pousser à bout. Sauf que je n'ai jamais osé aller trop loin, je le respecte beaucoup trop. Et ma mère l'a compris, elle a donc laissé tomber. J'éteins l'eau et je sors en m'entourant dans une serviette. Je me sèche rapidement alors que Kevin toque une nouvelle fois. J'enfile simplement mon caleçon et ouvre la porte en m'appuyant contre le mur.

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