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Partie 37

- Mardi, début d'après-midi.

Tout en sortant du lit, je rouspète contre mille et une idées qui s'insinuent dans mon esprit. Je n'ai pas envoyé de message à Jayce, j'ai bien vu qu'il était perturbé hier. Même si il ne m'a rien dit, je ne doute pas qu'il est un problème. Et je suis blessé d'être autant mis à l'écart. Il doit sûrement avoir une raison mais je l'ai dans la peau et je ne désire pas qu'il s'éloigne, qu'il instaure une distance. Parce que j'ai besoin de lui, et qu'il a besoin de moi. Je soupire et caresse du bout des doigts le pansement qui bloque ma respiration quand j'inspire trop fort. Kevin entre soudainement dans la chambre, le regard fermé et les lèvres pincées. Mes sourcils se froncent alors qu'il tient la porte ouverte, me jetant un regard à la volée.

- On y va, tu te dépêches ?

Sa voix froide et distante me donne un frisson glacial et je serre les dents. Il s'est passé quelque chose. Je passe à côté de lui, tête baissée alors que la porte se referme derrière nous. Le médecin est déjà passé et je suis interdit de sport jusqu'à la fin de l'année. Il m'a donné plusieurs recommandations et m'a ordonné plusieurs autres choses que j'ai écouté d'une oreille distraire. Je sais que j'ai merdé, réellement. Mais je n'arrive pas à m'en vouloir : ce connard était là. Je descends les escaliers, mon beau-père dans mon dos et le silence nous englobe. C'est inquiétant, vraiment. Je marmonne dans ma barbe, grognant des injures alors que mon téléphone vibre. Je le sors et souris face au message de mon petit-ami, toujours envoyé du téléphone d'Alice.

"Trésor, je n'ai pas reçu de message : tu sors quand ?"

"Passe à la maison ce soir, ce sera plus intelligent que de louper des cours."

"Idiot, tu me manques."

"Crétin, à ce soir."

Il ne répond pas et je souris un peu plus. Quel enfant celui-là. Mais il ne peut plus se permettre de louper des cours pour moi ni de se mettre dans le pétrin. Pour ma part, je m'en fiche, mes parents comprennent mais lui, je n'en suis pas aussi sur : son père a l'air assez dur. Je range à nouveau mon téléphone et on sort de l'hôpital. Je suis Kevin qui n'a toujours pas lâché un mot jusqu'à la voiture. Il entre, claque la porte puis démarre. Je m'installe aussi à l'intérieur et baille. Ma nuit a été coupé à plusieurs reprises : la douleur s'est à nouveau réveillée. Je frotte vigoureusement ma main contre ma mâchoire et je souffle bruyamment. Kevin sursaute alors et il se frotte la nuque, gêné tandis que la voiture s'élance dans la circulation. Ses joues rougissent puis ses yeux virent au noir, la colère s'insinue lentement dans ses bras, son visage et je finis par lire une rage sans pareille. 

- Explique-moi ce qu'il y a, je lui demande en me calant plus confortablement car mon torse me tire.

- On s'est pris la tête avec ta mère, elle a voulu prendre des choix qui n'allaient pas te plaire et j'ai tenté de l'en empêcher. Et elle m'a reproché de ne pas être ton père, crache-t-il en serrant fortement le volant. Je le sais très bien que je ne suis qu'un père de substitution mais merde à la fin. Je t'ai toujours tout donné comme si tu étais mon propre fils, mon propre sang et là, c'était blessant. Comme si je n'étais strictement rien au final. Qu'un mec qui devait être là pour te féliciter lors de ta première cuite et t'amener des cigarettes en douces. Ça m'énerve putain !

Je sursaute en attendant la haine dans sa voix. Il en veut à ma génitrice et je le comprends. Car moi aussi. Non, il n'est certainement pas mon père génétique mais c'est tout comme dans mon cœur. Il est devenu celui qui m'a laissé. Sa place en moi est d'une importance inimaginable et je ne pourrait pas le perdre. Il m'accompagne depuis tellement longtemps que je ne le laisserai pas m'échapper. Il m'a vu grandir, il m'a apporté beaucoup plus que j'aurai pu le penser alors aujourd'hui, de le voir aussi démuni après les mots affreux de ma mère, ça me blesse aussi. Je ressens sa souffrance, je ne la comprends que trop bien. Elle a dépassé les bornes, et je suis convaincu qu'elle le sait.