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Partie 52

-Dimanche,12h 30.

Le bras de ma mère autour du mien, on se dirige lentement vers le restaurant où Kevin a déjà pris place. À travers la vitre, on l'aperçoit, tête appuyé contre la main, tapotant sur la table.

- Un véritable enfant, soupire ma mère et je ricane.

- Et après, ça me critique, je rajoute et le clin d'œil qu'elle m'envoie me fait rire un peu plus.

Dès qu'il nous voit, un soupire s'échappe de ses lèvres et on se presse de le rejoindre. Sa main passe tendrement dans les cheveux de ma mère et il lui embrasse la joue avant de venir secouer ma chevelure. Aucune délicatesse, j'ai l'impression qu'il m'a dévissé la tête du reste de mon corps. Rapidement, la conversation va bon train et ils m'interrogent sur ma soirée d'hier avec le père de Jayce. Un sourire vient immédiatement s'étaler sur mon visage : c'était simplement extraordinaire.

- Il est sympa au final, déclaré-je en attrapant ma fourchette quand la moussaka est enfin devant moi. Et puis, il approuve mon couple alors bon, c'est qu'il n'est pas aussi horrible que je le pensais.

- Tu sais, certains parents jouent double-jeu pour faire croire que...

- Le démoralise pas, gronde Kevin en venant à ma rescousse alors que je vire au blanc. Ça m'étonnerait vraiment qu'il soit comme ça !

- Et si c'était vrai ?, m'inquiète-je rapidement en sentant toute ma joie disparaître. S'il faisait semblant simplement pour ne pas blesser son fils ? Pareil, il me déteste et...

- Stop, tu te fais des films, rouspète Kevin, tentant vainement de rattraper les mots de ma génitrice. N'imagine rien, tu verras bien avec le temps, sourit-il plus doucement et je lui rends, bien qu'incertain. En attendant, parlons de tes études futures...

Je grimace soudainement. Pourquoi veulent-ils absolument parler de ça ?On a autre chose à rattraper... Pourtant, ma mère semble emballer à l'idée de savoir ce que j'aimerai faire. Or, je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas de passion, je ne peux pas reprendre la boxe avant un bon moment et la seule chose qui aurait pu me plaire, j'en ai été dégoûté il y a huit mois. Rien ne m'intéresse. Je soupire en glissant un morceau de mon repas dans ma bouche. Mes parents décident alors de me trouver une voie. Plusieurs idées en ressortent mais la plupart du temps, je refuse. Littéralement. Est-ce qu'ils me voient réellement devenir dresseur de dauphins dans des parcs aquatiques ?Ou même éleveur d'abeilles ? Et puis, pourquoi cet attachement aux animaux ? Je roule des yeux devant l'énième proposition de ma mère : prof de musique. De pire en pire. Je n'ai aucun talent musical. Et elle le sait mieux que personne.

- Rappelle-toi la fois où il avait dû interprété une chanson de Goldman à son entrée au collège. Un gros carnage. Seulement douze ans, et il avait rendu sourd quasiment trois cents parents, pouffe Kevin alors que je rougis.

- Tu es mauvais là, ce n'était pas aussi...

- Oh oui, tu as raison ! Ça avait été désastreux, me coupe ma mère, les yeux comme des soucoupes. Non, il ne faut vraiment pas que tu deviennes prof de musique. Mais alors quoi ?...

Je secoue la tête, la laissant se triturer les méninges. En réalité, j'aurai aimé bosser dans la mécanique ou dans l'art. Mais comme pour la musique, c'est une catastrophe : pas un gramme de talent artistique et l'unique fois où j'ai voulu aider Kevin à réparer sa caisse, j'ai réussi à me couper et ai failli lui briser un bras. Tout en avalant un bout de mon gâteau au chocolat, je tente de réfléchir aussi. Mais rien ne me vient. Je vais finir chômeur professionnel. C'est une super idée. Et pendant ce temps, Jayce deviendra prof de surf : le cliché parfait de l'Australien canon. Je rigole tout seul et mes parents me jettent un regard de biais.