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Partie 36

-Lundi après-midi, Jayce.

Je sors de l'hôpital et rejoins mon père dans sa voiture. Le temps que je m'attache, il a déjà quitté le parking et il s'introduit dans la circulation.

-Il va comment ? sa voix me fait sursauter et je hoquette.
- Je... Ouais, il va bien, je lui réponds en fronçant les sourcils. Il a mal et ne peut pas trop bouger mais ça va.
-D'accord. C'est bien, il sourit discrètement et soupire en tournant à droite. Tu sais, je n'ai pas forcément envie que tu y ailles mais tu y es obligé.
-Je sais papa, je marmonne entre mes dents, la haine au ventre. Je le sais.

Alors qu'il se gare à nouveau, je regarde l'insigne qui s'étale sur l'établissement. Police national. Je glisse lentement ma main dans mes cheveux, histoire de me recoiffer, et sors de la voiture. J'ai la boule au ventre. Je sais à quoi je vais devoir faire face et je n'y tiens pas. Mon passé me fait peur alors s'il ressurgit d'un seul coup, comme maintenant, je ne sais pas si je vais réussir à le gérer. Et à ne pas m'effondrer à nouveau. Mon père passe une main rapidement sur mon épaule puis part à grand pas vers l'entrée du bâtiment. Il n'a jamais été très démonstratif, même après la mort de maman mais je sais qu'il sera toujours là pour m'épauler. Il n'est pas mauvais au fond, il ne veut juste pas que je finisse comme lui, il ne veut pas que je fasse les mêmes erreurs. Et je le comprends. J'inspire un coup et marche sur ses pas. Mes mains tremblent, mon cœur se serre en pensant à ce qu'il pourrait être dit, à ce que je pourrais dire.

À la réception, un jeune homme nous sourit et nous indique le chemin à prendre pour rejoindre celui avec qui nous avons rendez-vous. Mon père est livide, lui aussi voit le passé faire surface et tout balayer d'un revers. La main levé, je le regarde hésité à toquer à la porte. Il tremble et ça me fait peur. Littéralement. Je serre mon poing, j'aurai aimé avoir Tom avec moi. Mais non, il ne doit pas savoir tout ça, il ne doit rien découvrir... Je lui ferai peur, il me fuirait... Je secoue la tête tandis que mon père frappe à laporte. Ses yeux me regardent furtivement, comme pour être sur que je ne le laisse pas seul. La porte s'ouvre sur un homme mince et grand. Ses lunettes rectangulaires lui donnent un air d'ange. Il nous serre la main tout en nous invitant à entrer. Je déglutis en voyant mon père se figer. Comme s'il avait vu un fantôme. Je passe à ses côtés et mes yeux se déposent sur cette femme. Sa femme à lui. Elle se lève, les larmes aux yeux. Ses mains se tendent vers moi mais je recule précipitamment.

-Mon petit Jayce, sanglote-t-elle, je suis désolée... Tellement...
-Ne l'approche pas, grince mon père en s'interposant. Si tu poses un doigt sur lui Hélène...
-Calmez-vous, tonne alors la voix du sergent. Prenez place et nous allons discuter de tout ça.

Mon père tire une chaise et me force à m'asseoir dessus tout en s'installant entre Hélène et moi. Son visage a pris quelques rides mais il est toujours aussi fin et agréable à regarder. Ses cheveux blonds ont été coupé au carré et ses yeux verts sont autant intenses qu'avant. Je détourne les yeux de son profil et frotte mes mains contre mon jean. La présence de mon petit-ami me manque.

-Bon, Madame est arrivée hier matin, et nous l'avons convoqué pour pouvoir mettre au clair certains points. J'aimerai être sur d'une chose que m'ont dit ces messieurs, votre mari est toujours en fuite ?
-Oui, et je n'arrive pas à le joindre ! Il faut qu'il rentre à la maison, il n'a rien fait, il était juste un peu...
-Quoi ? je m'entends hurler en me redressant d'un bond sur ma chaise. Il n'a rien fait ? Mais tu te fous de moi ? Il a tout détruit ! Il a décidé de tout ruiner ! C'est un monstre, un enfoiré, un mec qui devrait crever bordel !