Partie 3

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- Toujours mercredi.

La cloche sonne et aucun élève ne bouge. Je suis toujours devant le tableau. Je pose le stabilo et les feuilles sur le bureau et attends le verdict de mon démon de professeur.

- Le problème Tom, c'est que tu n'es pas un mauvais élève. Tu essayes juste de te faire remarquer, déclare-t-elle et je me marre silencieusement. Tu obtiens un 15/20. J'espère que je n'aurai pas à te refaire passer au tableau et que tu viendras à l'heure les prochaines fois. Vous pouvez sortir.

Les élèves se lèvent comme un seul homme en soufflant et je retourne à ma place récupérer mes affaires. Je suis plutôt fier : avoir un quinze à un contrôle oral surprise, ce n'est pas courant. Émilie se fout de moi alors que Brian et Matt m'applaudissent. On sort du bâtiment, notre journée est terminée. Je finis à seize le mercredi pour commencer à dix heures le vendredi. Ça me va bien. On retourne alors au café en bande. Les filles nous commandent des boissons pendant qu'on va au baby foot. Steven est rentré chez lui alors je me mets avec Matt contre Brian et Jayce. Ça risque d'être une bonne partie. Brian envoie la balle au milieu et je défends mes cages alors que Jayce est attaquant. Il tente plusieurs manipulations qui foirent à chaque fois. Je renvoie la balle à Matt qui attaque les cages de Brian. Il marque alors et on se tape dans la main.

- On commence à peine, ricane Brian. On va vous mettre la raclée de votre vie.
- Ça dépend, je lui dis. Mon bouffon est peut-être nul à chier, je déclare en regardant Jayce avec moquerie.
- Je suis un boss à ce jeu. Alors fais gaffe à tes cages et ton cul, tu pourrais avoir mal, me dit ce dernier avec un sourire diabolique.

On démarre à nouveau et le résultat est sans appel. 10-4 pour nous. Je tiens à préciser que Jayce est vraiment nul à ce jeu. Brian râle en prenant place à côté d'Émilie qui parle avec Alice et Sonia. Jayce est mort de rire alors qu'il vient de se prendre une branlée mémorable et Matt nous fait la danse de la joie. Je le rejoins et on se met à trémousser nos fesses en rythme alors que la serveuse se moque de nous. Ça en devient honteux nos comportements. Elle ne nous oubliera pas. Émilie me tend ma boisson, du thé glacé et je pars m'acheter un muffin au chocolat. J'ai faim. J'en prends un pour Émilie et Sonia aussi. Les autres se démerderont. Alors que la serveuse me rend la monnaie, Jayce apparaît à côté de moi et demande une tartelette au citron. On ne se regarde pas. L'épisode de sa crise n'a pas été oublié, c'est une certitude. Alors que la serveuse me rend mes pièces et part chercher la tartelette à Jayce, ce dernier prend la parole.

- Pour toute à l'heure, commence-t-il. Merci de m'avoir sauvé la peau. Et d'avoir tout pris sur ton dos. C'est cool.
- Pas de soucis, je murmure et je commence à partir mais il me retient par le bras.
- Et pour ce qu'il s'est passé...
- Je m'en tape, je le coupe. Tu n'as pas à m'en parler si tu ne veux pas. C'est ton choix, ta vie. On vient à peine de se rencontrer alors je ne m'attends pas à ce que tu me déballes ta vie et que je fasse de même alors qu'on s'est tapé dessus hier. Que je t'ai tapé, je me rattrape en le voyant hausser un sourcil.
- Tu as raison.

Il me tourne le dos et paye alors que je rejoins notre table. Je donne les muffins aux filles sous les râlements des garçons et j'attaque le mien. Jayce s'assit face à moi et me dévisage en mâchant sa tartelette. Quoi encore ? J'ai rien fait pour une fois !

- Qu'est ce qu'il y a ? je demande en croquant mon muffin.
- Je ne sais pas. Les gens normaux auraient demandé ce qu'il s'était passé mais toi non. T'en as rien à foutre.
- Ce n'est pas comme ça qu'il faut le prendre, je souffle. J'ai juste dit que c'était ton choix de m'en parler ou non. Je ne suis pas friand des infos sur la vie des gens sans les connaître. C'est à eux de m'en parler de leur plein gré.
- Et en plus, rajoute Émilie. Tom est une personne de confiance. Il ne balance pas, il ne partage pas ce que tu lui dis. Ça reste entre toi et lui et le silence. Alors que certains vont tout raconter aux autres, lui il fait le serment de brûler en enfer si il dit quoi que ce soit.
- C'est tellement vrai, rigole Matt. C'est surprenant à quel point il peut être comme un journal intime ce mec.
- Bon ça va, on a compris, je ris alors que mes joues prennent une teinte rouge. Je suis juste un ami sincère les gars. Pas plus ni moins.
- Mec, tu es un des meilleurs potes qu'on peut avoir ! déclare Brian et Sonia hoche la tête.
- Ta prochaine petite-amie aura beaucoup de chance, soupire Émilie en me faisant un clin d'œil.
- Peut-être mais pour l'instant, j'aime ma liberté, je crie en écartant les bras.

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