Partie 20

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- Mardi, onze heures et quelques.

-Ce matin, en arrivant, Steven n'était pas avec nous. Il était avec un mec qu'on déteste, normalement, je commence à expliquer en lançant un regard en biais à Steven. Son nouveau pote, Henry, je crache et le père de Steven écarquille les yeux, a dû lui monter la tête contre nous car il a commencé à nous dévisager, à se foutre de nous. Au départ, on a rien dit, on a préféré l'ignorer ou l'oublier, on s'en tape. Sauf qu'en rentrant en cours, il a recommencé à me saouler. Il m'a insulté mais Brian est arrivé avant que je lui fasse bouffer le sol, je balance en grognant et chaque adulte se tend dans la salle. À la récré, il nous a à nouveau mal regarder et avec son nouveau connard de pote, ils se sont encore foutu de nous. On a, encore une fois, fermé nos gueules. Sauf qu'au lieu d'aller en cours, je me suis cassé à dix heures derrière le gymnase pour me calmer, je passe sous silence l'engueulade avec Kevin et la prise de tête avec Jayce. Sauf que Steven a ramené son cul, il m'a insulté et j'ai pété les plombs quand il s'est mis à parler de moi et mon entourage, je dis en pensant à Aismé et ma soit disante relation avec Jayce. J'ai peut-être mis le premier coup mais il est allé trop loin.

J'aimerai détruire Steven et sa relation avec ses parents. Mais je ne le fais pas, je passe sous silence les horribles choses qu'il m'a dite. C'est mieux pour lui et pour mon mental. Mais un jour, je lui ferai regretter ses paroles, c'est juré. Ma mère presse ma main et Kevin hoche la tête. Il est conscient que je suis en train de bouillir et qu'au fond, j'aimerai simplement refaire le portrait de mon ancien pote. Je tente un regard vers Jayce et il s'est redressé, prêt à parler. Il se tourne lui aussi vers moi et son petit sourire malicieux refait surface. Bordel, je me sens beaucoup mieux là. Je ne m'étais pas rendu compte que je stressais à l'idée qu'il perde les pédales. Mais il est redevenu le petit malin que j'ai rencontré. Il hoche la tête quand je hausse un sourcil, voulant être sur de ce qu'il ressent. Il est prêt à parler et je vois la détermination qui l'anime dans son regard. Ça fait du bien de le voir envieux de cette sorte, de voir qu'il veut vraiment s'expliquer et démontrer à quel point cette histoire est surfaite et complètement tarée. Je croise juste les doigts, j'espère qu'il ne dira pas une connerie de travers. Son père, lui, me fixe intensément comme si il essayait de lire en moi. Un frisson passe le long de mon échine, son regard me transperce. Je lance un sourire à Jayce pour lui dire que je suis avec lui. Son père a alors le regard qui se voile. Et là, je me sens mal. J'ai l'impression qu'un poids se pose dans mon estomac. J'expire tandis que Kevin donne la parole à Jayce. Même lui a l'air un peu plus détendu, comme si la tempête est passée. Comme si j'étais la tempête et que je n'avais pas tout détruit. Il ne sait pas ce qui attend Steven au tournant alors.

- Pourquoi tu y es allé ? Et comment as-tu su où il était ? le questionne Kevin et Jayce hausse les épaules.
- C'est à cette endroit qu'on s'est à peu près bien parler pour la première fois, il ricane en passant une main dans ses cheveux ébouriffé. Je me doutais qu'il y allait déjà avant pour se calmer car il avait l'air de connaître le lieu, vu ce que lui a dit le surveillant ce jour où il nous a surpris, sa voix est calme et lente comme pour faire entrer chaque mot qu'il dit dans le cerveau de toutes les personnes présentes tandis que je repense à Victor. J'ai quitté le cours en voyant qu'il ne venait pas et je m'y suis rendu rapidement. Je les ai trouvé en train de se battre. Steven m'a alors insulté à mon tour, sans aucune raison. Et il s'est foutu de moi, puis de Tom. J'ai, à mon tour, pété un câble et j'ai enfoncé mon poing dans sa tronche, il grogne en lançant un regard mauvais à Steven alors que son père a un sourire mauvais. Sauf que ça a dégénéré et on s'est tapé dessus comme des gamins.

Ses derniers mots me font pouffer mais le regard noir de Kevin m'arrête vite. Je baisse la tête et me mords la langue pour m'empêcher d'éclater de rire. Comme des gamins, c'est vraiment la seule excuse qu'il a trouvé ? On n'est vraiment pas crédible et on le sait tous les deux. D'ailleurs, le regard qu'il m'envoie juste après me le fait bien comprendre. On a l'air de deux gamins pris sur le fait. Et c'est exactement le cas. Mais on assume nos gestes et nos dires comparé à tous ces gosses qui se dégonflent et baissent la tête en traînant des pieds, les épaules voûtés comme pour se faire excuser. Non, nous on gardait la tête haute et on restait droit et fier. Parce qu'après tout, est ce que quelqu'un excuserait notre comportement ? Certainement pas, alors autant assumer et faire face à la sentence.

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