Partie 39

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- Mardi soir.

Dans la voiture, mon sac à mes pieds, je chante avec Jayce les chansons qui passent à la radio. Nous arrivons rapidement chez Alice qui nous attend dehors, une couverture sur les épaules. Jayce grogne en sortant de la voiture tandis que je le suis, mes affaires sur l'épaule. Son regard noir se pose sur sa cousine et elle hausse les épaules, indifférente à son mépris : c'est sur qu'avec une petite couverture comme elle a, elle ne doit pas avoir très chaud. Les bras de la jeune fille s'enroulent autour de moi quand je lui fais face et elle pose ses lèvres sur ma joue.

- Tu te sens comment ? Bien ? Mal ? ses doigts triturent mon visage, le tournant dans tous les sens. Tu as besoin de quelque chose ?

- Arrête, je vais bien, je ris alors que Jayce roule des yeux, nous poussant dans l'appartement de sa cousine. Encore un peu fatigué mais ça va mieux.

- D'accord. Je pars dans dix minutes, mais vous m'appelez au moindre problème !

- Quoi ? je me tourne vers elle, les sourcils froncés. Tu ne passes pas la soirée avec nous ?

- Non, je dors chez Émilie, Jayce ne te l'a pas dit ?

- J'ai oublié de lui dire, marmonne Jayce en se posant dans le canapé du salon. Mais ça change rien, non ?

Le regard qu'il me lance me signifie de ne pas râler. Alors je secoue la tête, indiquant que ça ne pose aucun soucis. Ce qui est totalement vrai : nous allons être seuls toute la soirée et la nuit. Quoi de mieux ? Nous avons besoin de nous retrouver. Et de parler. Il va être temps qu'il me parle ; même si je n'aime pas forcer mes amis à me raconter leurs problèmes, je les y oblige quand je vois que leur santé entre en jeu. Et c'est exactement ce qui arrive à mon petit-ami. Je ne compte pas le laisser dans ce silence pesant qui l'entoure. Il va devoir sortir de sa coquille et me parler.

Alors qu'Alice prépare ses affaires dans sa chambre, Jayce m'attrape délicatement la main et je m'assois à côté de lui. Ma tête se pose sur son épaule alors qu'il caresse ma taille, un bras derrière mon dos. Ses lèvres embrassent mon front et je soupire de bien-être. J'ai abandonné mon sac près de la porte d'entrée et tout en roulant des yeux, je me lève pour le récupérer. Jayce me suit des yeux, les sourcils haussés. Je sors une boîte de médicaments où je prends une petite pilule. Alors que je l'avale, Alice revient, sac au bras et elle dépose un baiser sur nos fronts.

- Allez les gamins, je m'en vais ! Ne faites pas de bêtises et vous m'appelez au moindre problème, promis ?

- Promis, souffle Jayce en s'enfonçant dans le canapé, bras croisés. Mais on est pas des gamins, merde, rajoute-t-il à voix basse.

- Ne t'inquiète pas Alice, je frappe discrètement Jayce qui marmonne des trucs intelligibles et souris à sa cousine. On ne mettra pas le feu à ton petit appartement.

- J'espère bien oui, sinon tu auras à faire à son père, et il est flippant ! Bisous les garçons !

Elle s'empresse de sortir en ricanant alors que je reste paralysé. Son père. Il m'a toujours fait peur depuis que je l'ai vu. Et Alice en rajoute une sacrée couche. Jayce me regarde, attendant une réflexion mais je n'arrive pas à débloquer. Son père est vraiment si monstrueux que ça ? Il est autant cruel que ce qu'elle me raconte ? Jayce n'a pas l'air d'avoir tant de problèmes que ça avec son père même si il l'avait terrifié le jour où nous avons fini dans le bureau de Kevin. J'inspire et mets de côté toutes ses pensées. Je me tourne vers Jayce qui attend toujours. Ses yeux sont posés sur moi, ils me regardent, me découvrent et s'arrêtent sur mon torse. Quand il relève ses pupilles, il réalise que je souris tout en l'observant. Ses joues s'empourprent et il se penche lentement vers moi, ses lèvres proches des miennes. Ses mains sont toujours croisés et je n'ose pas bouger les miennes. Il me tétanise, son regard m'envoûte et je commence à fondre. Nous ne nous étions jamais retrouvés dans cette situation : tous les deux, en couple, plein d'amour et d'affection et surtout, autant envieux l'un de l'autre. Et de ne pas savoir ce qu'il peut se passer me fait frissonner d'impatiente.

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